Rin no monogatari

Chapitre 12

Sans crier gare, Sesshômaru-sama passe sa main derrière ma tête et m'attire contre lui. Mon pauvre cœur s'allège instantanément tout en s'emballant.

- Je suis là maintenant. C'est tout ce qui compte.

C'est fourbe ça !

Je vogue sur un petit nuage. Enivrée dans son étreinte, je m'accroche à sa manche, la joue appuyée sur son torse. Il y a quelque chose de différent chez lui depuis tout à l'heure. Dans l'immédiat, je ne risque pas de m'en plaindre même si je sens que mon cœur va finir par lâcher à force de battre aussi fort. Je devrais lui en vouloir de tout garder pour lui, mais je n'y parviens pas. J'ai l'impression que Sesshômaru-sama m'offre plus de bonheur de cette manière qu'en me racontant son histoire. Même si je ne serais pas contre de l'entendre plus tard.

Pour lui faire insidieusement comprendre que je ne veux pas que ce moment prenne fin, je me serre d'avantage contre lui. Il me caresse la tête avec une douceur méconnaissable. Le silence règne mais ne nous gêne pas, il est même confortable, bien au contraire. Jusqu'à ce que mon estomac gargouille...

Le rouge me monte aux joues et empire quand Sesshômaru-sama pouffe de rire. Je lève les yeux vers lui. Je dois faire preuve d'une volonté de fer pour ne pas défaillir. Encore un sourire. Je peux mourir heureuse. (Gros mensonge mais je ne le dirai pas.) Nos visages ne sont qu'à quelques centimètres l'un de l'autre...

- Nous serons bientôt servi, dit-il en m'incitant à me coucher d'une pression sur l'épaule. Repose-toi en attendant.

La tête posée sur son genou, visage tourné vers lui, je n'arrive pas à fermer l'œil, pas même pour quelques minutes. Je l'observe à la dérobée pour faire passer le temps. Appuyé contre le montant de la fenêtre, il surveille tout ce qui se passe dans la rue et les alentours. Distraitement, il repose son bras sur mon épaule. Cette nouvelle proximité entre nous me fait espérer beaucoup, peut-être même trop. Demain, il redeviendra surement le taciturne Sesshômaru-sama entouré d'une véritable forteresse pour garder les autres à distance.

- Sesshômaru-sama ?

Il baisse les yeux vers moi.

Au moment où j'ouvre la bouche, j'entends les bruissements de tissus qui m'indiquent le retour de la gérante. Pour éviter toute scène gênante, je me redresse sans dire un mot.

- Veuillez excuser mon intrusion, dit-elle avant d'ouvrir le panneau avec l'étiquette qui convient.

S'en suit son entrée et celle d'une jeune servante qui nous apportent les plateaux. Nous mangeons notre repas dans le silence après quoi, je file aux bains avec le kimono et le matériel donnés par l'auberge.

Quand je reviens, les futons sont mis. Collé l'un à l'autre. Le feu me monte aux joues. Sesshômaru-sama s'est déplacé, au lieu d'être à la fenêtre, il est assis en tailleur contre le mur. Comme toujours.

Sans trop savoir quoi faire, je m'assois loin de mon gardien. Gênée, je tripote les kunaïs sous la bande de tissus à mon poignet. Une idée de génie me frappe. Comment ai-je pu les négliger à ce point ? Sortant mon nécessaire de mon sac, je commence à nettoyer mes lames. C'est un petit rituel que j'ai mis de côté depuis quelques jours avec toute cette agitation. Alors pour me faire pardonner, je les astique avec encore plus de soin.

Au moins cela me permet de me recentrer et, surtout, d'ignorer le double lit à moins d'un mètre de moi.

**RxS**

Sesshômaru regarda, mi-amusé mi-épaté, Rin piquer du nez. Ses gestes faiblissaient à vu d'œil. Finalement, ses mains se posèrent sur ses cuisses et ne bougèrent plus. Seules ses épaules se soulevaient au rythme de sa respiration. Décidément, elle ne cesserait jamais de l'étonner. Tout en douceur, il la débarrassa de ses ustensiles de nettoyage qu'il rangea dans son sac en bandoulière. Il souleva la couverture avant de se retourner vers Rin en se demandant comment procéder pour la suite. Le plus délicatement possible, il la souleva pour la mettre au lit. La déposer n'était pas une mince affaire. Une raison de plus pourquoi n'avoir qu'un bras l'énervait. Il maudit Inuyasha et son propre orgueil en silence.