Chapitre 19 |Juliann

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Chez Johann
Jeudi 24 Mai
15 : 02

Je me gare devant la maison de mon frère et sors de la voiture. Je sens l'air de la mer d'ici, et je souris car ça me fait penser à Ava. Elle va bien, étant donné ce qui lui arrive ces derniers temps. Elle craque parfois, elle continue à faire des cauchemars, tout comme moi, d'ailleurs, mais je la sens avec moi. Plus forte.

Je sonne à la porte, et elle s'ouvre quelques secondes plus tard sur le visage radieux d'Anna.

— Hey ! me salue-t-elle chaleureusement. Entre, je t'en prie.

Je souris et m'efforce de ne pas regarder son ventre arrondi. Elle affiche un grand sourire, mais en y regardant de plus près, je remarque qu'elle a les yeux rouges, comme si elle avait pleuré, et son visage reflète de la tristesse, mais aussi de la colère. Je cligne des yeux, parce qu'elle me fait tellement penser à Anaëlle... à cette nuit où elle est rentrée à la maison en pleurant, les yeux écarquillés et le corps tremblant. Elle venait d'apprendre que ses parents adoptifs étaient morts dans un accident de voiture. Elle était censée me les présenter le weekend même, elle était tellement enthousiaste et tout s'est envolé en quelques minutes.

— Je te sers quelque chose ? Un café ?
— Non merci. Johann est là ?
— Non, il est sorti, mais il ne devrait pas tarder, tu peux l'attendre ici.

J'hésite, car sa présence me met mal à l'aise, mais je finis par accepter. Johann a parlé aux parents de Théo pour avoir plus d'infos sur Luka. Ils ont ignoré ses appels pendant très longtemps, mais apparemment il a réussi à les convaincre. Il l'a laissé un message pour me dire qu'il devait me voir et me révéler ce qu'il a découvert.

— Je vais te faire un café, annonce Anna.
— Non, laisse, je vais le faire, repose-toi.
— Je ne fais que ça, me reposer. Aller, ça me fait plaisir. Toi, assieds-toi, je reviens.

Je hoche la tête et la regarde se diriger vers la cuisine. Elle est sacrément en forme pour une femme enceinte de presque huit mois. Anaëlle, elle, était épuisée, faible et angoissée pendant son terme. Ses petits pieds étaient si gonflés qu'on aurait dit des pattes d'éléphant. Un jour, j'ai eu le malheur de l'appeler Dambo et elle a boudé pendant une semaine entière.

Je balaie ce souvenir en secouant la tête et remercie Anna lorsqu'elle revient avec deux tasses fumantes.

— Je t'en prie. Ça fait longtemps qu'on n'a pas discuté, comment tu vas ?
— Ça peut aller.
— En tout cas, t'as une tête de déterré.

J'esquisse un sourire et porte la tasse à mes lèvres. Le café me brûle la langue, alors je le repose sur la table.

— Comment ça va avec Ava ?
— Bien. Très bien même.

Je n'aime pas parler de ça avec elle.

— C'est une chouette fille.
— C'est en partie pour ça que je suis tombé amoureux d'elle.

Elle fronce les sourcils et détourne le regard, l'air contrarié. Qu'est-ce qui lui prend.

— Elle a de la chance. J'aimerais bien que ton frère parle de moi comme ça.

Ah, c'est donc ça ? Encore et toujours cette histoire. Quand est-ce qu'elle va lâcher l'affaire ?

— Tu sais, Anaëlle me manque beaucoup.
— Anna...
— C'est ma meilleure amie. Elle... Elle me donnait toujours plein de conseils pour mon couple avec Johann. C'est grâce à elle que j'ai tenu le coup quand j'ai eu Jarred. Tout le monde m'a regardé de travers, persuadés que j'avais fait exprès de tomber enceinte pour le piéger, mais pas elle. Elle n'a jamais douté de moi.
— Ouais, je sais, soupiré-je. Anaëlle était très empathique, c'était une femme exceptionelle.
— Est.
— Pardon ?
— Tu parles d'elle au passé, mais elle est encore en vie.

TEACHME [PUBLIÉ SUR KINDLE ET AMAZON LES 14 & 21 JUIN]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant