o7 - ᴀᴍʙʀᴇ

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  Arrivée, j'hésitai à sonner, une forte envie de renoncer me serrant les tripes. Papa m'avait demandé de faire des efforts et c'est avec elle que ça commençait. Je frappai donc trois coup à la porte, priant secrètement pour qu'ils m'aient oublié et que personne ne soit là, mais je redescend vite sur terre en entendant des pas derrières la porte. C'est ma soeur, des écouteurs sur les oreilles et un chewing-gum dans la bouche. Espèce de vache, murmurai-je malgré moi. Bon okay, je ne l'appréciai pas spécialement mais bon, qui s'adore à notre âge? Elle est mon parfait contraire, je déteste le fromage, elle adore ça, j'adore l'Angleterre, elle préfère les Etats-Unis. Et c'est sans compter son caractère de merde, je vous épargne les détails.

   — Maman a failli appelé Papa, t'as 30 minutes de retard !

J'ai envie de la frapper contre le mur, vous croyez que j'ai le droit ? Bon, je crois que non. Une soirée, une soirée, une soirée ! Me répétai-je comme un mantra pour m'empêcher de repartir d'où je viens.

   — Je suis là, estimez-vous heureux. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurai juste fais la bise à maman et je t'aurai pas dit au revoir. J'ai toujours préféré mon frère.

  Car oui, Emma est ma demi-soeur mais comme ma mère ne voulait pas me priver de ma merveilleuse soeur, elle a décrété avec mon père que mon père devait nous emmener diner toutes les deux au moins une fois toutes les deux semaines. C'est bizarre, mais c'est ma mère, et mon beau-père n'a pas de couilles, elle le mène par le bout du nez et il n'a tout simplement pas son mot à dire. Mon frère est aussi mon demi-frère, c'est le fils du premier mariage de mon père, sauf que sa première femme est décédée et je me retrouve donc avec la première place dans sa vie, ce qui a une grande importance pour moi car, voyez-vous, je tiens à me sentir importante, encore plus maintenant ! Donc, me voilà chez la famille boulet, comment dire ça : je veux me tirer d'ici au plus vite.

  Je pénètre dans le salon, ma mère est assise sur le canapé tandis que Thomas prépare le repas, petite femme au foyer va ! Je vous jure, ce mec est soumis! Je le salue d'une simple bise et donne une accolade à ma mère, très brève bien sur!

   — On mange quoi?

   — Gratin de pate au jambon et lardons!

   — De un, j'aime pas le fromage, de deux, je suis végétarienne. Je croyais que tu le savais, c'est normal normalement quand on a un enfant, de connaitre ses goûts, son âge, sa pointure, ce genre de chose, tu ne crois pas Stéphanie? Non, que dis-je, Maman!

  Elle vire au rouge tomate. Bon, je suis peut-être un peu dure avec elle, mais elle n'a jamais été capable de voir que j'allais mal, elle ne s'est jamais occupée de moi alors, il est temps que je lui rende la pareille.

  Ma mère me fixe avec de grand yeux, c'est vrai qu'elle n'est pas habituée à ce que je m'affirme, elle ne connait que la fille silencieuse et sombre que j'affiche quand je suis avec elle.

   — Ton père aurait pu me prévenir!

   — T'avais qu'à demander, répliquai-je aussi sec.

Cette soirée promettait d'être riche en compliments ! Notez le sarcasme.

   — Bref ! Passons, nous sommes là pour te souhaiter une bonne année et nous dire au revoir en de bons termes. Je veux juste passer une bonne soirée et profiter de ma fille. Et puis, nous avons de bonnes nouvelles !

  Je laissai passer et partais mettre mon sac dans ma chambre, du moins si on peut la qualifier de mienne. Il y a un mur gris clair et les draps sont bleus, mais elle ne me ressemble pas du tout. Elle est trop grande sachant le temps que je passe ici. Il y a une bureau, une commode et un lit, c'est tout. Ah non ! J'oubliais le tapis ! Enfin, pas le top quoi.

