Chapitre 23 | Ava

6.4K 327 103
                                    

Hôpital
Mardi 26 Juin
00 : 44

Je suis totalement désorientée. Tout me revient par flashs dès que j'ouvre les yeux.

Luka, Anna, le sang, Juliann...

Les bips du moniteur cardiaque accélèrent lorsque je me redresse, complètement affolée. J'ai mal partout, surtout au ventre. J'ai une migraine atroce, j'ai l'impression d'être passée sous un camion.

— Eh, chut, tout va bien, calme toi.

            C'est João. Il est assis sur un fauteuil à côté de mon lit. Il a une sale mine, on dirait qu'il était en train de dormir. Je me force à prendre une grande inspiration pour remettre mes idées au clair, pour pouvoir parler de manière cohérente.

— Hey, chuchote-t-il.
— Hey.
— Comment tu vas ?

Je hausse les épaules. Je n'ai pas de réponse à cette question.

— Je veux voir Juliann.
— Il est dans sa chambre. Il a dû être opéré d'urgence, ils l'ont plongé dans un coma artificiel, je ne pense pas qu'il se réveillera maintenant.
— Est-ce qu'il va...
— Non. Ça va aller, aucun organe vital n'a été touché. Il va s'en sortir.
— On peut pas en dire autant pour Luka.

Il baisse les yeux.

— Qu'est-ce qu'il va se passer maintenant ? Je vais aller en prison ?
— Non. Non, tu n'iras pas en prison car ce n'est pas toi qui l'a tué.
— Mais...
— Il a déjà gâché ta vie une fois, on ne le laissera pas recommencer. Penses à toi et à Drew, dit-il fermement.
— Et... Et Anna ? Enfin je veux dire, Anaëlle ?
— Elle est vivante. En garde-à-vue.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé, João ? Je comprends rien, pourquoi est-ce que tu as disparu ?

Il prend une grande inspiration, et approche son canapé de mon lit d'hôpital.

— Je savais que c'était Luka. Dès le début. J'ai enquêté sur lui, je savais que c'était le cousin de Théo, je savais pour les autres filles depuis un bon moment, mais je n'arrivais pas à mettre la main sur sa complice, et surtout, il y a mon supérieur.
— Pourquoi tu ne nous as rien dit ?
— Parce que t'es impulsive, Ava. Et Juliann aussi. Vous êtes trop... sentimentaux, trop dans les émotions, je ne voulais pas tout gâcher. Il y a avait un double enjeu : d'abord il fallait que j'arrête Luka et sa complice, mais en plus de ça, il fallait que je le fasse discrètement pour ne pas que mon supérieur se doute de quelque chose. Avec Johann, on a réussi à faire en sorte qu'une enquête interne soit menée. Pour le faire virer. Tout devait être calculé. Or, toi et Juliann vous vous aimez beaucoup trop, c'était trop risqué de vous dire la vérité. J'ai eu raison de penser comme ça : avec le peu d'infos que je t'ai donné, t'es allée voir Théo. Deux fois. T'es allé voir Jenna, t'es venue à l'hôpital...
— Alors Johann aussi savait ?
— Non, lui ne s'occupait de que l'enquête qui vise mon supérieur. J'étais presque seul pour le reste.
— Le plan avec Juliann...
— C'était en partie pour l'occuper, et éviter qu'il pète un plomb et qu'il gâche tout.
— T'es un sacré connard, craché-je.
— Je sais. Mais quand on mène une enquête, on ne peut pas se permettre d'agir avec impulsivité.
— Pourquoi t'as disparu ?
— J'ai découvert qu'Anaëlle avait une cabane dans la forêt, et que c'est là-bas que se cachait avec Luka. J'ai agi avec impulsivité pour le coup : vous étiez tellement mal Juliann et toi que j'ai voulu en finir une bonne fois pour toute et les arrêter, mais ils m'attendaient, on dirait. Anaëlle a couru jusqu'à un ravin, et je l'ai suivie. Luka est arrivé de nul part et m'a poussé. J'ai eu le temps de m'accrocher à une branche, par miracle. Ils m'ont cru mort, alors je n'ai plus donné signe de vie. Je les ai surveillé de loin. Quand tu t'es battu contre lui dans la forêt, j'étais là, mais Juliann est intervenu avant moi.
— J'arrive pas à y croire.
— Ils pensaient que j'étais mort et Luka se croyait invincible grâce au flic corrompu. Alors ils ont commencé à faire plein d'erreurs, et moi j'ai pu récolter toutes les preuves nécessaires. Anaëlle ne sortira sûrement plus jamais de prison.
— À moins qu'elle plaide la folie, comme Théo. Tu savais que c'était elle depuis un petit moment, pas vrai ?
— Oui. Elle et Luka se sont cru dans un film : bien évidemment que les médecins ont remarqué que quelque chose n'allait pas. Ça prit du temps, mais ont découvert des traces de poison dans l'organisme d'Anna. Quand elle s'est réveillée, j'ai tout de suite su.
— C'était quand ?
— Le soir où tu as fait un malaise et que tu as découvert qu'elle n'était pas morte. L'infirmière t'as prise pour une folle alors elle a exigé de faire des examens, histoire d'être sûre. Je lui ai dit de ne pas en parler. Anna a accepté de rester à l'hôpital pendant quelques semaines.
— Elle est où, maintenant ?
— Chez elle, avec son fils.
— La pauvre... C'est de la folie ! Toute cette histoire... Pourquoi est-ce que t'as couché avec moi ? C'était pour me distraire ?
— Non. C'était une erreur et crois-le ou non, j'en suis désolé. Surtout vis à vis de Juliann, mais tu me plais... plaisais beaucoup. J'en avais juste envie.
— C'est pas croyable... Quand j'ai fait mon malaise, c'est toi qui leur a demandé de me mettre en réa ?
— Non, tu y étais déjà quand je suis arrivé. On a visionné les caméras, c'est Anaëlle qui t'a fait monter. Quand elle m'a vu sortir de ta chambre, elle a ouvert la porte de la sienne pour que tu vois Anna. Sûrement pour définitivement te séparer de Juliann.

TEACHME [PUBLIÉ SUR KINDLE ET AMAZON LES 14 & 21 JUIN]Where stories live. Discover now