Partie 28 : Révélations - 2

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Sytry et Rémmona étaient en pleurs, tous comprenaient la souffrance que Kea avait dû ressentir en prenant cette décision. 

Que pouvait-il y avoir de pire que de disparaître de la mémoire des personnes qui nous tenaient le plus à cœur.

Yuan regardait la jeune femme et réalisa à quel point il s'était trompé sur son compte. Kea avait accompli le plus inimaginable des sacrifices. Cela ne faisait que confirmer toute la force qui l'animait et qu'il avait pu percevoir en elle à de multiples occasions.

— Mais, pourquoi Manakel n'a-t-il pas supprimé tes souvenirs ? la questionna Zaebos. Vu la magie qu'il déployait, cela n'aurait pas beaucoup changé la donne pour lui et tu n'aurais pas eu à souffrir de leur perte.

Kea le regarda de ses yeux tristes.

— Parce que je ne voulais pas qu'il le fasse, lui révéla-t-elle.

Une larme roula le long de sa joue.

— Mes souvenirs étaient la seule chose qu'il ne pouvait pas me prendre. J'avais déjà tout perdu, et imaginer un seul instant que je pourrais oublier leur existence... c'était trop dur. Ils étaient tout pour moi, je les aimais à n'en plus finir. Comment aurais-je pu me le pardonner ?

Une question brûlait les lèvres d'Elwenn, elle devait savoir :

— Qu'est-il arrivé à ton enfant ?

Kea resta muette quelques instants, avant de trouver le courage de lui répondre.

— Il n'a pas survécu à la traversée. L'embryon n'a pas tenu le choc.

Même cela, Manakel avait réussi à le lui enlever... l'idée qu'elle puisse un jour être mère. Elle avait dû en faire son deuil et c'est ce qui avait été le plus difficile à accepter dans cette perte.

L'enfant n'avait pas encore eu le temps de se former, et Kea n'aurait de toute façon jamais pu supporter le voir grandir auprès de ce monstre. Mais cela n'avait pourtant rien enlevé à sa peine et elle pleurait toujours l'être qu'il aurait pu devenir. Fruit d'un parfait amour.

Elle se perdit dans ses souvenirs, repensant aux jours qui avaient suivi son arrivée sur Aderoth. Une lente descente aux enfers.

***

« Tout était calme. La traversée du portail menant vers Aderoth, cette terre qui lui était encore inconnue, avait été particulièrement agitée. Un bourdonnement incessant l'avait suivie durant les deux minutes qui lui avaient été nécessaires pour passer d'un monde à l'autre. Deux minutes qui lui avaient paru une éternité. 

Et désormais, tout était calme. Le contraste avec l'agitation de la traversée et l'état de nerfs dans lequel se trouvait Cléophée était saisissant.

Elle ouvrit les yeux péniblement et observa autour d'elle à la découverte de ce lieu nouveau qui deviendrait son quotidien. 

Une douce chaleur réchauffait son visage et elle aurait aimé pouvoir trouver l'endroit horrible, mais elle était obligée de reconnaître qu'il était pourtant magnifique. 

Elle était étonnée de ne pas retrouver dans ce paysage onirique la lumière du soleil et la fraîcheur du vent qui soufflait pourtant actuellement sur la partie du monde qu'elle venait de quitter. 

Le ciel était dans des teintes rouge-orangé que Cléophée découvrait pour la première fois.

Ici, il n'y avait pas une brise de vent, mais cela s'expliquait peut-être par les énormes murs qui entouraient le portail que venaient de franchir Cléophée et le démon qui l'accompagnait. Manakel avait construit sa forteresse autour de l'énorme tourbillon qui servait de passage vers la Terre.

Les Démons d'Aderoth (Edité : Valala Drakht)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant