Départ déchirant

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Rosé (BLACKPINK) & Jungkook (BTS) ♥ 


La vie est bizarre. On rencontre des personnes, parfois c'est pour la vie, parfois ça ne dure qu'un moment. Je ne dis pas être adepte aux relations sociales, mais c'est étrange. Des gens vont et viennent dans votre cœur en laissant des marques. Douloureuses ou heureuses. Je sais qu'il y a des choses plus graves que ça, comme la faim dans le monde, le réchauffement climatique, les femmes qui se font battre par leurs conjoints, la discrimination de toute sorte, les enfants qui manquent d'amour ou d'éducation, les personnes ayant vécu des traumatismes... Mais je ne peux m'empêcher de penser que celui qui prime est lorsque l'on pense que quelqu'un que vous aimez restera pour toujours, mais qu'un jour, vous avez la déception de savoir et voir que ça ne sera pas le cas. Contre votre ou son gré. Il y a quelque chose qui se broie dans votre poitrine.

Je suis assise là, sur le banc de l'aéroport, en face de la porte d'embarcation numéro 8. Mes yeux doivent être tout enflés à force d'avoir pleuré. Je renifle bruyamment et tente de ravaler mes larmes. Mais son geste, celui de me serrer par la taille contre son torse, ne m'aide pas du tout. Alors je me remets à pleurer de plus belle. Un rire amusé le secoue mais sa voix est empreinte de tristesse.

– Si tu étais venue sans pleurer, ça m'aurait tué, murmure-t-il contre ma tempe.

Je n'arrive pas à m'arrêter, tellement que j'en suffoque. Jungkook prend ma main de sa main libre et la caresse doucement, comme il le fait d'habitude. C'est bizarre de le dire, mais ce petit geste me rappelle à quel point nous sommes connectés. C'est différent du sexe, ça me semble plus intime. Mais aujourd'hui, cette petite habitude que j'aime tant me fait plus mal que me rend heureuse. Il ne pourra plus me la faire maintenant.

– Je sais qu'on se retrouvera plus tard.

Il le dit mais j'entends qu'il n'en ait pas convaincu lui-même. Il endosse le rôle de celui qui doit être le plus fort des deux, c'est égoïste mais si je ne l'étais pas, c'est comme accepter son départ. Or, j'ai pour principe de ne jamais mentir, surtout pas à moi-même. Il le sait.

– Arrête, s'il te plaît, dit-il, en feignant de rire. Rosé...

Il se met à sangloter en posant son front contre le mien. Et c'est ce dont j'ai besoin. L'entendre pleurer avec moi. Savoir qu'il est aussi dévasté que moi. Oui, je suis égoïste et horrible de penser ça. Mais j'en ai besoin. Comme j'ai les yeux fermés, je l'entends prendre une profonde respiration.

– Sache que peu importe ce que je ferai...

Je ne veux pas l'écouter.

– Avec qui je le ferai...

Ces mots sont trop douloureux. Ils me brisent. Parce que je vois exactement où il veut en venir.

– Je penserai à toi. Toujours

Je ne pensais pas que c'était possible de pleurer toutes les larmes de mon corps. Maintenant, je comprends ce que ça veut dire. Je le ressens. Je le subis. Je le vis. Il vient de me présenter sur un plateau en or mon cœur en mille morceaux.

« L'avion pour Los Angeles décollera dans une demi-heure. Que tous les passagers rejoignent la porte d'embarcation. »

Je n'ai jamais autant détesté une personne aussi fort qu'à cet instant. Cette femme qui parle à travers un micro, je la hais. Parce qu'elle indique le nombre de minute qui nous reste pour seulement espérer une fin heureuse. Puis, il me surprend en se mettant à rire.

– Je viens de penser de rater les prochains avions pour ne pas partir, annonce-t-il avec un sourire. J'aurais dit que j'aurais perdu mon billet, mon passeport et mes valises quelque part dans Séoul, dans différents endroits puis que je n'ai aucun moyen pour retourner à Los Angeles. Mais je serai avec toi, dans notre chambre, à t'entendre rire, (sa voix se brise et me brise encore le cœur), à t'entendre me raconter tes histoires... A t'entendre gémir, surtout gémir.

Je souris et rigole à la fois, de tristesse mais au moins, je souris. C'est ce qu'il a essayé de faire depuis hier soir et en bonne égoïste que je suis, je n'ai rien pu lui offrir de mieux qu'un minable sourire. Tout ce qu'il dit me plait mais me blesse. Je déteste cette sensation.

