A la découverte du monde

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Nous sortons de mon appartement, je tremble de partout. Je trébuche alors qu'il me montre une porte. Je le suis à tâtons mais jette brièvement un coup d'œil à la salle de sécurité. John a la tête qui repose sur la table. Il l'a endormi ! Je déglutis, paniquée. Ma main se pose sur mon sac à dos. Psychopathe, danger ! Il se tourne vers moi et dirige son regard vers mon garde du corps, il sort de sa poche une boite de tranquillisants puis me la lance.

—Désolé, mais je peux sortir sans problème de votre chambre mais vous, ça sera différent. Je n'en n'aurais plus besoin.

Je fixe le tube entre mes doigts puis le range dans la poche intérieure de mon sac. Ma confiance revient alors je fais un pas dans la direction qu'il m'indique. Nous nous engouffrons dans la pièce. Il déplace une planche puis une deuxième et je suis surprise de voir une seconde porte. Il sort une clé puis l'ouvre. Il y a un escalier étroit. Eugène se tourne vers moi.

—C'était une sortie de secours, on l'a bétonné enfin on croyait.

Il me sourit. Son sourire est chaleureux mais la peur m'étreint à nouveau. Il fait sombre, il sort une lampe torche puis s'engage dans l'escalier.

—Vous venez ?

Je regarde la planche en bois à côté de la porte, je pourrais lui jeter au visage et m'enfuir. Je ne suis pas rassurée mais une part de moi à envie de prendre le risque alors j'expire un bon coup, retire les lunettes noires et le suit, le ventre noué.

La descente semble sans fin. A mesure que je suis englobée des ténèbres, je me rends compte de ma stupidité, il pourrait m'égorger dans le noir et personne ne découvrirait jamais mon corps ! Je marche avec nervosité et essaye de lui parler pour me distraire :

—Où nous mène cette issue ?

—Derrière le bâtiment à côté des poubelles mais ne vous inquiétez pas on y est presque.

Je marmonne dans mes lèvres, il m'a dit la même chose il y a 5 minutes. Tout à coup, il s'arrête et je lui rentre dedans. Ma mâchoire heurte son dos et elle craque un instant. J'ai peur de m'être cassée une dent, je touche mon visage mais non, je n'ai rien. Je réagis quand la lumière me percute les yeux violemment. Je passe une main devant mon visage puis il se déplace et je sors. Effectivement, nous nous trouvons derrière l'hôtel. Je tourne la tête et sur ma gauche, je vois la fin de la ruelle avec les rues et les voitures qui circulent. Cela me fait étrange d'observer la ville de mes yeux et non derrière une vitre blindée.

—On va passer derrière la rue principale et ensuite on prendra le métro, ça vous va ?

Je fais volte-face et acquiesce avec un large sourire.

Je sursaute alors que le wagon arrive devant moi à toute allure. Une folle sort de la place et me bouscule. Je m'excuse, trébuche et remercie ma natte car sinon je serais déjà sur le sol. Eugène m'attrape le bras et nous pénétrons dans le compartiment. Je n'ai jamais vu quelque chose comme ça. Mes yeux scannent l'environnement. Je vois les gens tout autour de moi et je suis surprise de découvrir leurs attitudes. Certains sont la tête baissée à fixer le sol, d'autres lisent ou écoutent de la musique. Un mouvement se fait ressentir, je vacille et tombe le dos contre une personne. L'homme a un air bourru, je me fends en excuse mais il grogne et me tourne le dos, je suis choquée.

—Faut pas vous inquiétez, c'est normal ce genre de comportement, m'assure Eugène.

Je croise son regard, il a la main sur la barre de fer. Le sol tangue à nouveau alors je l'imite, comprenant parfaitement que cela m'aidera à être stable. Je suis l'écran au-dessus des portes. Les noms des stations s'affichent. Je demande à Eugène à laquelle nous descendrons et il me répond mais j'ai du mal à comprendre la destination car le métro fait un crissement assourdissement. Les portes s'ouvrent à nouveau. Le gros balourd quitte le lieu ainsi que certains de ses congénères puis des adolescentes s'installent à côté de nous sur des sièges. Une des filles a un magazine et je rougis en me voyant sur la couverture.

—Tu as vu comme elle est jolie ! Moi je veux trop avoir ses cheveux, les miens y ne poussent pas vite !

Je regarde la gamine qui a parlé et montre avec fierté ses boucles rousses qui lui arrivent aux épaules. Je souris.

—Moi j'aime pas du tout, en plus c'est hyper encombrant, tu imagines, elle doit toujours marcher dessus !

Une autre ado s'est exprimée et je reconnais qu'elle a raison mais j'ai toujours des talons. Elles engagent une conversation sur le prochain film au cinéma et mon visage s'illumine. Je me tourne vers Eugène. Encore une fois, il pianote sur son portable. Je fixe l'écran et vois rapidement un message étrange Sors le champagne, c'est dans la boite !

Eugène se gratte la tête et bredouille une histoire de jeu entre lui et son ami. Ma tête pense encore à un piège. Tueur en série ou kidnapping ! Mais alors pourquoi me faire prendre le métro ? C'est idiot non ? Je peux hurler là tout de suite et tout le monde l'empêcherait d'agir. Je secoue la tête. Je regarde trop la télévision et les séries criminelles. Je me rappelle ce que je voulais lui demander alors je le regarde avec excitation.

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La liberté RêvéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant