Chapitre 1

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Chapitre 1

Peter revenait d'une longue journée de cours à l'université. Ses étudiants l'avaient éreinté. Ils ne semblaient pas se rendre compte qu'une année universitaire, ça se préparait tout du long et qu'il ne suffisait pas de se réveiller trois mois avant pour espérer décrocher les examens. Les retards s'étaient accumulés et tout le monde se réveillait en même temps. Voilà que c'était à lui de trouver des solutions, quand bien même il n'était pas à l'origine des problèmes. Son directeur avait été clair à ce sujet : le taux de réussite ne pouvait pas baisser, au risque de voir diminuer les inscriptions l'année suivante, et par conséquent, au risque de mettre son propre poste en danger, avait compris Peter derrière ce sous-entendu.

Quand le jeune chercheur poussa la porte de son appartement, il fut surpris de ne pouvoir allumer la lumière. Soudain, plusieurs bougies éclairèrent le salon, et surtout une masse informe cachée sous un grand drap. Au même moment, tous ses collègues crièrent : « Surprise ! »

Peter eut un mouvement de recul, avant d'éclater de rire. Charles Barnett, son ami qui enseignait la criminologie, s'avança vers lui en tenant une coupe de champagne :

« Joyeux anniversaire !

— Bon sang, Charly, je ne m'y attendais pas du tout !

— Quoi, aurions-nous réussi à surprendre le grand Peter Denton ? » se moqua Barnett en éclatant de rire.

Ils rejoignirent les autres invités et tous se turent, tandis que le jeune professeur s'approchait de son cadeau.

« Qu'est-ce que c'est ? » s'enquit Peter, avec une curiosité manifeste.

Charles se contenta de sourire. Le jeune homme, n'y tenant plus, souleva le drap. Il en resta stupéfait pendant de longues minutes.

« De mieux en mieux, commenta son collègue. Nous avons même réussi à te rendre muet.

— C'est une pure merveille ! » s'exclama Denton.

Ryan Braga, un professeur d'art dramatique, s'approcha :

« Alors, ça te plaît ?

— Plutôt, oui !

— Tant mieux, parce qu'on a eu un mal fou à le monter jusqu'ici.

— Mais où diable avez-vous trouvé un bloc de cette taille ?

— Tu ne crois tout de même pas qu'on va te révéler tous nos secrets », répondit Barnett.

Peter ne l'écoutait déjà plus. Sa main glissait le long de la surface pâle. C'était un marbre sans défaut, comme il n'en avait jamais vu jusqu'à présent, sinon dans les livres d'art qu'il appréciait tant.

« Que comptes-tu nous faire sortir de ce machin ? vint les rejoindre Patrick Sullivan, professeur de musique.

— Une naïade ? commença Charles.

— Un ours ou un loup ? » continua Ryan.

Peter ne répondit pas. Il souriait.

« Allons, viens plutôt couper ton gâteau, l'invita Charles. On a faim. »

Le jeune homme abandonna son cadeau à regret pour suivre son ami.

Plus tard, une fois tous les invités partis, Peter s'assit en tailleur sur le canapé, face au bloc ivoirin. Il avait éteint toutes les lumières, sauf les bougies.

Qu'allait-il bien pouvoir sculpter.

Un bloc d'une telle qualité méritait un sujet à la hauteur. Il n'avait pas envie de sculpter d'animaux, à moins d'en choisir un massif, plein de force. Il sentait presque le marbre vibrer sous ses yeux. Un lion, un cheval, un ours, oui, pourquoi pas. Mais cette dernière suggestion ne le convainquit pas tout à fait. À force de se creuser la tête, il finit par lui venir une idée.

TiberiusWhere stories live. Discover now