Orgueil et Préjugés [Dramione]

Chapitre 6

[ Non corrigé]

Les dames de Longbourn ne tardèrent pas à voir celles de Netherfield. La visite fut rendue en bonne et due forme. Les manières engageantes de Ginny plurent à Mrs Hurst comme à Miss Potter, et même si elles trouvèrent Mrs Granger insupportable et les deux jeunes sœurs indignes de leur conversation, elles témoignèrent aux deux aînées le désir de mieux les connaître. Ginny reçut ces marques d'attention avec la plus grande joie, mais Hermione, y voyant un certain dédain, même à l'égard de sa sœur, ne parvenait pas à les apprécier, quoique leur gentillesse envers Ginny fût sans doute influencée par l'admiration que leur frère lui portait. Il était évident qu'en toutes occasions Mr Potter admirait plus particulièrement Ginny tandis que, pour Hermione, il ne faisait aucun doute non plus que sa sœur lui témoignait une nette préférence depuis le début, et qu'elle ne tarderait pas à l'aimer pour de bon. Mais elle se disait avec plaisir qu'il était probable que personne ne s'en rendit compte, tant l'extrême sensibilité de Ginny allait de pair avec une tranquillité d'âme et un enjouement constant qui la protégerait contre les soupçons des impertinents. Elle confia cette pensée à Daphné Greengrass.

- Il peut sans doute être plaisant de donner le change en public, répondit Daphné. Mais c'est parfois un désavantage que de dissimuler ainsi ses sentiments. Si une femme met le même soin à cacher les élans de son cœur à celui qui en est l'objet, elle peut perdre un moyen de le retenir. Ce ne sera alors pour elle qu'une maigre consolation de se dire que les autres n'en sauront rien non plus. Il y a tant de gratitude ou de vanité dans presque toutes les histoires d'amour qu'il serait imprudent de ne pas s'en préoccuper. Au début, nous avons toute libertés et une légère préférence est chose naturelle. Mais rares sont celles parmi nous qui ont la force d'aimer sans qu'on les y encourage. Neuf fois sur dix, une femme ferait bien de montrer davantage ce qu'elle ressent vraiment. Ta sœur plaît à Mr Potter, c'est certain, mais il est possible qu'il en reste là si elle n'y met pas un peu du sien.

- Mais elle le fait autant que sa nature le lui permet. Si moi je m'aperçois du penchant qu'elle a pour lui, il faudrait qu'il soit idiot pour ne pas le voir aussi.

- Rappelle-toi, Herm', qu'il ne connaît moins bien que toi le caractère de ta sœur.

- Mais si une femme éprouve un sentiment particulier pour un homme et qu'elle ne cherche pas à le cacher, c'est à lui de le découvrir.

- Oui, peut-être, s'il la voit assez souvent. Mais, bien que Potter et Ginny se voient fréquemment, ils ne sont jamais très longtemps ensemble et, comme ils sont toujours au milieu de beaucoup de monde, ils ne peuvent pas passer leur temps à se parler. Ginny devrait donc profiter de chaque instant où elle a la possibilité d'attirer son attention. Quand elle sera sûre de ses sentiments, elle pourra alors l'aimer autant qu'elle le voudra.

- Ta stratégie est bonne, répliqua Hermione, lorsqu'il ne s'agit que du au désire de faire un beau marriage, et je dois dire que je l'adopterais moi aussi si j'étais déterminée à avoir un mari riche ou un mari tout court. Mais ce ne sont pas là les sentiments de Ginny: elle n'agit pas de manière préméditée. Pour le moment, elle ne sait pas si elle est vraiment éprise ni si ses sentiments sont bien raisonnables. Elle ne le connaît que depuis quinze jours. Elle a dansé à quatre reprises avec lui a Meryton; elle l'a vu chez lui. Ce n'est certainement pas suffisant pour connaître son caractère.

- Pas comme tu présentes la chose. Si elle n'avait fait que dîner avec lui, elle n'aurait guère pu juger que son appétit; mais tu dois te rappeler qu'ils ont passé quatre soirées ensemble, et quatre soirées, c'est beaucoup!

- Oui, ces quatre soirées leur ont permis d'apprendre qu'ils préfèrent tous les deux jouer au vingt et un plutôt qu'au commerce*; mais je ne pense pas qu'ils aient pu découvrir grand-chose de leur véritable caractère.