Chapitre 1

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Comme tous les matins depuis maintenant dix-huit ans, trois coups fermes résonnèrent dans l'immense pièce qu'était ma chambre. Une pièce bien trop grande à mon goût. Rose, domestique du manoir entra dans la chambre en faisant claquer ses talons sur le sol parfaitement nettoyé, réajustant brièvement sa jupe. Ses cheveux étaient, comme toujours, ramenés en un chignon stricte, et une paire de lunettes à la forme indescriptible glissait légèrement sur son nez. Aussi pâle qu'un cadavre, je me demandais souvent si elle avait déjà vu la lumière du jour. Elle se posta à côté de moi, et posa ses mains osseuses sur ses hanches qui ne se démarquaient pas du reste de son corps comme elles le devraient.

"Mademoiselle, il est temps de vous lever, annonça t-elle de sa voix peu supportable. Le petit déjeuner est servit.
-Mmh, j'arrive, dis-je en lui tournant le dos."

Je l'entendis parcourir le chemin jusqu'à la porte, puis la claquer. Rose était une femme qui avait été engagée il y a de cela bien des années par mes parents afin qu'elle puisse s'occuper de moi lorsqu'ils n'étaient pas là. Mais ils n'étaient jamais là, et Rose n'était pas franchement sympathique, passant son temps à me réprimander, et à faire des sermons ennuyants. Cependant, je me levais, sachant pertinemment que si je ne les faisais pas, j'allais m'attirer les foudres de la domestique. Vêtue d'un short trop court pour que je puisse le mettre en dehors de chez moi et d'un débardeur ayant perdu toute élasticité, je descendis les escaliers en manquant de tomber.
Dans la salle à manger aussi vide que d'habitude trônait un petit déjeuner composé d'une quantité grotesque de nourriture pour une seule jeune femme. Rose savait bien que je ne pourrais jamais manger tout cela, et que nous nous verrions donc dans l'obligation de jeter une quantité non négligeable de nourriture à la poubelle. Je n'étais pas du genre écolo mais c'était la moindre des choses.

Je devais aujourd'hui faire ma rentrée scolaire au lycée publique de la ville, bien que je pouvais largement étudier dans un des meilleurs établissements du pays, mais je voulais être une femme comme les autres. En fait, j'avais redoublé une année au collège, et je dois avouer que je l'avais fais volontairement afin détester aux côtés de mon amie, ce qui s'était avéré inutile puisqu'elle m'avait lâché pour un garçon.

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Mon petit déjeuner étant prit et ma toilette matinale terminée, je choisissais la tenue que je porterais aujourd'hui. Je pris entre mon pouce et mon index un chemise blanche à longues manches, ainsi qu'un pantalon serré de couleur noir. J'enfilais les vêtements, chaussais une paire de basket elles aussi blanches, et ajoutais une veste noire au-dessus de mon haut. Je saisissais mon fidèle Eastpak noir, mon téléphone portable ainsi que mes écouteurs et sortais de l'immense demeure sans prendre le temps de dire au revoir à Rose. Le vent se faisait déjà mordant, et me fit frissonner. La différence de température entre l'intérieur de chez moi et l'extérieur était époustouflant, mais je secouais la tête, ramenant ainsi les cheveux châtains clairs derrière mes épaules, et me mis à marcher vers l'arrêt de bus.
Sur le trottoir, un magnifique tapis de feuilles aux couleurs de l'automne jonchaient le sol, craquant sous mes pieds. Tête baissée, mains dans les poches, je m'amusais à faire voler quelques feuilles en donnant un léger coup de pied parmi elles. Le soleil pointait le bout de son nez, partiellement dissimulé par une épaisse nappe de brouillard donnant un aspect blanchâtre au ciel bleu.

"Belle journée", s'exclama une voix grave derrière moi.

Je me retournais, et détaillais un jeune garçon de mon âge, qui me fixais avec une lueur d'amusement dans ses yeux bleus.
Une mèche raide de ses cheveux bruns tombait sur son front.

"Tu vas au lycée Baldack ?
-Mmh.
-C'est de l'autre côté", déclara le jeune homme en riant.

