Prologue

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La pièce est sombre, froide et ensanglanté

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La pièce est sombre, froide et ensanglanté. La lumière ne filtre pas dans ce bunker et c'est une bonne chose. Nous ne l'aimons pas, la lumière, elle nous fait du mal.

L'odeur est forte. Elle nous plait. C'est l'odeur de nouveaux frères qui viennent à la vie, preuve que nous sommes de plus en plus nombreux et qu'eux, les humains, le sont de moins en moins.

Nous nous tenons seuls, figés dans un coin de l'immense pièce carrelée à attendre. S'agiter ne sert à rien. Ceux qui vivaient autrefois dans ces corps usaient inutilement leur énergie, causant sans le savoir leur future perte ; car pendant qu'ils s'agitaient en tous sens, aveugles et égoïstes, nous, nous attendions.

Trois heures seulement ont suffi pour que la moitié de la planète soit notre, l'autre moitié ne résistant pas plus de quelques mois après l'assaut. Sans confort et défense, ils ne valent rien. Le peu qu'il reste d'eux s'est retranché et se cache comme des nuisibles, ce qu'ils sont, au final, comparé à nous.

An... A...

Aïe. Nous secouons la tête en fronçant les sourcils. Ce cerveau nous ennuie, il a toujours des ratés.

La porte s'ouvre. Nous approchons de notre frère, poussant un chariot grinçant entre les lits. Nos fronts se posent l'un contre l'autre et le contact déclenche nos paroles, transmises de tête à tête, d'hôte à hôte, puisque nous sommes une entité.

*Voici un homme sélectionné de la dernière fournée. Nous estimons qu'il est viable et fort. Si ce n'est pas le cas détruisez-le*

*Nous le ferons*

Nous rompons la communication, notre frère s'éloigne avant de refermer la porte sur lui. Nous pivotons la tête pour contempler l'humain, nu sur le brancard, qui pourrait devenir un respecté nouveau frère. Il est âgé mais sa stature est imposante et son visage fait preuve de caractère. Il est très amoché et saigne beaucoup, c'est souvent le cas. Les humains ne se laissent jamais avoir facilement.

An... d... and...

La voix en nous se fait entendre à nouveau. Nous reculons d'un pas en secouant le visage.

Ce n'est pas normal, ces ratés sont beaucoup trop nombreux ces dernières semaines. Nous sommes en colère. Nous avons peur.

An... andr...

Nous frappons notre tête mais ça ne fonctionne pas. Ce que nous pensions n'être que des rêves sont en train de nous attaquer en plein jour désormais. Notre vision se brouille. Nous sommes fous de rage.

Nous luttons. Nos liens s'entrelacent aux connections de notre cerveau et nous l'enserrons plus fort. Un cri sourd résonne en nous, l'humain souffre. Nous en profitons pour essayer de le repousser, de lui faire du mal sans jamais risquer de le tuer.

Car si nous le tuons, nous mourrons nous aussi.

Au milieu de cette lutte intérieure, nous renversons une table qui produit un bruit métallique assourdissant. Notre tête s'agite dans tous les sens, nous la cognons et nos yeux s'injectent de sang. À l'intérieur, les hurlements furieux nous font vibrer.

Peur.

Notre vision devient rouge puis sombre. Il devient fort. C'est lui qui bouge et plus nous.

Peur. Douleur.

Non ! Nous sommes plus puissants, plus puissant que lui. Pourquoi tombons-nous au sol ? Tout tremble. Pou-pourquoi ?

Douleur... Peu... Pe... r...

Mon hurlement semble m'arracher la gorge, douloureux et irrégulier, comme si mes cordes vocales n'avaient jamais servi. Le carrelage est glacé sous ma peau nue, l'arrière de mon crâne s'y cogne et mes membres convulsent. Dans ma tête, c'est le noir complet.

Où suis-je ? Qui suis-je ?

Je ne comprends rien.

Puis les spasmes ralentissent, me permettant de rouler au sol pour me relever, sauf que la nouvelle vision s'offrant à moi manque de me faire m'effondrer à nouveau.

Des corps nus, partout, criblés de machines et de tuyaux.

— Ho merde, glapis-je en reculant jusqu'à buter contre un chariot métallique.

Qui sont ces gens allongés ? Pourquoi sont-ils entièrement nus ? Pourquoi le suis-je moi aussi ?

Par réflexe mes bras enlacent mon buste glacé tandis que je m'éloigne des lits et de la crasse. Cet homme sur la droite est carrément ensanglanté ça n'est forcément pas normal. Je n'ai rien d'un guerrier ni d'un héros alors peu importe ce qu'il se passe, je dois partir et tout de suite !

Une porte d'acier rouillée bloque ma fuite, je l'active maladroitement puis me précipite dans le couloir à peine éclairé. La poussière de béton vole sous mes pas rapides, l'air empeste la rouille. On se croirait dans une sorte de bunker.

— Ho merde... mais qu'est-ce qui se passe...

Rien n'a de sens pour moi. Pas même ma voix qui me parait étrangère.

Le dédale de couloirs s'enchaîne, les vieilles portes défilent. Des bruits feutrés y résonnent parfois, preuve qu'elles y renferment de la vie.

Hors de question d'en ouvrir une !

Mon instinct de survie est mon seul guide et il m'ordonne d'accélérer, dirigeant mes mouvements vers la luminosité grandissante. L'air se purifie, la sortie n'est plus très loin. Quelques couloirs de plus et me voilà face à un immense escalier de fer et de béton, semblant directement creusé dans une tranchée. Le cœur battant à tout rompre et des larmes ruisselant sur mes joues écarlates, j'escalade deux par deux les marches comme si ma vie en dépendait.

Et sans doute est-ce le cas. Je le sais, je le sens.

— Allez ! Pitié allez !

Il m'est encore difficile de manœuvrer ce corps mou et anesthésié pire qu'un steak décongelé. Il râpe contre les parois blanches et la poussière vole en m'étouffant, malgré ça je ne relâche pas la cadence une seconde, toutes mes forces et ma volonté fixées sur l'éblouissant carré devant moi.

Plus que trois marches. Deux. Une...

Allez !

L'explosion de lumière, enfin. Immédiatement suivie d'une explosion de douleur, m'avalant dans les ténèbres à nouveau.



Voilà pour le prologue, j'espère qu'il vous met en haleine

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Voilà pour le prologue, j'espère qu'il vous met en haleine. Le premier chapitre arrivera début de semaine prochaine ^^

Kiss kisss mes aventuriers




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