XXIII. Damoiselle Rose, par de menus détails intriguée

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– Et bien puisque c'est comme ça, moi je boude ! finit par éclater Edelweiss après qu'Inga et quelques autres l'aient à nouveau longuement sermonnée, pour finir par refuser définitivement d'entrer en matière sur ces fameux pièges à mettre en place aux alentours du sanctuaire.

La petite blonde croisa les bras et leva le nez, adoptant une attitude hautaine qui faisait étrangement ressortir son profil de jeune damoiselle fragile. Edelweiss dégageait généralement une telle confiance en elle, une telle prestance, que Rose en venait souvent à oublier qu'elle n'était après tout que sa petite sœur de seize ans, qui ne devait pas mesurer beaucoup plus qu'un mètre cinquante-cinq et demeurait légère comme une plume, malgré son amour de la bonne chère. À côté d'elle, Aguaje adopta sensiblement la même attitude boudeuse, mais sur un grand gaillard de plus d'un mètre quatre-vingt, la chose s'avérait remarquablement plus ridicule. À côté de Rose, Chardon ne put d'ailleurs s'empêcher de pouffer, mais elle fut bien la seule. Inga et les anciens, eux, fulminaient en silence.

– Très bien ! pesta finalement la meneuse des indiens, d'une voix clairement exaspérée. Partez dans la forêt, amusez-vous donc à bâtir vos petits pièges. Mais sachez que je ne mettrai pas un seul de nos guerriers à votre disposition pour vous aider ! Vous êtes seuls !

– Bah, qu'importe ! répliqua Edel. Les licornes nous aideront !

Et en prenant bien garde à garder le nez en l'air et à contempler ses adversaires avec dédain, elle prit le chemin de la sortie, imitée par Aguaje. Ce dernier profita du passage pour jeter quelques œillades à la compagnie, et Rose put observer plusieurs jeunes indiens lui répondre d'un vague hochement de tête, signifiant sans doute qu'ils le rejoindraient pour l'aider dans son entreprise. La rébellion était donc ouvertement amorcée dans le paisible village des indiens.

– Ne t'inquiète pas, chuchota encore le jeune homme en passant à proximité de Rose. Je te ramènerai ta sœur entière. Hors de question de la laisser se mettre en danger.

La rouquine lui en fut reconnaissante, et lui adressa un demi-sourire discret pour l'en remercier. Puis, la hutte redevint silencieuse, et les débats entre les anciens purent reprendre.

Chardon et Rose s'en désintéressèrent assez vite, et la brunette finit même par s'éclipser, sans doute dans l'optique de rejoindre Valerian.

– Le pauvre chéri, il a dû si mal dormir... se justifia-t-elle auprès de Rose lorsque celle-ci lui adressa un regard lourd de sous-entendus. Je vais seulement voir s'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour soulager sa douleur.

Elle termina sa réplique sur un clin d'œil égrillard, qui laissa comprendre à Rose qu'elle avait plutôt intérêt à se tenir éloignée de leur hutte pour l'heure à venir, sous peine d'être témoin de scènes auxquelles elle ne souhaitait assurément pas assister. La rouquine demeura donc seule dans la hutte, à attendre qu'Inga et les siens daignent enfin libérer Olivier, sur lequel il lui tardait de lancer son grappin. Après leur pseudo-dispute de la veille, Rose se sentait perturbée, presque coupable, et souhaitait remettre les choses à plat avec lui aussi tôt que possible.

Aux yeux des indiens, la survie de l'Île semblait malheureusement prioritaire par rapport aux peines de cœur d'une jolie damoiselle, et Olivier demeura le centre de l'attention pendant plus d'une heure encore. Puis, le vieillard insulté par Edel décréta finalement qu'il était l'heure de l'apéro, et d'un commun accord, l'assemblée se glissa hors de la hutte de branchage afin d'aller quérir quelques rafraîchissements bien mérités. Rose, elle, s'étira un peu et se précipita à la suite d'Olivier.

– Bonjour Rose, l'accueillit ce dernier, en esquissant un sourire prudent et en se gardant bien de l'approcher.

– Hey ! le salua la rouquine, beaucoup moins sur la défensive. Je te kidnappe.

Pétales de Rose et rameau d'OlivierWhere stories live. Discover now