Chapitre II

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À Bagdad, dans le quartier d'Aldjamila...

Aldjamila était un des nombreux souks qu'on trouvait à Bagdad. Il était étrangement calme ce jour-là, ses rues étaient quasi-désertes. Le calife, déguisé en marchand, participait activement aux recherches que menaient ses hommes pour retrouver les bijoux de la princesse; il arriva ainsi à Aldjamila, accompagné d'un esclave grand et robuste. Il y avait un attroupement dans la rue Al'ahlam et le calife, voulant savoir ce qui se passait, s'en approcha, suivi de son esclave. Il demanda à l'homme qui était à côté de lui ce qu'il y avait.

- Cet étranger venu de Mossoul nous divertit avec ses merveilleux tours de magie, répondit l'homme.

- Quel est son nom ? demanda le calife.

- Je l'ignore, il ne nous l'a pas donné.

Le calife, curieux de voir les prodiges de cet étranger, proposa à son esclave d'arrêter momentanément leurs recherches et d'assister au spectacle de "magie".

L'étranger de Mossoul était en réalité Ahmed, qui s'était déguisé pour dérober les vêtements et l'argent des spectateurs. Voici de quelle manière il s'y prît.

Après les avoir émerveillé avec des tours de main qu'il maîtrisait à la perfection et qu'il faisait passer pour de la véritable magie, il leur dit qu'il leur montrerait son plus beau tour, celui qui clôturerait son spectacle.

- Il me faut un volontaire... Toi, là ! Oui, toi. Viens, tu seras mon assistant.

La personne choisie par Ahmed n'était autre que Khaled, qui se faisait passer pour un spectateur. Ahmed lui demanda de remplir vingt-cinq verres de vin parce qu'il y avait exactement vingt-cinq spectateurs. Il mit ensuite une pincée de poudre dans chacun des verres et après, il demanda aux spectateurs d'en boire le contenu. Ces derniers étaient réticents à l'idée de boire du vin parce que selon la coutume du pays, il ne fallait pas en boire pendant la journée; seuls les débauchés agissaient ainsi. Ahmed essaya de les rassurer en buvant lui-même un verre de vin dans lequel il avait mis de la poudre et en leur disant que c'était de la poudre magique capable de transformer le vin en eau. Comme il vit qu'ils hésitaient encore, il demanda à Khaled de boire un verre.
Khaled but le verre et il eut l'air d'être vraiment surpris. Il affirma aux spectateurs que c'était bien de l'eau et qu'Ahmed était un vrai prodige.
Khaled fut tellement convaincant que tout le monde le crut et prit un verre de vin. Dès qu'ils eurent bu le vin, les spectateurs tombèrent par terre et s'endormirent. Ahmed et Khaled
prirent leurs vêtements et leur argent et filèrent.
Quand le calife et les autres spectateurs se réveillèrent, ils virent qu'ils étaient vêtus uniquement de caleçons.

- Tu es un génie, Ahmed ! Comment as-tu fait pour qu'ils s'endorment ? demanda Khaled.

- C'est très simple, j'ai mis une poudre qui fait dormir dans leurs verres tandis que dans les nôtres, j'ai mis du sel, répondit Ahmed.

- Ça alors ! Je n'avais rien remarqué.

Plus tard, Ahmed, toujours avec son déguisement, et Khaled allèrent donner leur butin aux pauvres du quartier de Faqir. Ils savaient bien qu'ils n'auraient plus besoin de voler grâce aux bijoux de la princesse mais ils le faisaient quand même pour le plaisir. Lorsqu'ils rentrèrent chez eux, ils tombèrent sur Abdel et des gardes du grand vizir qui les attendaient. Ahmed sentit qu'il se passait quelque chose de bizarre.

- Que signifie tout cela, Abdel ? demanda-t-il d'un air interrogatif.

- Mon maître, le grand vizir, veut vous voir, Khaled et toi, répondit Khaled.

- Et il fallait que tu viennes avec tous ces gardes ?

- Suivez-moi sans discuter.

Ahmed et Khaled obéirent docilement. Ils furent conduits dans une maison située près du port, où le grand vizir les attendait.

Les Voleurs De Bagdad [En pause et en réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant