Ellynn Morgan et les Chasseurs Noirs (tome 1)

6 - Avis de recherche (quatrième et dernière partie)

- Puis-je baisser les bras ?

La femme dictatoriale lui fit signe que oui.

- Merci, dit Ellynn en tentant un sourire qui se voulait encourageant.
- Je suis Irène, la femme du chef de ce village, dit-elle sans se détacher de son ton autoritaire. Et voici Mylène, Sonia, Agathe et Éliane. Vous dites que vous êtes à la recherche de quelqu'un. Qui est-ce ?
- Amos. On m'a dit qu'il vivait dans les Pyrénées.
- C'est vaste les Pyrénées.
- Je sais. Mais je n'ai reçu aucune autre information malheureusement.
- Et pourquoi le recherchez-vous ?

Les choses se compliquaient. Il était naturel que la femme lui pose cette question mais elle ne voulait pas lui donner des renseignements qui pourraient se retourner contre elle. 

- C'est un ami à ma grand-mère. Sur son lit de mort, elle m'a fait jurer de le retrouver et de lui remettre l'épée que tient votre amie, mentit-elle.
- Pourquoi ?
- Je n'en ai pas la moindre idée.

Irène la regarda encore un moment puis baissa son arme.

- Vous semblez ne pas avoir mangé à votre faim ces derniers temps. Agathe vient de préparer le repas et nous nous apprêtions à nous mettre à table. Souhaitez-vous vous joindre à nous ?
- Euh, commença Ellynn étonnée que la femme du chef lui offre gentiment le couvert alors que c'était une parfaite inconnue à ses yeux. C'est... C'est très gentil de votre part madame.
- Appelez-moi Irène. Venez !

Irène l'intima à la suivre et se dirigea vers la deuxième petite maison du village. Les autres la suivaient de quelques pas, jetant des coups d'œil anxieux par-dessus leur épaule pour voir si Ellynn les suivait. 

- Mylène ? Sonia ?
- Oui, répondirent les principales intéressées en se pressant pour se rapprocher de leur chef.
- Occupez-vous des enfants. Je n'ai pas envie qu'ils interrompent sans cesse notre conversation. Agathe ?
- Oui ?
- Nous prendrons le repas chez moi. Peux-tu nous y amener de quoi manger s'il-te-plaît?
- Bien sûr, dit-elle en s'exécutant dans la seconde. 

Ellynn avait rarement vu une femme dotée d'une autorité aussi naturelle que celle d'Irène. Elle ne devait pas poser la question deux fois pour que les autres vaquent à leur tâche sans poser la moindre question. Elle donnait l'impression de régner sur ce petit village en grande maîtresse.
Arrivées devant la deuxième habitation, Irène maintint la porte ouverte pour qu'Ellynn puisse entrer en premier lieu. La maison n'était pas très grande ni lumineuse mais quand ses yeux s'habituèrent à la pénombre, elle vit que l'intérieur était malgré tout très confortable. Il y avait une grande table en bois qui prenait la moitié de la pièce et un feu ouvert qui paraissait anormalement grand pour un si petit séjour. Il y avait sur le feu les restes de la veille et les quelques sièges devant la cheminée étaient recouverts de peaux de bête. 

- Installez-vous à table, lui proposa Irène.

Ellynn se dirigea vers une chaise et s'y installa confortablement, attendant que son hôte s'installe à son tour en face d'elle. Éliane les avait également suivies mais resta un peu en retrait, l'épée toujours dans ses mains.

- Agathe ne devrait pas tarder, se justifia Irène.

Ellynn acquiesça, ne sachant pas trop quoi lui répondre.

- Comment s'appelle-t-elle encore ?
- Il, rectifia directement Ellynn. Il s'appelle Amos. 

Irène jeta un regard interrogateur vers Éliane mais cette dernière ne semblait pas en savoir plus que sa chef.

- Il faut savoir qu'il y a peu de gens qui aiment vivre dans les montagnes, expliqua Irène sans se défaire de son ton dictatorial. En hiver, les températures peuvent descendre très bas, rendant nos conditions de vie très rudes. Les animaux sont rares et nos hommes doivent parfois descendre plus bas pour pouvoir nous ramener de la viande. Le seul village voisin que nous avons se situe à quatre jours de marche, plus à l'ouest. Peut-être que là, vous trouverez de l'aide.