Hazuliar [En pause]

30. Discussion

                 

Dans l'assemblée, le silence se fait encore plus pesant. Il dura un instant avant que l'impératrice s'adresse à tous par télépathie :

-Voici Nedel, un archer que j'ai trouvé sur le champ de bataille. Elle a un fort potentiel. Cependant, je ne vous ai pas donné l'autorisation d'entrée.

-Et bien, comme je n'avais aucune directive, j'ai fait ce que je voulais. Mais comme je ne suis pas une prisonnière, j'ai le droit, n'est-ce pas ?

            L'impératrice ne répondit rien. Le silence retomba sur le groupe. Tout à coup, Nedel entendit comme un bourdonnement. Très désagréable. Elle chercha des yeux l'endroit où se trouvait la bête. Le bruit s'intensifia. Soudain, à travers le bourdonnement, elle entendit une voix lui ordonner :

-Soumet-toi

            Mais la jeune femme, détestant l'ordre et faisant exprès de faire l'inverse de ce qu'on lui demandait, ferma son esprit. Elle imagina un champ, d'une belle taille. La personne qui voulait entrer dans son esprit se « matérialisa » à l'intérieur. Et quand elle marchait vers l'un des côtés, le champ se déplaçait avec elle. Nedel avait donc enfermé l'être dans son cerveau. Elle rigola intérieurement, pour une fois qu'avoir un cerveau rempli de vide été utile...

            L'elfe rouvrit les yeux quand la présence se dissipa de son esprit. Elle remarqua alors que tous les individus présents la regardaient avec attention. Certains avaient un regard fier, d'autres épouvantés. La jeune femme, que personne ne connaissait, venait de repousser sans plus de cérémonie l'impératrice. Les êtres présents la virent grimacer avant qu'elle ne plonge son regard dans celui de l'impératrice et ne lui dise :

-Il y a beaucoup de choses qui m'insupporte, mais je crois que le pire et quand on essaye de me dicter ma vie. Je peux suivre les règles si elles sont correctes. Je peux obéir aux ordres s'ils me semblent justes. Mais par contre, peu importe ce que vous me demandez, si vous essayez de me l'imposez, je vous enverrais balader. Je ne me laisserais pas manipuler. Je joue franc jeu avec vous, faites pareil avec moi. Sinon, notre collaboration se terminera aussi vite qu'elle a commencé.

            Sur ses mots, l'elfe se retourna dans l'intention de quitter la tente. Pourtant, un bruit la retient. C'était un applaudissement. La jeune femme se retourna et vit l'homme à cape frapper dans ses mains. Cela ne sembla pas le déranger d'être le seul. Finalement, il s'arrêta et se redressa. Il s'approcha de l'elfe et l'observa avec attention. Nedel fit de même.

            L'homme devait avoir entre 20 et 25 ans. Il avait des yeux marron foncé et des cheveux noirs. Une barbe de deux jours commençait à lui recouvrir les joues. Une fine cicatrice marquait sa tempe. Sa peau était légèrement halée. Maintenant qu'il était face à elle, elle vit sa tenue. Caché sous la cape, une armure de cuir noir. Toute sa tenue était noire, même ses gants et ses chausses. La jeune femme planta son regard dans celui de l'homme, légèrement plus grand qu'elle. Un duel se passa. Il s'arrêta quand l'elfe de maison leur demanda :

-Alors, Acus, que penses-tu d'elle ?

-Parfaite, elle a assez de caractère pour ce faire obéir et elle à l'air de savoir manier ses armes.

-Sinon vous me demandez en face, c'est aussi une solution, fit remarquer Nedel

-Miss, allez-vous servir la cause ? Demanda brutalement l'énorme monstre

-Peut-être, peut-être pas... Comment pourrais-je vous répondre sans avoir toutes les cartes en mains ? Présentez-vous et expliquez-moi, ensuite, je vous répondrais.

-Elle n'a pas tort. Je me présente, Acus. L'être avec le dragon s'appelle Relph et son compagnon Ether. Le grand s'appelle Raurlcan et son animal Furie. Voici l'impératrice et son addanc.

-Notre but est de renverser le roi. De rétablir un dirigeant pour chaque peuple et pas un dirigeant élu par les rois humains, continua Raurlcan

-Les rois humains ? S'étonna Nedel

-Oui, le roi est élu parmi un groupe de roi et de prince. Chaque royaume dirige une partie du monde connu. Tous les dix ans, les dirigeants votent pour que l'un d'entre eux soit le dirigeant suprême. Généralement, le pouvoir suprême se partage entre deux familles, car ce sont les royaumes au centre du continent et les plus riches. C'est pourquoi la guerre dure encore, expliqua Acus

-Mais les rois des autres pays ne peuvent pas s'allier pour prendre la tête ?

-Ils pourraient. Certains nous ont rejoints, d'autres ont quitté l'alliance, mais beaucoup s'en lavent les mains. Ils savent qu'ils n'ont pas les capacités de gérer les conflits. Soient ils n'ont pas assez d'hommes, soient ils sont trop pauvres. Un seul royaume pourrait peut-être tout changer, le royaume du nord.

-Alors pourquoi ne le fait-il pas ? Demanda, curieuse, Nedel

-Waleran est le prince héritier. Normalement, il devrait être roi depuis la mort de son père depuis maintenant six ans. Mais il ne veut pas des responsabilités. Il a donc refusé de se faire couronner. Alors, il y a des problèmes, son frère, plus banquier que guerrier, à apporter la richesse au pays, Waleran, prince guerrier, forme les hommes. Son pays est beaucoup plus fort que tous les autres. Mais pour faire changer les choses, il doit prendre la tête des royaumes et il ne veut pas. Il se la joue héros des légendes. Il a grandi dans les meilleures conditions et ne comprend pas que les pauvres n'en peuvent plus. Il croit que tout le monde lui obéira quand il le voudra. Il veut le pouvoir sans les problèmes. Bien sûr, il répondra que non, mais c'est un fait. Quoi qu'il en soit, c'est ainsi. Au départ, nous cherchions à faire cohabiter tout le monde, maintenant nous avons compris la leçon. Nous allons conquérir tout le continent, par les armes et nous soumettrons tous les rois. Ensuite, nous établirons des frontières. Chaque peuple aura son royaume et ses coutumes.

-C'est un bon projet, cela m'intéresse, mais quel sera mon rôle ?

-Dirigez l'armée et devenez un symbole. Battez-vous pour la cause, répondit l'impératrice.

            L'elfe sourit. Elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. Et on venait de lui servir une armée sur un plateau d'argent. Elle pensa soudain à son amie, qui avait déjà dû monter son groupe. Un frisson de plaisir la parcouru. Même si elles avaient la même cause, elles n'avaient pas le même chemin. Celle qui gagnerait serait celle qui dirigerait le monde. Inconscient, les paris étaient déjà lancés.