TEACHME [PUBLIÉ SUR KINDLE ET AMAZON LES 14 & 21 JUIN]

Chapitre 3 | Ava

Chez Ava
Vendredi 12 Janvier
07 : 30

    Les SMS ont plu toute la semaine. Des menaces plus effrayantes les unes que les autres, m'empêchant de dormir la nuit, et me rendant parano le jour. Je n'ai pas assisté aux cours de philosophie cette semaine, mais je ne peux pas sécher indéfiniment, alors il est temps pour moi d'y aller aujourd'hui.

Je finis de tresser mes cheveux, puis je me regarde dans le miroir. Mon état n'est pas aussi horrible qu'au début de l'année, mais on ne peut pas non plus dire que j'ai bonne mine. Mes cernes sont de plus en plus creux et violets, et mon regard ne reflète que de la tristesse. Je secoue la tête et me lève pour aider Drew à s'habiller.

« Maman, on va chez Inès ce soir ?
— Non, p'tit bonhomme. »

Je m'agenouille devant lui et caresse ses tresses.

« Tu ne peux plus aller chez Inès, Drew.
— Pourquoi ? »

Parce que son père est un enfoiré.

« Parce qu'avec Juliann, on est un peu fâché, et j'ai décidé qu'on irait plus chez lui.
— Pourquoi vous êtes fâchés ? Vous êtes plus amoureux ? »

    Si. Du moins, moi oui.

« Non, on n'est plus amoureux. Mais tu peux quand-même voir Inès à l'école ? »

Il hoche la tête, mais je vois bien qu'il a envie de pleurer. J'ai envie de tuer Juliann, car c'est encore sa faute. S'il n'y avait que moi, ça irait encore, mais là, il s'est servi de mes sentiments et de ceux de mon fils. Quel genre de pourriture fait ça ?

« Je suis désolée Drew. »

Je le prends dans mes bras et le serre fort pendant qu'il pleure contre moi. Je déteste le voir dans cet état, personne n'a le droit de faire pleurer mon fils. Je m'en veux d'avoir été horrible avec lui pendant toutes ces années, mais maintenant, c'est terminé. Et j'anéantirai toute personne qui tenterait de faire du mal à l'être que j'aime le plus au monde.

Lycée
08 : 45

    Contrairement à mon habitude, je m'installe au fond de la classe avec Luka, sans daigner regarder le prof de philo. J'emmerde son plan de classe à la con, je veux être le plus loin possible de lui. Ce n'est que lorsque je sens son regard sur moi que je daigne lever les yeux. C'est d'abord son jean que je vois, puis son sweatshirt gris. Il semble ne plus faire d'efforts pour venir travailler. Ses cheveux sont à peine coiffés, mais ce qui me choque le plus, c'est son visage tuméfié. Il a un cocard violet à l'œil, et sa lèvre est fendue. Qu'est-ce qui a bien pu lui arriver ? Nos regards s'accrochent, mais pour quelques secondes seulement, puisqu'il finit par commencer son cours.

Il est d'une humeur exécrable. Lui qui est d'habitude toujours enthousiaste est particulièrement désagréable aujourd'hui. Il ne supporte pas les bavardages et nous fait copier la leçon avec le moins d'explications possible.

« Qu'est-ce qu'il a ton petit ami ? me chuchote Luka.
— Ce n'est pas mon petit ami, je réponds les dents serrées. T'es chiant avec ça, Luka, lâche un peu l'affaire.
— Ça va, si on ne peut plus rigoler...
— Trouve des blagues plus drôles.
— Euh les deux du fond, je vous dérange peut-être ? »

    Je me crispe sur ma chaise. C'est quoi ce ton ? Cette façon de me regarder ? La haine dévore ses yeux qui étaient si pétillants avant qu'il ne foute tout en l'air. Je déteste ce qu'il est devenu. Ou est-ce qu'il a toujours été dans l'ombre ? Je lui lance un regard noir, puis reporte mon attention sur mon cahier.