Chapitre XXII

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  "Celui qui se perd dans sa passion perd moins que celui qui perd sa passion".  St-Augustin

Mon père était dans le coma.

Pourquoi étais-je en cours aujourd'hui ? J'aurais pu rester à la maison.

Compte tenu des circonstances, mon absence aurait été amplement justifiée.

Mais au lieu de cela, j'étais dans la classe d'éducation sportive, à courir derrière une balle pour une équipe dont je faisais à peine partie. Et quand bien même ! Cela n'avait guère d'importance, que je sois remplaçant sur le banc de touche ou titulaire. L'équipe de Soccer était bien le dernier de mes soucis.

J'avais compté sur un changement d'environnement pour me changer les idées, pour m'empêcher de penser à mon père allongé sur un lit.

Mais mon esprit était trop embrouillé. Je n'arrivais pas à me focaliser sur autre chose. Mon corps agissait comme une machine sur pilotage automatique.

Le jeu, la maison abandonnée. Je cherchais un élément dans la banque de souvenirs, un une chose que j'aurais pu manquer et qui pourrait donner du sens à tout ce que je vivais.

J'ai intercepté une balle, je l'ai amortie avec ma poitrine et je l'ai relancée à Olivier, un élève de ma classe.

J'étais face à un dilemme. Je pouvais donner ce maudit jeu, et même m'en débarrasser ; en faisant ainsi, tout pourrait revenir à la normale et je ne serais plus un aimant à ennuis. Ou bien, je pouvais accepter le défi de la stèle.

Alors, les choses iraient de mal en pis, car je serais une cible à abattre pour Elistar.

Mais dans tout cela, la question qui m'obsédait le plus était : qu'allait devenir mon père si je refusais le défi et renonçait aux pouvoirs de mon jeu. Syllid avait évoqué la possibilité de guérir mon père. Mais avait-elle raconté la vérité à propos du jeu ?

David, un élève d'une autre classe, m'a fait une passe. J'avais la balle au pied alors que deux élèves me fonçaient dessus.

Pas le temps de jouer. J'ai frappé la balle avec force et rage, sans vraiment regarder là où je visais.

Le ballon a heurté la tête de Ray. Sous l'impact, le garçon est tombé à terre.

Le coup de sifflet a retenti.

Deux élèves étaient penchés sur Ray et l'aidaient à se relever. Il était sonné et il avait du mal à se redresser. Une fois debout il a dardé un regard assassin dans ma direction.

Mais je n'avais pas peur. Pas après ce qui m'était arrivé. De plus, Thomas et Paolo étaient absents. Ray ne m'impressionnait pas.

Le professeur est allé vérifier son état puis s'est précipité vers moi.

— Qu'est-ce qui t'a pris ? M'a-t-il hurlé dans un éclat de postillons.

— Désolé, je n'ai pas fait exprès, ai-je dit.

Le professeur s'est pincé les lèvres et a caressé ses moustaches.

— Admettons que tu n'aies pas fait exprès. Il n'y avait strictement aucune raison de frapper la balle si fort. Tu étais trop loin des buts et ne me dis pas que tu voulais faire une passe !

— Je... je ne sais pas pourquoi.

Mais je le savais. Je n'avais rien à faire ici. Ma place était aux côtés de mon père. Pas à l'école.

Le visage du professeur s'est adouci.

— Bon, va te calmer dans les vestiaires, visiblement tu n'es pas dans ton assiette aujourd'hui.

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⏰ Last updated: Sep 04, 2016 ⏰

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