Chapitre 4 : Douceur et volupté

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Jean-Marie manqua de s'étrangler devant l'incivilité de ce personnage dont le nom lui échappait toujours. Il était cependant certain que c'était lui qu'il avait vu dans le jardin, dans sa tenue verte, armé d'une paire de cisailles, près de la haie du fond. Il voulut le rattraper avant qu'il n'arrive au bout du couloir qui menait à la cuisine mais ses jambes de vieillard ne faisait pas le poids contre celles de l'intrus. L'homme n'hésita pas un instant et s'engouffra dans la cuisine d'un pas léger, prit une chaise et s'assit en direction de l'entrée d'où il guetta l'arrivée de Jean-Marie qui rougissait à vue d'œil. La colère commençait à lui monter au visage : il n'allait tout de même pas laisser un garnement lui marcher sur les pieds dans son propre chez-lui !

- "Ecoutez Monsieur, je ne sais pas qui vous êtes, mais vous n'avez rien à faire ici. Je dois vous demander de partir tout de suite ou bien je serai dans l'obligation d'appeler la police si je ne vous ai pas botté les fesses jusqu'à la porte d'ici là." Le ton était calme mais se voulait menaçant. Son œil unique lançait des éclairs à l'étranger. 

L'homme sourit à nouveau, un rictus insolent, même si un voile de tristesse sembla traverser ses yeux. 

- "Vous m'en voyez navré Monsieur Le Pen, je croyais que vous vous souviendriez directement de qui je suis." Il retira ses lunettes et les posa sur le plan de travail derrière lui. "Mon nom est Monsieur de Lesquen, Henry de mon prénom. Je suis un de vos plus grands admirateurs, et ce depuis des années. Voyez-vous, j'ai toujours beaucoup apprécié votre façon de faire, votre franc-parler, votre manière de gérer la situation." Il s'interrompit à nouveau pour remettre sa raie d'aplomb d'un revers de la main. "Je vous ai toujours soutenu, notamment lors de la création de vos comités Jeanne Au Secours, et aujourd'hui encore, je crois en vous, et je souhaiterai vous voir avec moi à la tête de ce pays !"

Jean-Marie avait laissé les compliments glisser sans les saisir. Il y avait longtemps qu'il avait appris à faire fi des flagorneurs et des hypocrites dont les louanges n'étaient qu'une arme qui pouvait à tout moment se retourner contre lui. Cependant, quelques éléments concordaient : le nom de Lesquen lui disait véritablement quelque chose. 

- "Vous êtes le dirigeant d'un mouvement politique dit "social-libéral" si je me rappelle bien ? Vous faisiez toujours des blagues sur les juifs et les arabes pendant nos discussions non ? Je crois me rappeler que c'était fort divertissant."

- "Ha !" s'exclama Henry,  "vous m'en voyez absolument ravi ! J'avoue avoir un faible pour cet humour, même si parfois, je ne fais que dire ce que je pense au fond de moi..." 

Il lui adressa un léger clin d'œil avant de se lever et, tout guilleret, il ouvrit le frigidaire et se servit un verre de jus d'orange à partir d'une bouteille fraîchement achetée à en juger par le morceau d'emballage toujours attaché à l'un de ses côtés. Ses yeux brillaient toujours d'un éclat insolent mais son sourire paraissait moins frivole, plus attachant. Henry devait avoir le même âge que Donald, un peu plus jeune peut-être, mais il avait déjà un certain charme, un charisme qui devait même se ressentir au sein de ses discours. Il l'avait déjà vu se produire devant un public mais ses souvenirs n'en étaient que très flous. 

Mais déjà, Lesquen reposait son verre et se tenait devant Jean-Marie : 

- "Ecoutez, Jean-Marie, je vous considère comme un véritable maître à penser. Vous m'avez tellement appris pendant toute ma vie, vous êtes un véritable modèle à mes yeux. Je tenais à vous rencontrez ici, seul à seul, ayant eu vent de votre venue grâce à l'une de mes connaissances, qui vous avait vu, non sans étonnement, quitter le meeting de M. Trump dans sa propre voiture. Je me doutais que vous passeriez certainement par ici sur le chemin du retour, alors me voilà. J'ai pris la liberté de nettoyer votre maison et votre jardin pour que votre retour soit des plus agréables, ce qui a été le cas je l'espère."

Jean-Marie ne pouvait nier sa surprise de retrouver sa maison en si bel état après des mois d'absence et d'inoccupation. Finalement, cet homme remontait peu à peu dans son estime après cette première impression catastrophique.

- "Il est vrai que vous avez fait du bon travail, il devait il y avoir fort à faire, étant donné mon absence depuis les dernières vacances d'été."

Jean-Marie surprit alors l'homme à rougir alors qu'il semblait faire les cent pas autour de lui de plus en plus rapidement. Il le voyait sans cesse disparaître puis réapparaître de son champ de vision, lui donnant le tournis à tel point qu'il faillit se sentir mal. Alors qu'il sentait qu'il s'apprêtait à tourner de l'œil, Henry s'arrêta face à lui et l'agrippa par les épaules. Il se pencha alors pour déposer sur ses lèvres un baiser doux, délicat, presque imperceptible mais qui sembla durer une éternité pour Jean-Marie, à peine capable de remuer sur sa chaise. 

Il parvint enfin à se dégager de cet élan inattendu. Il ne savait plus quoi penser, son cerveau paraissait brumeux, son seul œil valide accueillait tant de larmes que sa vue se brouillait. En revanche, ses oreilles, elles, fonctionnaient toujours à merveille, si bien qu'il entendait le raclement de gorge qui provenait de l'entrée de la cuisine. 

Pivotant brusquement sur son siège, il écarta d'une poussée Henry et se frotta les yeux. Donald se tenait là, dans l'encadrement, le visage rouge vif, les cheveux ébouriffés, les yeux ronds et remplis de larmes à leur tour. Sans dire un mot, il se retourna et se dirigea vers la porte d'entrée d'un pas décidé.

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Jean-Marie le Pen x Donald TrumpOù les histoires vivent. Découvrez maintenant