Et nous partons. Tous les deux ensemble pour la première fois.

En silence nous traversons la ville puis nous prenons une rue qui mène vers le désert. Les demeures qui nous entourent sont assez luxueuses. Et la voiture ralentit à l'abord d'un haut mur percé de moucharabiehs.

Comme Khalid m'avait expliqué que nous vivrions dans son appartement pendant le voyage , je suis assez surprise lorsque nous passons sous une arcade pour nous approcher d'un groupe de bâtiments très anciens, ocre pour certains, qui pour moi doit être la résidence, ou plutôt le palais de son père.

― Où allons-nous ?

― Chez mon père.

― Vous avez parlé d'un appartement !

― Tu as parlé... Il sera plus simple de nous tutoyer. Le vouvoiement me paraît un peu... obsolète dans un couple. Avec mon frère nous avons décidé, il y a quelques années, de transformer l'ancien harem, qui ne servait plus à rien depuis fort longtemps, en trois appartements. Nous occupons chaque côté et celui du milieu est réservé aux invités, ou à notre cousin.

― L'ancien harem !

― Oui, mon arrière-grand père ne l'utilisait déjà plus. Donc comme cela faisait un certain nombre d'années qu'il ne servait plus à rien, nous en avons fait notre lieu de vie. Kassem partage sa vie entre le désert, où il possède une oasis, et ici. Pour ma part, je possède aussi l'appartement du Caire dans lequel nous avons fugacement résidé hier soir. Nous y reviendrons la semaine prochaine, et tu pourras ainsi le découvrir plus amplement. Nous avions aussi envie de laisser notre père tranquille au palais, et puis nos petites sœurs sont adorables, mais parfois envahissante. Elles viennent nous voir, mais ici elles frappent !

― Je vois.

― Enfin, nous ne resterons que peu de temps au Caire. Les prochains mois j'ai des affaires à régler avec mon père.

― Pourquoi ?

― Mon père commence à partager ses biens. Alors nous devons régler cela avec mon frère. Sans compter qu'il faut que nous gérions aussi les parts que vont recevoir nos sœurs.

― Elles vont recevoir des parts ?

― Bien sûr ! Jihane sera majeure l'année prochaine. Et cela leur permettra aussi une indépendance financière lorsqu'elles se marieront. Leurs maris n'auront aucun droit dessus. Mon oncle a fait la même chose avec mes cousines.

La voiture s'arrête dans un immense garage où beaucoup de véhicules de toute sorte se trouvent. Avec surprise j'en aperçois une très différente de par sa taille et sa simplicité. Bleu marine et de marque française.

Comme il remarque que je m'attarde un moment dessus, il me demande :

― Qu'y a-t-il ?

― Rien, je me demandais juste à qui appartenait cette voiture, car elle est...

―... plus petite que les autres, c'est cela ?

Son ton est assez amusé lorsqu'il énonce cette question.

Je hoche la tête.

― C'est celle d'Annie. Kassem la lui a offerte avant le mariage. Il savait qu'elle ne voudrait pas d'une plus sportive.

― Ah, d'accord !

― D'ailleurs tu as le permis ?

― Non, mon beau-père n'a jamais voulu. Mais j'ai parfois conduis un peu, en cachette.

― Tu pourrais peut-être le passer ?

― Ce serait possible ?

― Oui, même si Djamel et Mourad, nos deux chauffeurs sont à ta disposition, ainsi que moi-même. Toutefois tu apprécierais peut-être de pouvoir de déplacer à ta convenance. Enfin, tu décideras si tu veux le faire. Cela ne s'apprend pas en un jour !

Sous le sable, le bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant