VII. Damoiselle Rose, dans des plans très foireux impliquée

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Les sourcils blonds d'Edelweiss partirent en un ballet moqueur.

– Tu rougis, se moqua-t-elle. Tu devrais faire attention, ça jure avec ta somptueuse chevelure.

Rose faillit répliquer qu'elle s'en fichait pas mal, de ce qui accompagnait ou non de manière harmonieuse ses longues mèches rousses, mais se ravisa finalement, estomaquée par la légende sur laquelle elle venait de poser les yeux, juste en dessous de la photo où apparaissait Olivier – en compagnie de Monsieur de Tantale. Elle se sentit blêmir – ce qui dut sans doute mieux convenir au sens de l'esthétisme d'Edelweiss.

– Qu'est-ce qu'y t'arrive ? l'interrogea cette dernière. Tu pousses la même tête que si Cha et Val venaient de t'annoncer qu'ils ont couché ensemble la nuit dernière.

– Ne sois pas vulgaire, Edel, la reprit la voix égale de Chardon, qui venait d'apparaître dans l'embrasure de la porte. Et n'associe pas mon prénom à celui de cet imbécile, même lorsqu'il ne s'agit que de métaphores.

Edelweiss hocha la tête à contrecœur et poussa un soupir. Rose, elle, ne se tirait toujours pas de son mutisme.

– Tout va bien ? lui demanda sa cousine.

La concernée retrouva enfin un filet de voix suffisant pour lire à voix haute la légende qui l'avait tant troublée.

« Monsieur Donatien de Tantale, en compagnie de son fils Olivier. »

Silence. Puis nouvelle réplique d'Edel, dénuée de toute trace de compassion pour les oreilles délicates qui lui tenaient lieu de public.

– Oh bordel de merde ! Rose, tu es douée. Dou-ée !

Le visage d'Edelweiss s'était fendu d'un sourire extatique qui n'augurait – aux yeux de sa demi-sœur du moins – absolument rien de bon. Malgré le choc légitime dans lequel elle était plongée, Rose avait tout de même l'impression d'entendre les vicieux petits rouages du cerveau de sa cadette tourner à plein régime. Pas de doute, à cet instant précis, l'adolescente leur préparait un plan tout aussi sournois que celui de la veille. Rose leva un regard paniqué vers Chardon, aussi impuissante qu'elle-même. Percevant le danger, les cousines réfléchissaient furieusement à un moyen de stopper Edelweiss avant qu'elle ne s'avance trop dans ses nouveaux projets. Cette dernière les prit cependant de vitesse.

– Rose, c'est génial ! s'exclama-t-elle soudain, tirée de sa transe. Tu vas pouvoir revoir ce type !

Ne comprenant pas trop où elle voulait en venir, Rose hocha la tête avec prudence.

– Absolument ! reprit Edelweiss. Tu vas le revoir, le manipuler, et nous disposerons d'une source de premier choix pour espionner Donatien de Tantale !

– Ça n'a strictement aucune chance d'arriver ! s'indigna la rouquine.

Chardon joignit sa voix à la sienne, et Rose lui en fut reconnaissante. Revoir Olivier, oui, cette opportunité paraissait indéniablement tentante. Mais le manipuler, se jouer de lui ? Alors qu'il s'était montré si aimable, si prévenant la veille au soir, lors de leur courte danse sous le saule pleureur ? Hors de question. Rose possédait un caractère colérique qui lui attirait bien des ennuis, mais elle pouvait au moins se targuer de demeurer d'une franchise irréprochable. Elle ne trompait pas ses proches, ne mentait pas, bref, en un mot comme en cent, s'il avait fallu relever une seule de ses qualités au milieu des nombreux défauts de son caractère, ç'aurait été celui-là. Point final.

– Comment ça, aucune chance d'arriver ? s'étouffa Edelweiss, toujours à ses plans machiavéliques. Mais enfin, ne réalises-tu pas qu'il s'agit d'une opportunité unique ?

Pétales de Rose et rameau d'OlivierDonde viven las historias. Descúbrelo ahora