Ellynn Morgan et les Chasseurs Noirs (tome 1)

7 - Timolas (troisième partie)

- Laisse-moi passer, siffla-t-elle entre ses dents.
- Pas tant que tu ne m'auras pas dit la vérité, répliqua-t-il sèchement.

Ellynn ne sut pas combien de temps ils restèrent ainsi à se dévisager.

- Comment se fait-il que tu contrôles le pouvoir de la Terre ? lui demanda-t-il.

Une brise soufflait sur la clairière, soulevant légèrement des mèches rebelles de l'homme. 

  - Je n'en sais rien, avoua Ellynn après un long moment.
- Tu es humaine ?
- Bien sûr que je le suis ! Tout le monde est humain !
- Plus ou moins...

Ellynn ne comprenait pas ce qu'il voulait dire.

- Que fais-tu dans ces montagnes ? continua l'étranger.
- Je suis à la recherche de quelqu'un.
- Qui ça ?
- En quoi est-ce que cela te regarde ?

L'inconnu sourit mais ne répondit pas à sa question.

  - Et si nous passions plutôt un marché ? proposa-t-il.

Ellynn ne voyait pas du tout où il voulait en venir. Elle n'avait pas de temps à perdre avec toutes ces bêtises mais il ne lui laissait pas beaucoup de choix. Toutes ses tentatives avaient été déjouées et lui donnait une bonne indication de ce qu'il arriverait si elle faisait un nouvel essai avec Gladius.

- Si je t'aide à retrouver ce que tu cherches, tu réponds juste à mes questions.

Elle le regarda dubitative. Sa proposition paraissait trop facile.

- Donc si je comprends bien : tu t'engages à m'aider... si je réponds à tes questions. C'est ça ?
- C'est exact, lui confirma-t-il en lui affichant son plus beau sourire.
- Qui me dit que tu n'essaieras pas de me capturer ou de me tuer dès que j'aurai le dos tourné ? Pourquoi aurais-je confiance en toi ?
- Parce que tu n'as pas le choix ? 

Il y eut un nouveau silence. Ellynn se sentait puérile face à lui.

- Tu as peur ? demanda-t-il d'un ton aimable en voyant qu'elle ne savait pas quoi faire.
- Je n'ai pas peur ! gronda Ellynn, sans bouger.
- Alors pourquoi ne pas accepter mon marché ?
- Parce que je ne suis pas stupide ! Il n'y a rien qui me garantit notre sécurité dans ton marché !
- Très bien. Et si je m'engage à ne pas vous attaquer tant que vous ne représentez pas un danger pour moi ou ma louve. Est-ce que cela te conviendrait ?
- Qu'est-ce qui me dit que tu respecteras ton engagement ?
- Tu as ma parole, répondit-il en lui tendant sa main.

Ellynn regarda sa main quelques instants puis descendit de son tigre. Elle devait être folle d'accepter un marché d'un inconnu mais elle ne savait pas quoi faire d'autre. Cela faisait des jours qu'elle errait dans ces montagnes et un peu d'aide, même venant de lui, était la bienvenue.
Quand elle se retrouva à quelques pas de lui, Ellynn remarqua qu'il faisait une bonne tête de plus qu'elle et qu'il était bien plus musclé que ce qu'elle avait cru voir. Il l'intimidait mais elle ne voulait pas lui donner la satisfaction de le remarquer. 

- Je m'engage à répondre aux questions que tu me poses, dit prudemment Ellynn, tant qu'elles ne mettent pas en danger la vie de mon tigre, ni la mienne. 

Elle tendit sa main à son tour, attendant de voir si cela lui convenait.

- Marché conclu ! répondit-il en lui serrant la main.

Leur poignée fut brève mais ferme. Ils avaient scellé leur accord, rendant toute marche arrière impossible. Son père lui avait un jour expliqué que donner sa parole équivalait à l'honneur d'un homme. Si celui-ci ne la respectait pas, il était à jamais discrédité.

- Alors, examinons tes options, déclara l'individu joyeusement.
- Mes options ?! s'exclama Ellynn en reculant. Nous venons de passer un accord ! Tu as donné ta parole !
- Cesse de t'emporter pour un rien, c'est déplaisant !

Ellynn prit sa remarque comme une véritable gifle.

- Donc, reprit-il comme si de rien n'était, examinons tes options. Nous savons tous les deux que tu as besoin de mon aide. Donc soit on convient que tu réponds directement à mes questions. Soit je garde mes questions pour la fin et tu y répondras à ce moment-là.
- Ca m'est égal ! répondit-elle irritée en s'éloignant de lui, Gladius sur ses talons.

Tout en cet homme l'énervait. Tout était drôle pour lui, comme s'il participait à un jeu. 

- Ne t'éloigne pas trop, lui ordonna-t-il. Je n'ai sincèrement pas envie de continuer à courir derrière vous. 

Cette fois-ci, ce fut Gladius qui rugit de mécontentement.

  - Ha, ha, ha, l'entendit-elle s'esclaffer dans son dos. Vous faites vraiment la paire à deux ! 

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