– Pervers, je réussis à dire malgré la morve au nez.

– Carrément, avoue-t-il, rieur. Tu penses que ça fonctionnera ?

Je plonge dans ses iris sombres. Nous savons tous les deux que cela ne fera qu'empirer la situation. Mais je ne peux m'empêcher d'acquiescer avec l'illusion que son plan pourrait marcher dans tous les cas. Si nous le voulions et que nous décidions cela, alors cela se fera. Il sourit et prend mon visage en coupe en déposant délicatement ses lèvres sur les miennes. Ce n'était pas sensuel. Ce n'était ni féroce. C'était simple. Doux. Intime.

– Je t'aime, susurre-t-il contre ma bouche. Plus que ce que le destin nous permet.

– Cet enfoiré...

Il rigole. Vraiment. J'aime son rire. Je souris et ris avec lui jusqu'à ce que la voix de cette idiote d'hôtesse d'accueil ne ré annonce le départ. Il se mord la lèvre et met la main sur ma poitrine. Là où est mon cœur.

– Je récupèrerai ce qui m'appartient, promet-il, les lèvres tremblantes.

Je hoche la tête car ces mots signifient beaucoup. Pour lui comme pour moi. J'ai compris, à maintes fois qu'il me le rappelait, que les actes comptaient plus que les mots. Mais j'ai besoin de croire en ces paroles. Même si je sais qu'elles ne se réaliseront pas. Il repose son front contre le mien puis étouffe un sanglot avant de me demander : « Ferme les yeux ». Je secoue la tête mais il me force en mettant une main dans ma nuque. « Ferme les yeux. S'il te plaît. » Je m'exécute à contrecœur mais je mets une main sur son bras et l'autre tient sa veste. Je sais où il veut en venir mais je ne suis pas prête à l'admettre.

– Je vais me lever, Rosé, commence-t-il. Je vais devoir te lâcher et tu vas devoir faire de même.

Ces instructions sont les plus horribles de ma vie.

– Je t'embrasserai. Puis... Puis tu resteras là pendant deux minutes. Après les deux minutes, tu rouvriras les yeux et tu rentreras à la maison, Jisoo et Taehyung t'attendent. D'accord ?

– Je ne suis plus une gamine, je rétorque, soudainement énervée par la situation.

– Je sais, murmure-t-il. Crois-moi. Je le sais.

Je l'entends avaler sa salive et reprendre contenance. Ça me fait mal. Je le sens retirer sa main de ma nuque mais je l'en empêche. Je crois qu'il a arrêté de respirer. Mais il continue en se levant et en forçant un peu en murmurant douloureusement « s'il te plaît ». Mes membres tremblent tellement qu'il arrive à se défaire de mes mains. Sans que je ne m'y attende, parce que j'ai encore les yeux fermés, je sens ses lèvres sur les miennes. Un baiser. Un baiser d'adieu. Il m'a dit de les garder fermés. Mais mon cœur me dit qu'il ne m'a pas dit de ne pas les ouvrir. Ça fait une différence. Je vois cette différence. Alors je les ouvre.

– Non, fais-je difficilement contre ses lèvres.

– Je récupèrerai ce qui m'appartient, assure-t-il laissant son souffle larmoyant imprégner sa voix.

– Je t'aime...

C'est plus une supplique qu'une déclaration. Il ne peut pas rester, il ne PEUT pas. Mais alors que j'allais ajouter quelque chose. Il m'embrasse encore et me cache les yeux, ce qui me force à les fermer. Encore.

– Je n'ai pas la force de continuer comme ça, Rosé, laisse-moi partir.

Il a murmuré ça et j'imagine un court instant quel effet ces mots ont pu lui faire. Il les dit mais les subit, comme moi. Prends sur toi, sale égoïste, je me dis. Je ne sais pas ce qui m'a permis de m'en rendre compte mais durant quelques secondes, j'ai eu le cœur brisé. Pas pour moi. Mais pour lui.

– Je te récupèrerais, jure-t-il en pressant sur mes yeux. Garde les yeux fermés !

Puis dès qu'il enlève sa main, c'est instinctif, mes yeux désobéissent. Et le spectacle que je ne voulais pas voir, qu'il voulait m'éviter se produit devant moi. Lui, se dirigeant hâtivement vers la porte d'embarcation, sans se retourner vers moi. Puis là, je me demande si mon cœur peut le supporter, s'il a encore l'impression d'exister. Parce que moi, je ne le sens plus. Le destin.

Cet enfoiré ne supporte pas notre bonheur.


Départ déchirantWhere stories live. Discover now