Chapitre 3

63 6 0
                                    

Chapitre 3

« Tu n'as pas fait ça ?

— Quoi ?

— Changer ton planning encore une fois ? »

Peter haussa les épaules. Charles laissa échapper un soupir.

« Bon sang, Denton, qu'est-ce qui te passe par la tête en ce moment ?

— Que voulez-vous dire par-là ?

— D'abord, tu assures plus ou moins tes cours jusqu'à être presque viré, ensuite, tu remanies ton planning, forçant tes collègues à bouleverser le leur. Sais-tu comment on t'appelle sur le campus ? La Diva. Et il n'y a pas que les professeurs qui te surnomment comme ça, mais aussi les étudiants.

— Je m'en moque ! s'exclama le jeune homme. Il se trouve que je travaille en ce moment sur un sujet d'une extrême importance. J'ai eu l'aval des huiles de l'université. Ils approuvent tout à fait ce travail d'études, mentit-il au risque de mettre définitivement en danger cette amitié pourtant si précieuse. Si les autres ne sont pas contents, tant pis pour eux !

— Holà ! du calme, Don Quichotte. Je suis ton ami, ne l'oublie pas, et à te voir agir comme ça, je m'inquiète, c'est tout.

— Il n'y a aucune raison, Charles, vraiment », lui assura Denton...

« Eh ? Vous êtes toujours avec moi ? »

Peter revint soudain à la réalité. Il se tenait assis près de Tiberius sur le canapé. Ils venaient de passer deux heures à regarder la TV. Le jeune homme avait choisi les chaînes et les programmes avec soin, redoutant d'effrayer son compagnon et que celui-ci compare son monde à un asile de fous. Difficile toutefois de lui expliquer certains programmes, l'intérêt des publicités, le fait qu'elles mentaient, pour la plupart, tout comme les hommes politiques (mais ce concept-là, Tiberius l'avait saisi plus facilement).

« Oui, oui, tout va bien. Je suis juste un peu fatigué.

— Pas étonnant. Je me demande comment vous faites pour tenir le coup entre votre travail et nos... conversations. »

Un sourire las étira les lèvres de Peter. En moins d'une quinzaine de jours, il avait mis en place une véritable organisation : il avait obtenu de reculer ses heures de cours dans la matinée, pour pouvoir dormir après le lever du soleil. Les soirées qu'il ne passait pas à corriger des copies, il les rattrapait le week-end, quand il lui fallait attendre le coucher du soleil durant des heures interminables. Il avait tout fait pour que son travail à l'université ne souffre pas de ses autres activités. Mais il devait reconnaître qu'il avait hâte que les vacances arrivent. Il avait du sommeil à rattraper. Deux ou trois heures par jour, c'était difficile à supporter pour l'organisme sur une aussi longue période.

« Il est temps, annonça Tiberius en se levant.

— Déjà ! » s'exclama Denton en l'imitant.

Le soldat désigna le ciel déjà gris. Le jeune homme hocha tristement la tête.

« Ce soir, on fait une pause, d'accord ? suggéra le Romain.

— Ça me va, approuva Peter qui passa une main lasse sur son visage. On pourrait même retenter une sortie... si vous voulez bien... »

La première fois que Denton avait voulu emmener Tiberius en ville, ça s'était terminé en catastrophe. Devant la cacophonie, les lumières, l'agitation, le guerrier avait battu en retraite et dans son inconscience du danger, avait failli se faire écraser par un camion. Peter lui avait sauvé la vie de justesse.

TiberiusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant