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LES ÉLECTIONS MUNICIPALES


En 1989, mon mari a été élu Maire dans des conditions assez rocambolesques. Il était déjà candidat en 1983, mais il fut battu écarté à la faveur d'un ancien.

De 1983 à 1989, la commune était gérée par un maire de droite, sympathique au demeurant - quoique d'un abord un peu distant avec ses concitoyens, dû je pense à une grande timidité - mais néanmoins, il était très droit. Nous pensions, mon mari et moi-même que les élections ne devaient poser aucun problème pour lui : on ne le voyait aucunement battu et du reste, seule sa liste semblait devoir se profiler à l'horizon des élections de mars 1989.

Or, trois semaines avant l'échéance électorale, des voisins venaient régulièrement harceler mon mari afin de former une liste d'opposition au Maire ; je pensais moi-même voilà encore bien des "courageux mais pas téméraires" ou comme dirait quelqu'un que je connais bien dans son jargon ferroviaire : "du genre blessés au talon en faisant face à l'ennemi !" enfin de ceux qui poussent les autres sur le devant de la scène et se défaussent à la moindre occasion.

Bref, les petites villes deviennent de plus en plus politisées, on va en faire l'expérience.


Il faut dire que lors des élections de 1983, des conseillers avaient été élus appartenant à la liste qu'avait présentée mon mari avec lesquels nous étions restés, du reste, en bonne relation. Jusqu'ici, rien de plus naturel. Ces conseillers prétendaient s'être très bien entendus avec le Maire de droite - ce qui pour nous ne posait aucun problème dans un petit village rural - mais certains voisins et amis ne l'entendaient pas de cette oreille et traitaient ces élus de "faux frères"... Ces élus qui tous repartaient logiquement pour un second mandat avec leur Maire.

Parallèlement des citoyens qui jugeaient mon mari bien placé "dans les sondages Ifop" du village continuaient à le presser sans cesse jusqu'au jour où cette fameuse deuxième liste s'est formée et s'est allongée, petit à petit, avec des personnes qui s'affichaient de gauche, mais pas la gauche molle, la gauche pure et dure. Cela corsait un peu le problème. Des éléments de cette liste dite de gauche avaient un fort tempérament et voulaient afficher la couleur sur la profession de foi, un avant-goût des "frondeurs" : des précurseurs en quelque sorte. Et c'était parti pour les grandes manœuvres !

Nous voici à la veille des ces journées électorales. Or, des individus de ladite liste de gauche avaient arrêté la règle du jeu à savoir que tous les candidats élus ou non décideraient lequel d'entre-eux serait le Maire au cas - bien improbable pour nous - où leur liste serait élue majoritairement.
Au soir du premier tour électoral, seuls 7 candidats de la liste du Maire sortant sont élus, lui-même n'y étant pas. Dans la liste dite "de gauche" : aucun candidat mais tout restait possible car il fallait élire au deuxième tour une majorité. Vers quel côté pencherait la balance : vers la droite ou vers la gauche ?


Entre les deux tours : stupeur, une troisième liste se présente - incomplète certes - mais elle se présente avec des partisans de l'école libre et de la "calote", bref, pas la droite molle mais la droite pure et dure. Le goût du pouvoir est un poison qui peut ronger les âmes les plus pures. On soupçonnait un adjoint du Maire sortant, élu, lui, au premier tour, de manœuvrer ces "âmes pures et bienheureuses" en sous-main pour évincer les colistiers du Maire sortant.
Au soir du second tour : coup de tonnerre : ce sont les 8 candidats de la liste de gauche qui sont élus face aux 7 de la liste dite "de droite modérée" élus au premier tour. C'est l'exultation évidemment chez les candidats de la liste dite "de gauche": on fait bombance pour fêter cette victoire inespérée mais la liesse sera de courte durée ! Dans la semaine fort agitée qui a suivi cette élection, branle-bas de combat du côté des "gauchistes" car il fallait désigner qui serait le candidat Maire conformément à ce qui avait été décrété. Dès le lundi ce candidat est désigné au cours d'un vote à bulletin secret : mon mari l'emporte à la majorité. L'assemblée se disperse mais l'on sentait d'énormes tensions, on voyait (déjà) des mines déconfites et voilà un individu parmi ceux qui avaient été élus - celui qui avait obtenu le nombre de voix le moins élevé comme par hasard - déclarait vouloir vraiment emporter la place de Maire. Bonjour l'ambiance parmi les colistiers !

Chroniques villageoisesWhere stories live. Discover now