c.3: Même le noir peut briller

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- Comme tu voudras! Mais ce coin n'est pas très conseillé.

Il me tend la main histoire de me convaincre. Le sourire qu'il arborait il y a quelques secondes est tombé. Toute ma vie, j'ai traîné dans les cartiers désapprouvés. Ce n'est pas au vieux singe qu'on apprendra à faire des grimaces. Je demeure muette et me tourne vers le pare-brise, bien décidée à rester plantée dans ce fauteuil. Adrien verrouille la voiture et s'en va, sans plus de cérémonie.

         Ça doit faire plus de cinq minutes que je l'attends pour une foutue serrure de box, pourtant je constate au nombre de voitures qu'il n'y a pas énormément de monde. Nerveusement, je tape du pied. Et justement, j'ai bien l'impression que c'est ce qu'il essaie de faire, jouer avec mes nerfs. S'il espère en faire des tresses, il peut aller se faire voir.

Trois mecs habillés un peu comme moi débouchent au bout du parking, munis d'espèces de bâtons. Après coup, je devine des massues. En temps normal, ce genre de personnes auraient pu être mes amis, mais vu la manière dont ils se dirigent vers la voiture, je ne doute qu'ils ne puissent le vouloir. Je détourne le regard, je ne tiens pas à me faire surprendre les regarder tranquillement arriver. Ils se rapprochent de plus en plus de la voiture. Arrivés au niveau de ma fenêtre, ils me regardent comme des nigauds.

- Quoi? Je finis par lancer, saoulée de leur petit manège.

L'un d'eux, sûrement le meneur, me répond, les autres étaient derrière lui, avec des massues. Il est vrai que leurs bras étaient plutôt vivement musclés. Il ne vont tout de même pas frapper une fille? Si? Je tente de me convaincre que non, mais mon cerveau, qui reçoit le direct, m'assure que si.

- Si tu nous ouvres cette voiture, on ne te fais rien. En revanche, si tu n'ouvre pas... 

Il caresse doucement sa massue en riant, sadique. Ils sont effrayants, avec leurs sourires jaunes. Mais je dois faire preuve de courage. S'il te plaît Adrien, revient!! Pour une fois que cet imbécile peut servir à quelque chose, pitié qu'il intervienne!

- Ben moi aussi j'aimerai sortir d'ici les gars, sauf que la voiture est fermée et j'ai pas les clés.

Faire genre que tu es détendue, même si au fond de moi c'est la panique totale. Alerte rouge déclenchée, je prie pour qu'Adrien débarque et qu'on parte vite d'ici. Adrien!!! Mais qu'est-ce qu'il fabrique à la fin? Je nage dans ma sueur.

- Ah ouai? Me demande le meneur, dans ce cas ce n'est plus un problème.

Il sourit de pleines dents, je ne pense pas que je doive prendre ce sourire pour quelque chose de sympathique, tout au contraire, ça voulait plutôt dire que j'allais me faire refaire le visage si Adrien n'arrivait pas très vite! D'ailleurs je peux largement remarquer que le dentifrice ne doit pas être son meilleur ami, vu l'état des choses...

Les garçons tournent la tête, puis s'éclipsent en vitesse.

Je me retourne: Adrien était effectivement accompagné d'un garde possédant un fusil. Il n'a même pas eu à le pointer sur les gars qu'ils étaient déjà partis. Il marche jusqu'au 4x4, surveillé par le garde, puis monte dedans.

- Bien, déclare-t-il en mettant le contact. Premièrement, plus jamais je ne te laisse seule dans la voiture alors que je t'avais prévenue que c'était dangereux. Deuxièmement, je t'accompagne faire les boutiques! Et... ajoute-t-il avec un air que je n'aime pas bien, vu qu'il est onze heures, qu'il nous faut quinze minutes pour rentrer, et que je tiens à manger ce midi, tu as une heure tout au plus!

- Quoi!? J'explose en perdant ma patience. C'est une blague? Putain!

Vulgaire l'Iris? Elle s'en branle. Je maugrée dans ma barbe en croisant les bras. Ce n'est pas possible, une heure de boutiques, pour remplir l'armoire que j'ai!

- T'a pas des amies pour faire ça, sérieusement?

- Tu crois que je t'aurais autant cassé les pieds? Jusqu'à preuve du contraire, non, alors arrête tes questions débiles, tu veux.

Tout ce que j'ai en guise de réponse est un regard agacé. Je sais combien ce regard là veux dire de choses, alors je décide de m'arrêter là. Sage décision, diront quelques uns. Adrien gare la voiture et nous descendons, marchons jusqu'à l'allée centrale où se situent toutes les boutiques, puis monsieur se tourne vers moi, interrogateur.

- J'ai vu tout à l'heure comment tu as regardé Azzaro, et je ne suis pas encore assez débile - comme tu as pu le dire - pour ne pas avoir remarqué que tu t'y connais. Tu l'aurais bien caressé, si je n'étais pas là. Alors je te repose la question, tu sais monter à cheval oui ou non?

Alors cella là, si je m'y attendais! Adrien a manqué d'être con, cette fois. Il suffise que je lui raconte mon superbe parcours, et il me verra comme une petite qui se pensait trop grande, tombée bien bas. Et de toutes les façons, les gens me verront toujours comme ça, parce que je n'ai pas eu de chances dans ma vie. La seule que j'ai eue, elle n'a été qu'éphémère. Les gens ont pitié, et ce n'est pas un sentiment que j'accepterai, vis-à-vis de moi. Question de fierté? Totalement.

Azzaroحيث تعيش القصص. اكتشف الآن