CHAPITRE 10

Depuis le début
                                    

Putain, M. Underwood va me tuer, crache-t-elle d'une voix si basse qu'elle est presque inaudible.

Qui est M. Underwood, au juste ? Vu que je suis fatigué, ma fainéantise stoppe toutes pensées à propos de ce certain Underwood. Pearl me dépose délicatement sur un lit – qui n'est pas le mien. Et après les observations de la pièce, j'en viens à conclure qu'il ne s'agit de pas de ma chambre, mais de la sienne.

— Attends, reste-là. Je vais chercher la trousse de secours, informe-t-elle avant de quitter la pièce.

Franchement, elle a vraiment cru qu'avec mon état, je pourrais partir d'ici ? Il ne faut pas abuser non plus. Je ne suis pas comme Itchy et Scratchy dans les Simpson ; autrement dit, invincible.

Pearl revient, cette fois-ci avec les bras chargés de sac, afin procéder au premier soin. Elle s'avance vers moi, et brusquement, elle dit une phrase qui me laisse sans voix pendant un court instant. Jamais, ô grand jamais, je n'aurais cru entendre cela venant d'elle ! C'est du moins inattendu... Et c'est peu de le dire. D'un ton ferme, elle déclare :

— Déshabille-toi.

Ça porte réellement à confusion, hein ! Voyant ma stupéfaction, elle analyse davantage sa réplique. Et c'est là que son teint vire aux rouges pivoines.

Merde, non ! Je veux dire, enlève juste ton haut. Et rien d'autre ! reprend-t-elle en essayant de se rattraper.

— Mouais, lancé-je en souriant sadiquement.

J'enlève ma veste en cuir suivi de mon haut, pendant ce temps, Pearl s'est tournée vers la porte. De ce fait, elle n'a pas pu voir ce magnifique spectacle pouvant être d'une sensualité extrême. Quelle petite nature celle-là !

— C'est bon, tu peux regarder.

Elle se retourne, et c'est là que son regard s'arrête malencontreusement sur mon torse. Elle déglutit avant de converger ses yeux bleus dans ma direction.

— Va falloir que je recouse la plaie, dit-elle en posant ses sacs sur son bureau. Et crois-moi, ça ne va pas être très agréable.

— Ok, dis-je en attendant qu'elle sorte tous ses ustensiles nécessaires.

Elle revient vers moi avec des objets similaires à ceux des médecins, et s'installe à mes côtés, sous un silence de plomb. Alors qu'elle manipule ses machins bidules-chouettes, je la regarde attentivement en remarquant la présence d'un numéro figurant sur son avant-bras gauche : 21. Qu'est-ce que ça veut dire ? C'est vraiment surprenant que sa mère, lieutenante de police à cheval sur la sagesse, autorise sa propre fille à se faire tatouer.

— Pourquoi ce nombre et pas un autre ? demandé-je, brusquement.

Étant concentrée à guérir ma plaie, elle ne prend pas le temps de me regarder. Bien que ma question ne soit pas si explicite, Pearl comprend immédiatement que je fais référence à son tatouage.

— Parce que. Qu'est-ce que ça peut te faire que j'apprécie le nombre 21 ? rétorque-t-elle en soufflant légèrement.

— Tu aurais pu prendre un tatouage plus joli que ça.

En guise de vengeance, elle enfonce son aiguille dans la plaie. AAAH ! Bordel, ça fait mal. Je lâche directement un juron.

— Mais, t'es complètement cinglée ! Putain, crié-je.

— Faillait pas critiquer mon tatouage, ajoute-t-elle en me fixant laconiquement.

Je roule intentionnellement des yeux, et frissonne légèrement à son contact sur mon buste – c'est sûrement parce que ses mains sont froides... Ouais, c'est probablement ça. Les secondes et les minutes défilent dans un silence glacial, jusqu'à ce qu'elle ne prenne la parole. Mes yeux sont toujours agrippés sur elle.

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