TEACHME [PUBLIÉ SUR KINDLE ET AMAZON LES 14 & 21 JUIN]

Chapitre 4 | Juliann

Un mois et demi plus tôt

Chez Juliann
Dimanche 19 Novembre
22 : 34

« Dors, ma puce, fais-je en déposant un baiser sur le front de ma fille.
— Je veux une histoire, papa, répond-elle à moitié endormie. S'il te plaît. »

Je souris, et même si ses yeux de chat manquent de me faire craquer, je ne cède pas. Nous avons passé un excellent weekend chez mes parents : Inès, Drew et Jarred ont dépensé toute leur énergie à faire des bêtises, et maintenant ma fille est morte de fatigue. C'est à peine si elle arrive à garder les yeux ouverts. Je suis sûr qu'elle commencera à ronfler dès que j'aurai fermé la porte de la chambre.

J'ai passé un bon weekend, mais je n'arrive toujours pas à digérer le fait que Johann ait été l'avocat de Théo... Je chasse ces pensées de ma tête et je me lève pour me diriger à pas de loups vers le couloir, puis dans les escaliers pour me rendre dans le salon. Une pile d'enveloppes est entassée sur la table basse : j'admets être une personne qui ramasse rarement son courrier, mais la boîte aux lettres s'est remplie de manière considérable en à peine deux semaines. Je suis curieux de savoir ce qu'elles contiennent, mais en général recevoir autant de lettres ne présage rien de bon.

Je m'installe sur le canapé, et commence à ouvrir la première lettre. Le papier est lisse entre mes doigts, il s'agit d'une petite enveloppe blanche tout à fait banale. Je déplie la feuille qui se trouve à l'intérieur et... Je fronce les sourcils car la page est totalement vierge, tout comme la petite enveloppe. Immaculées. Il n'y a ni mon adresse, ni celle de l'expéditeur, alors je devine que la personne est directement venue la déposer dans ma boîte aux lettres. C'est une blague ou quoi ? C'est avec la gorge nouée que je m'empare des autres enveloppes, et je réalise avec effroi qu'aucune d'elle ne comporte mon nom, ni celle de la personne qui me les a envoyées, et pourtant je sais qu'elles sont pour moi.

Certaines enveloppes sont lourdes et grandes, semblent contenir des photos. Je suis loin d'être con, je sais très bien de quoi il s'agit. Le harceleur d'Ava a décidé de s'en prendre à moi, et il va le regretter. J'ouvre quelques lettres et ce que j'y découvre me fait froid dans le dos. La peur et la haine se mêlent, me nouent l'estomac, C'est une horreur. Je ne pensais pas qu'il irait aussi loin.

Je te conseille de t'éloigner d'Ava ou tu le regretteras.
Est-ce que le principal est au courant que tu baises ton élève ?
Juliann, t'es en train de te mettre dans un sacré pétrin, je vais te dénoncer.
Qu'est-ce que tu lui trouves ?
Ava est à moi, je ne te permets pas de la toucher !
Je vais finir par m'en prendre à ta fille.
Ava est au courant pour ta femme ?
Si tu continues à la toucher, je vais devoir la tuer, Juliann. C'est ce que tu veux ?

Ces lettres rouges sur fond blanc me font bouillir de rage, mais je ne suis pas au bout de mes peines, car il y a une bonne dizaine de lettres comme celle-ci, et certaines sont accompagnées de photos. Des tas de photos d'Ava prises sous tous les angles et n'importe où : dans la rue, chez elle, dans sa chambre, pendant son cours de danse, dans les vestiaires pendant qu'elle se change, chez moi avec ma fille et Drew, dans sa voiture, au magasin, au lycée... Absolument partout. Ce chien la suit absolument partout. Bordel de merde !

Je fais valser les photos et me lève pour faire les cent pas, réfléchir. Je passe les mains dans mes cheveux pour tenter de canaliser ma colère et surtout mon impuissance face à cette situation. Ce taré a mis des caméras chez elle. Ce taré connaît son emploi du temps par cœur. J'ai la gerbe. Si je l'attrape, je jure de le tuer.