Je relevais un de mes sourcils et le foudroyais du regard avant de faire demi-tour sans manquer de le bousculer d'un coup d'épaule. Je possédais déjà à l'époque une certaine fierté, et passais la plupart de mon temps à jouer les narcissiques, bien que je ne l'étais pas réellement. Du moins, j'espère. 
Une goutte de pluie s'abattit sur ma joue, et je levais les yeux vers le ciel, constatant qu'il allait pleuvoir à versé d'après la couleur si sombre des nuages qui grondaient là-haut. Puis ce fut un déluge qui se déversa brusquement sur moi, me trempant jusqu'aux os en moins d'une minute. Ma chemise blanche laissait désormais apparaître un soutien-gorge à armatures rouge simple, que je tentais vainement de dissimuler en croisant les bras sur mon buste, bien qu'il n'y avait encore personnes dans les environs. Un grondement de moteur gronda à ma gauche, et je sursautais légèrement avant de me tourner vers le véhicule qui s'était arrêté à côté de moi. La portière côté passager s'ouvrit, laissant entrevoir le visage du garçon de tout à l'heure penché vers moi, un coude posé sur le siège passager, et une main sur le volant.

"Aller, monte, s'exclama t-il. J'te ramène prendre d'autre vêtements chez moi."

Sans prendre le temps de décoder tout ce qu'il venait de dire, j'étais déjà monter dans sa voiture, et avais refermé la portière avec précipitation. Je sentais parfaitement bien le regard malicieux du jeune homme parcourir mon buste à découvert que je tentais tant bien que mal de cacher de mes bras et mes mains, et lui lançait un regard furieux qui le fit pouffer.

Nous arrivâmes devant une maison des plus banales qui soit, et à ma grande surprise, il arrêta le véhicule et sortit de la voiture avant de rejoindre en courant le palier de la maison. Je fis de même sans vraiment me poser de question.

"J'peux savoir c'qu'on fout ici ?
-Je t'avais dis que je t'emmenais chez moi pour prendre d'autres vêtements, m'expliqua t-il.
-J'vais pas prendrez  des vêtements de mecs, et je te connais même pas, répliquai-je.
-Giorgio Riggio, dix-sept ans, sexe masculin, 1m85, commença le dénommé Giorgio.
-Tu t'appelles Georges, sérieux ? dis-je en haussant les sourcils.
-Ne francise pas mon prénom, la version française me rend vieux, s'indigna t-il en balayant l'air d'un geste de la main.
-Ok, Georges." dis-je en entrant à mon tour dans sa demeure.

Il grimpa les escaliers deux à deux, après m'avoir ordonné de ne pas bouger de la serpillère sur laquelle j'étais postée afin de ne pas salir le sol carrelé. Moins de deux minutes plus tard, il revint en brandissant une chemise blanche semblable à la mienne, ainsi que le même pantalon que je portais, quoiqu'il me semblait plus moulant.

"Merci, dis-je en m'emparant des vêtements. La salle de bain ?
-Oh, tu n'te changes pas ici ? demanda t-il apparemment déçu.
-La. Salle. De bain, répétai-je en le regardant d'un air las.
-Premier étage, deuxième porte à droite, m'indiqua Georges.
-J'préfère."

Je montais rapidement les marches de marbre blanc et ôtais mes vêtements mouillés avant de mettre ceux que m'avaient prêté Georges. Je me demandais à qui ils pouvaient bien appartenir, puisqu'ils étaient clairement des vêtements féminins.
Après avoir atteint l'avant-dernière marche, je lui demandais à qui appartenaient les vêtements en enfilant mes chaussures.

"À ma mère, vous avez à peu près le même gabarit, répondit-il en reluquant mes jambes trop serrées dans ce pantalon là.
-Ta mère porte des pantalons hyper serrés, putain.
-Ma mère aime attirer l'attention.
-J'vois le truc, dis-je en saisissant mon sac à dos.
-On y va ?
-Quand tu veux."

Mon portable se mit à vibrer avec insistance dans la poche arrière de mon bas, et je le pris en grommelant. Un message venait apparemment d'être envoyé par mon père.

Mon père ?!

Salut Deedee, je sais que je ne t'envoie jamais de message mais l'hôpital à appelé il y a quelques heures, et je ne voulais pas te réveiller pour ton premier jour d'école. Elle à recommencé à prendre de la drogue, je pense que tu le sais déjà puisque tu vis avec elle, mais elle à fait une overdose et les médecins ne sont pas sûr qu'elle se réveillera. Elle est dans le coma, je te donnerais plus de détails quand tu me répondras.

"Et merde, dis-je en enfonçant mon portable dans ma poche.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Rien, répondis-je peut-être un peu trop sèchement.
-Ok."

Je suppose que je vais devoir m'occuper de tout ça dès que possible...

Naabot mo na ang dulo ng mga na-publish na parte.

⏰ Huling update: Aug 31, 2016 ⏰

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