— Un gros lourd ? Sérieusement ? Tu es sortie avec un gros lourd ?

— Ne te moque pas, Caleigh, protesta-t-elle en riant. C'est juste que... enfin... sa façon de me regarder avec son petit sourire timide...

— Tant que ça ?

— Oui, il est merveilleux. Adorable et drôle... et intelligent... et sublime, énumère-t-elle sur un ton où perce une adoration plus que tangible.

— Et je le rencontre quand, ce merveilleux Casey ? Tu comptes bien le revoir ?

Sasha se tait brusquement, éveillant immédiatement mes soupçons.

— Non ?

— En fait, je suis dans la salle de bains en ce moment. Il... il dort à côté, m'avoue-t-elle sur un ton gêné.

— T'es où ?

— Chez moi.

Je lève les yeux au ciel, ne sachant si je dois me réjouir ou m'inquiéter. Étant à des milliers de kilomètres de la Californie, je penche pour la seconde option.

— Sash... tu te rends compte que tu as amené un type que tu connais à peine dans ton lit ? Et si c'était un psychopathe ?

— Mais non, il n'est pas cinglé.

— Comment peux-tu le savoir ? Ted Bundy se baladait avec un post-it sur son front sur lequel était écrit en lettre rouges et en capitales d'imprimerie : « Je suis un assassin », c'est bien connu ! marmonné-je entre mes dents serrées.

Au soupir qu'elle laisse échapper, je comprends que Sasha commence à s'énerver.

— Caleigh, puisque je te dis qu'il est normal ! Tu le constateras par toi-même quand tu reviendras en Californie.

— Si tu es encore viv...

— Caleigh ! s'écrie-t-elle, des reproches plein la voix.

— Bon, bon... je me tais. Mais tu es prévenue ! râlé-je sur un ton bourru.

— T'es impossible, petite sœur...

Soudain, nous rions toutes les deux. En vérité, je me doute bien qu'elle ne risque rien avec son Casey. Sasha est douée pour percer les gens à jour et elle ne s'est jamais trompée. Donc, si elle affirme être en sécurité avec son merveilleux petit ami, c'est que c'est vrai.

— Tu as pu parler à papa et maman, concernant tes projets ? change-t-elle habilement de sujet.

— À vrai dire, je n'ai pas trouvé le temps. Mais je comptais le faire durant le brunch de dimanche prochain. J'espère simplement que mère ne va pas piquer une crise.

— Tu risquerais d'être surprise, me répond-t-elle. Elle n'est pas si bornée que ce que tu veux bien croire.

— Mouais. On verra.

— Au fait, tu n'avais pas une expo ce soir ? Du body painting, c'est bien ça ? Comment ça s'est passé ?

Je souris, ravie qu'elle s'en soit rappelée.

— Super bien ! On a cartonné à l'UAC, ce soir. Il y a même un type, un agent artistique, qui m'a refilé sa carte.

Sash pousse un cri strident qui manque une nouvelle fois de me rendre sourde.

— T'es sérieuse ? Waouh ! Caleigh, tu déchires ma puce ! Je savais que tout ça allait finir par payer...

Nous discutons joyeusement durant quelques minutes et puis, soudainement je suis rattrapée par la fatigue. Épuisée, je bâille à m'en décrocher la mâchoire.

— Écoute, Sash, je ne tiens plus. On se rappelle en début de semaine prochaine ?

— C'est moi qui te téléphonerai, j'ai une semaine assez chargée donc on risque de se croiser.

— C'est toi qui vois, conclus-je d'une voix pâteuse.

Je sens mes paupières papillonner et je n'ai même pas la force de réprimer le second bâillement. Waouh ! Le sommeil a l'air de vouloir s'emparer de moi plus vite que prévu !

— Je dors sur place, Sash, je vais raccrocher, l'informé-je dans un souffle.

— D'accord. Je t'aime, petite sœur.

— Je t'aime, grande sœur... Passe le bonjour à ton Casey de ma part.

— J'y manquerais pas. Et, Caleigh ? Essaie de t'amuser, m'enjoint-elle, d'une voix douce avant de raccrocher.

Je repose mon smartphone sur ma table de nuit et éteins ma lampe de chevet. Je sombre ensuite très vite dans les bras de Morphée.

A tes souhaitsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant