Peut-être qu'elle n'était pas bien.

Je pensais trop.

***

C'était le milieu de la nuit. J'étais en train de dessiner, dans son lit. J'avais mal au poignet, mais je n'arrêtais pas de poser mon crayon sur le papier. J'avais dessiné son corps nu, de devant. J'avais dessiné sa poitrine. Et son regard. Et son visage en plein orgasme. Mais rien n'apaisait mon mal.

Pris d'une soudaine idée, je pris mon cellulaire en recherchant Claire, sur le site Internet d'AirPersonnal.

La compagnie aérienne avait une section pour les membres, qui nous permettait d'avoir les coordonnés des hôtesses. Et je voulais le numéro de Claire, pour pouvoir l'appeler. Même s'il était une heure du matin.

Composant son numéro, j'attendis quelques sonneries. Son répondeur embarqua. Je pinçai les lèvres, avant de le recomposer. Le même manège.

Après mon quatrième coup de fil, elle répondit, la voix essoufflée, qui témoignait de ses activités nocturnes.

-Claire? C'est Harry.

-Harry? dit-elle en toussotant, devenant plus sérieuse.

-Je... Je m'excuse de t'appeler en plein milieu de la nuit. Le truc, c'est que... Adèle, je ne la retrouve plus.

Il y eut un petit silence, à l'autre bout de la ligne.

-Adèle est partie? demanda-t'elle d'une voix tremblotante.

-Oui. Tu n'aurais pas une petite idée de l'endroit où elle pourrait se trouver? demandais-je, en essayant de retenir le trémolo dans ma voix.

Décidément, je vivais bien mal avec le fait de n'avoir aucune idée d'où se trouvait Adèle.

-Non, Harry. Je ne sais pas. Adèle est mystérieuse. Je ne sais rien d'elle. Essaie de regarder dans sa chambre, si tu ne trouverais pas des indices... Et tiens-moi au courant, d'accord? J'espère que tout ira bien pour elle, murmura Claire.

-Je vais faire ça. Je te rappelle. Où es-tu, maintenant? J'ai fait un longue-distance, pour t'appeler...

-Je suis à Madrid, en Espagne. Je prendrai le premier avion, si jamais tu as besoin de moi. Tu connais mon numéro, maintenant, soupira-t'elle en pensant probablement à Adèle.

Quelques secondes plus tard, je raccrochai.

Est-ce que je fouillais dans ses trucs?

Je veux dire, c'était peut-être impoli. C'était son jardin secret, ses souvenirs.

En même temps, peut-être que je pourrais avoir une bonne idée de son emplacement.

M'approchant lentement de son meuble de vêtements, je l'ouvris. Lentement.

Je n'aimais pas fouiller dans sa chambre. J'avais l'impression de brimer sa confiance. Elle qui avait si souvent tenue à me tenir loin de son passé, j'allais peut-être tout comprendre.

Comprendre pourquoi elle avait peur des hommes. De la sexualité. De la proximité.

Comprendre pourquoi elle avait quitté sa famille, pourquoi elle vivait dans l'ombre, pourquoi elle s'était fait poignarder les hanches.

Et je n'étais pas sûr de vouloir tout comprendre. Ça semblait être un lourd secret. Trop lourd.

Regardant finalement le tiroir que j'avais ouvert, j'eu un soulagement. Rien d'autre que des jeans.

Ouvrant les autres, je soupirai de bonheur. Seulement que des vêtements.

Je me dirigeai ensuite vers sa coiffeuse. Regardant ses produits de toilettes, je pris une petite bouffée de son eau de toilette, souriant à l'odeur qui imprégnait ses draps et son corps. Elle me rappelait hier soir, cette odeur douce et fruitée.

Exorable.Where stories live. Discover now