Chapitre 21 |Juliann

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J'ai forcément mal entendu. Je me décompose en entendant ses mots.

— Salut chéri, dit-elle simplement en haussant les épaules.

Je ne la crois pas. Elle est complètement tarée, elle a oublié de prendre ses médicaments ou quoi ? Et son bébé... Je ne comprends rien. Je ne suis pas Anna. Et si elle ne mentait pas ?

— Tu devrais t'asseoir, l'histoire risque d'être longue.

Je n'ai pas le choix : le chien plus communément appelé Luka me pousse par terre. Je réprime mon envie de lui faire mordre la poussière.

— J'en reviens pas que tu ne m'ais jamais reconnue.
— Qu'est-ce que tu racontes, pauvre tarée ? craché-je.
— J'ai failli mourir en donnant naissance à ta fille, tu pourrais me dire merci.

Je secoue la tête. C'est un cauchemar.

— Tu sais ce que c'est d'être dans le coma pendant trois ans, Juliann ? Je me suis réveillée au milieu de la nuit, seule dans cette chambre d'hôpital, totalement désorientée. Il n'y avait personne, tu n'étais pas là, et je n'avais aucune idée de ce qui était arrivé à notre fille.

Mon Dieu, c'est bien elle. Aucun doute, c'est Anaëlle qui se tient devant moi. Combien de fois ai-je rêvé de la voir se réveiller, de pouvoir parler avec elle ? Tout ça pour ça ?

— Je voulais juste te voir ! Mais la première personne que j'ai vu, c'est cet infirmier.
— Surprise, c'était moi ! s'écrit Luka.

Je lui lance un regard meurtrier. C'est une caméra cachée. C'est forcément une mauvaise blague.

— C'est ironique, parce que j'étais venu pour la débrancher, dit-il en souriant. Je venais de trouver une distraction pour l'année, toi, Ava. Je n'allais quand-même pas laisser le prof de philo tout gâcher, alors je me suis dit que je pourrais lui trouver une autre occupation comme l'organisation de l'enterrement de sa femme, par exemple. Mais quand je suis arrivé dans la chambre d'hôpital, je l'ai vu assise sur son lit.
— Il m'a tout raconté, reprend Anaëlle. Que tu m'avais oubliée, que seulement quelques temps après mon coma, tu es sorti avec Cara. Tu t'es installée avec elle. C'était une de mes meilleures amies ! crie-t-elle.

Je baisse les yeux, honteux. je n'ai rien à répondre, je déteste la personne que j'étais à cette époque-là.

— T'en fais pas, je t'ai pardonné, Juliann. J'ai compris qu'elle t'avais piégé. Vous les hommes, vous êtes si faibles. Tu ne l'aimais pas. Et tu continuais à venir me voir à l'hôpital. J'aurais pu passer au-dessus de ça. Mais elle ?

Elle pointe du doigt Ava qui gît à ses pieds et qui la regarde, complètement ébahie.

— Il m'a dit que tu sortais avec ton élève ! Que tu l'aimais. C'est dégueulasse, Juliann. Tellement rabaissant, crache-t-elle. Tu as laissé cette gamine s'occuper de notre fille. Ce déchet...
— Ne parle pas d'elle comme ça, sifflé-je entre mes dents. Jamais, tu m'entends ? Tu la laisses en dehors de ça.

Je suis totalement déboussolé, je me sens même coupable, mais ma priorité, ça reste Ava. Même si c'est Anaëlle qui se tient devant moi, ça ne veut pas dire qu'elle a le droit de s'en prendre à la femme que j'aime.

— Vraiment, Juliann ?

Elle est hors d'elle. Furieuse. Et triste. Quel genre de monstre est-ce que j'ai épousé ? A-t-elle toujours été comme ça, ou est-ce que c'est le coma qui l'a rendue si affreuse ?

— Avec Luka, on a monté un plan rapidement. Je devais faire semblant d'être dans le coma pendant encore quelques jours, alors j'ai obéi. J'ai failli craquer un soir où t'es venu me voir à l'hôpital, mais j'ai tenu bon. Les infirmières n'ont rien remarqué, j'étais un légumes depuis des années, il n'y avait pas de raison qu'elles vérifient mon état de santé en dehors de mes constantes. Il fallait que je sorte de là, que je me venge, que je te récupère mais sans que tu ne le saches, mais pour ça, je devais me débarrasser d'elle.  Luka m'a aidé.

TEACHME [PUBLIÉ SUR KINDLE ET AMAZON LES 14 & 21 JUIN]Where stories live. Discover now