~ Chapitre 3: L'Examen ~

41 5 8
                                    

"Monsieur Delmos, s'il vous plaît." La voix stridente de la secrétaire me fait comme un coup de couteau dans le crâne. Je plisse les yeux à cause de la douleur et tourne mon faible regard vers Rossen.

Il se lève et se dirige vers la petite femme habillée tout de bleu. Son tour est venu. Nous ne sommes plus que 3 dans la salle.

Nous étions 7 au départ. L'examen ne se passe pas dans un établissement scolaire, et toutes les personnes devant le passer dans la région se retrouve au même endroit. Rossen était le seul visage qui m'est familier.

J'aurais pensé que le voir avec sa bonne humeur m'aurait conforté. Mais il était presque plus déprimé que moi. Lui qui est toujours jovial... Les autres adolescents, ou jeunes adultes, en face de moi ne me semblent pas heureux mais ils n'ont pas notre air de déprimé non plus.

Je n'ai pas perdu ma motivation en ce qui concerne réussir l'examen. Mais la fatigue et la peur se sont emparés de moi peu après être rentrée chez moi et ne m'ont pas quittée depuis.

Je n'ai quasiment pas dormi cette nuit. De mon retour de l'hôpital à mon départ pour ce matin, j'ai regardé, pour la énième fois, les 2 premières saisons de Sherlock et fini To Kill A Mockingbird. Le sommeil ne m'a gagné qu'une heure avant la sonnerie de mon réveil. Cette fois ci, c'était Sweet Home Alabama.

Cette nuit là, mes pensées étaient pire qu'éparpillées. Au départ, la motivation de la réussite pour Célina s'était emparée de moi. Puis je me suis souvenue des enjeux, mais j'avais encore tout mon courage. Puis le visage attristé et morne de Rossen revint à mon esprit. Lui qui était si heureux d'enfin pouvoir passer l'Examen. Lui qui désirait tellement se détacher du secret de son gène. Lui qui maintenant semble vouloir tout faire pour ne pas passer cet Examen.

Depuis que nous nous connaissons, Rossen a voulu braver les lois et qu'on se dise nos gènes. En d'autres circonstances, j'aurais sûrement dit oui. Mais, plus qu'avoir peur d'être dénoncée et éliminée, j'avais peur qu'il me juge pour ce que je n'ai pas et qu'il m'abandonne. Se faire des amis dans un établissement scolaire géré entièrement par l'État à cause de nos gènes n'est pas si simple. Impossible presque. C'est pour ça que Rossen est mon seul vrai ami. Les autres sont plus des connaissances permise par les connaissances de mes parents. Je ne voulais pas et ne veux toujours pas perdre Rossen.

Abel, connaissant les difficultés d'avoir des amis dans notre établissement et conscient de mon problème, s'amusait souvent à nous imaginer ensemble Rossen et moi. Tel deux amoureux. Je l'ai toujours contredit, lui ai toujours dit quece n'était qu'un ami et que quoi qu'il en soit, jamais je ne me marierais et n'aurais d'enfant. Je ne veux pas qu'on vive ce mensonge.

Mais je dois admettre que je tiens à Rossen. Et j'espère qu'il tient assez à moi pour ne pas m'abandonner après cet épreuve.

Une voix me sors de mes pensées. L'un des autres élèves est appelé. Nous ne sommes plus que deux.

Au-dessus de la porte, une horloge. Je prends mon poul et tente de me caler avec les secondes. Je ne connais pas le gène de mon examinateur. Si il est télépathe, je dois vider mon esprit. Ne pas le laisser voir ce qu'il n'y a pas à voir. Je dois me calmer.

En me concentrant, j'arrive à attendre le bruit de l'horloge. Tic tac. Je dois me calmer. Tic. Faire le vide. Tac. Je ne. Tic. Dois. Tac. Pas. Tic. Penser.

La porte s'ouvre avant le tac suivant. Un homme se tient debout, le regard posé sur moi. Mon heure est venue.
"Mademoiselle Dorainier, veuillez me suivre. "
Mes jambes se levèrent sans l'accord de mon esprit, suivant l'automatisme de l'appel. Reculer est impossible, ce serait de la lâcheté. Il est temps de sortir le grand jeu.

GénomeWhere stories live. Discover now