Wedding Bells

Aujourd'hui était un jour particulièrement important. Pourtant, Nicholas eut besoin de quelques minutes avant de se rappeler ce qui le rendait si important. Il avait un gros trou de mémoire et chaque fois qu'il essayait de se souvenir, il se heurtait à un immense trou noir. Il se passa une main sur le visage pour chasser les derniers restes de sommeil. Cela n'eut aucun effet. Il était dans les vapes. De plus, il avait mal au crâne et dans les muscles. Ses souvenirs de la veille étaient inaccessibles. Qu'avait-il bien pu faire pour se retrouver dans un état pareil ? Il soupira, vira sa couette et s'assit sur le bord du lit.

Ce fut une erreur monumentale. Sitôt qu'il se fut redressé, la pièce se mit à tourner et son estomac se retourna. Sa première réaction fut de se précipiter aux toilettes pour être malade. Ce ne fut que lorsqu'il se rinça la bouche et le visage qu'il commença à avoir des souvenirs un peu flous de sa soirée. Il avait pris une cuite, ça, c'était certain. Mais pour quelle raison ? Et pourquoi était-il nu ? Il retourna dans sa chambre et constata qu'elle était retournée. Il ramassa un caleçon qui traînait sur le sol et l'enfila. Qu'est-ce qu'il avait encore foutu ? Si sa chambre était dans cet état, le reste de l'appartement ne devait pas être mieux. Il était bordélique quand il était bourré.

Il passa un survêtement et se rendit dans la cuisine. Comme il le pensait, le reste de l'appartement était aussi retourné que sa chambre. Des boites de pizzas, des gobelets en plastique et des bouteilles d'alcool jonchaient le sol et la table basse du salon. Cela lui confirma une chose : il n'était pas seul la veille. Il n'aurait jamais pu ingurgiter autant de cochonneries à lui tout seul. Il avait dû organiser une fête mais ne s'en souvenait pas. Ça lui était souvent arrivé quand il était plus jeune. Il avait alors moins de mal à se remettre de ses soirées alcoolisées. Il n'avait aucune idée du truc important qui se passait aujourd'hui mais il était certain d'avoir du mal à assumer.

Il se versa une grande tasse de café qu'il passa au micro-onde. Peut-être que ça le réveillerait un peu. Il devait trouver la motivation de ranger son appartement et de prendre une douche. Il ne se souvenait pas qui s'était invité la veille pour la fête mais un coup de main avant de disparaître aurait été bienvenu. Les gens étaient partants pour la fête mais pas pour le rangement. C'était désolant. Nicholas avala son café lentement en jaugeant les dégâts. Tout ce boxon l'occuperait au moins quelques heures. Il prit une aspirine en plus du café pour éloigner le mal de tête. Il attendit un soulagement quelconque puis se mit au boulot.

A l'aide d'un grand sac poubelle, il ramassa gobelets, bouteilles, boites en carton et papiers à jeter. C'était l'étape du ménage post-fête la plus pénible. Au moins, cette fois, il ne trouva pas de capotes usagées. Ça lui était déjà arrivé une fois après une fête dans une fraternité. Les adultes avaient visiblement plus de tenue. Ou pas, songea-t-il en ramassant une paire de menottes à fourrure. Une strip-teaseuse était passée par là. Il ne se rappelait pas en avoir appelé une. Il devait apprendre à contrôler son débit de boisson lors des fêtes. Ça ne lui réussissait pas. De plus, il était frustré de ne pas se souvenir de ce qu'il devait faire aujourd'hui.

Quand il eut fini de faire le tour des pièces et de ramasser ce qui devait l'être, il ferma le sac-poubelle, ouvrit la fenêtre de la cuisine et le jeta dans la benne trois étages plus bas. Ensuite, il passa l'aspirateur et lava entièrement l'appartement. Il aéra et finit son petit ménage. En entrant dans la salle de bains, il vit la housse contenant son smoking accroché sur la porte de la douche et se souvint soudain du truc important : le mariage de Katlyn. Dès lors, de nouveaux souvenirs un peu flous de la veille déferlèrent dans son esprit. La veille avait été l'enterrement de vie de garçon. C'est ce qu'ils avaient fêté à grand renfort d'excès.

Nicholas se sentit soudainement déchiré de l'intérieur. Katlyn. Il avait longtemps essayé de l'oublier mais elle revenait toujours le hanter. Pourquoi l'avait-elle seulement invité à son stupide mariage ? Il était rentré un jour et avait découvert le faire-part dans sa boîte aux lettres. Dans un accès de rage, il l'avait mis en pièces. Il avait toujours été impulsif mais jamais violent. Il se maudit d'avoir accepté d'y aller. Il n'avait pas prévu d'y mettre les pieds mais il avait fallu qu'elle vienne le lui demander en personne. Il ne savait définitivement pas lui dire non et c'était un tort terrible. Cette fille le rendait dingue.