Celte Tome 1 : Cernunnos (ancienne version)

Chapitre 13 : La fille de Bélénos

Une gerbe d'eau salée sur mon visage.

Une lumière intense qui traversait mes paupières.

Un cri.

Un choc contre ma poitrine.

J'entrouvris mes paupières, et il me sembla qu'elles pesaient une tonne. J'avais mal partout, et tout mon corps était engourdi. Bon sang, mais que c'était-il passé ? J'avais l'impression qu'un troupeau d'éléphants enragés m'avaient sauvagement piétiné. Et puis pourquoi je voyais tout flou. J'entendis le bruit d'une vague qui se fracasse contre la pierre, et quelques gouttes se logèrent dans mes yeux, déjà douloureux.

-Aaah, gémis-je.

Je sentis quelqu'un s'agiter à côté de moi.

-Oh mon dieu, elle se réveille ! Elle est vivante, elle est vivante !

Des mains chaudes se posèrent sur mon visage glacé, et on me tourna la tête.

-Gwen, ça va ?

Ma vue commençais à s'améliorer et je distinguai le visage inquiet de Ninon, ses grands yeux bleus rougis par les larmes.

-Bof, grommelai-je. On est où ? Qu'est-ce qui s'est passé ?

Elle ne répondit pas, et tourna la tête vers la droite. Je reconnus la voix de Cernunnos.

-Tu ne te souviens de rien ?

Je me mis alors à réfléchir. Le bateau. Les sirènes. Le moteur cassé. Et enfin, l'éclair.

-J'ai réussi ? On est arrivé au phare de la jument ?

-Oui, on y est, répondit simplement Cernunnos.

Mais Ninon ne se contenta pas d'une telle sobriété.

-C'est pas la question, Gwen ! T'es complètement malade ! Tu aurais pu te tuer, espèce de folle ! Tu ne peux même pas imaginer à quel point j'ai eu peur ! Je t'ai cru morte, Gwen. Morte !

Là, le son avait augmenté d'un coup, et mes tympans se mirent à siffler.

-Oui, ben crois-moi, je préférais quand tu me croyais morte. Je viens de perdre 10% d'audition. Aide-moi à m'asseoir, plutôt, grommelai-je.

Elle plaça sa main sous mon dos, et avec Cernunnos, ils réussirent à me mettre en position assise. Je posai la tête sur la pierre humide et me reçut encore une fois une gerbe d'eau en plein visage. Je voyais des étoiles. Ce n'était pas vraiment agréable, d'autant plus que j'avais la nausée. Et mon bras me lançait tellement que l'avais l'impression qu'on était en train de me le chauffer à blanc. Mes amis durent s'en apercevoir, car le regard de Cernunnos se fit inquiet et le visage de Ninon devint blême.

-Gwen, tu te sens bien ?

Je secouai la tête, au bord de l'évanouissement. Comment avais-je fait pour ne pas me rendre compte de cette effroyable douleur plus tôt ?

-Mal, soufflai-je en tentant tant bien que mal le bras qui me faisait mal.

Ninon me considéra un instant sans réagir, puis elle pris délicatement mon membre douloureux et remonta ma manche.

-Oh mon dieu, c'est quoi, ça ? Cernunnos, regarde.

Il s'approcha de moi. Ses magnifiques yeux verts s'agrandirent d'horreur.

-Elle s'est fait mordre par une sirène, et le venin s'est propagé. Je n'avais pas remarqué, j'étais trop pris dans la bataille.

Je tendis le cou pour constater l'état de mon bras. La blessure était vraiment moche, purulente et sanguinolente, mais ce n'était pas tout. Des sortes de tentacules violacés et verdâtres s'étiraient depuis la morsure, comme d'innombrables veines qui semblaient gangréner mon bras. Je faillis vomir.