  Je m'assied sur le lit et consulte mes mails. J'en ai une quinzaine, je ne les lis pas tous et me décide à les lire un peu plus tard. Je vais sur Youtube, mon endroit préféré au monde, après mon lit et regarde quelques vidéos sympas qui me font bien rire. Je me décide finalement à regarder American Horror Story et attendre qu'ils m'appellent pour le diner. Que de divertissements !

   — A table ! Crie Thomas depuis la salle à manger.

  Je sors en vitesse pour ne pas trop les faire attendre, non pas que je me soucie d'eux, mais cela donnerai à ma mère le plaisir d'avoir un motif de plus pour me sermonner. 

  La table est parfaitement dressée et lorsque je vois le contenu des assiettes, mon estomac se réveille. Des pâtes. J'adore ça, je préfère les bolognaises, mais me prétendant végétarienne, il m'est impossible de le faire remarquer. Nous nous installons tous les quatre en silence. Bonjour l'ambiance. Ma mère fait tinter son verre et se lève. Elle s'est prise pour la reine d'Angleterre ou c'est comment ? Nous ne pipons mot et attendant ses aveux.

   — Alors, si j'ai tenu à ce que nous soyons tous réunis ce soir, c'est pour vous annoncer une grande nouvelle ! On leur dit Thomas ? Dit-elle à ce trou du cul qui a permit à ma soeur d'exister. Ce dernier acquiesce avec un drôle de sourire accroché aux lèvres. Oh putain ça pu. Je suis enceinte ! crie ma mère.

   — Rassurez-moi, vous plaisantez ? Devant leur têtes sérieuse, je ne pu m'empêcher de hurler avant de lâcher un rire hystérique. Maman, maman, maman ! On devrait t'élire mère de l'année, c'est vrai, regarde tes deux beaux enfants. L'une a fait une tentative de suicide et l'autre est en train de se transformer en une sorte de pute et encore, je ne les critique pas. Mais mère, avant de procréer, occupe toi déjà de ceux que tu as. Pour moi, je crois bien que c'est fichu, mais pense à Emma, tu sais ta fille? Ah mais que dis-je, je sais ! Tu veux en réussir au moins une, histoire de te dire que t'as pas été une mauvaise mère et que c'est tes enfants qui sont pourris parce que ouais, je vais t'expliquer une chose que tu n'as toujours pas compris : je me suis suicidée, mais toi tu n'as même pas essayé de comprendre pourquoi. Tu n'es venue me voir qu'une seule fois ! Tu n'as jamais été là ! Même pas la fois ou j'ai marché pour la première fois ! Tu es une mère à chier ! Terminai-je à bout de souffle suite à ce monologue hargneux.

  Elle me regarde avec haine et ne tarde pas à me répondre :

   — Je savais que j'aurai dû avorter! Je n'ai jamais voulu de toi, mais j'ai fais de mon mieux alors que toi et ton père m'avez pratiquement gâché la vie! Je n'ai jamais voulu me marier avec cet imbécile, mais quand je suis tombée enceinte, je n'ai pas eu d'autres choix que de dire oui! Et bien tu sais quoi, je regrette de ne pas t'avoir laissé dans un coin de rue, ou tout simplement à ton père que tu aimes tant! Tu es une incapable et tu ne sers à rien, tu me dis ne pas avoir essayé de te connaitre, mais je n'en éprouve pas le besoin, tu es aussi inintéressante que mes pied et encore, je me demande s'ils ne le sont pas plus ! Et puis, d'où oses-tu traiter ma fille de pute, elle est libre de s'habiller comme elle le souhaite et c'est à moi et à son père de gérer son éducation, non à toi!

  Elle termina là-dessus son monologue bien plus blessant encore que ne l'avait été le mien. Je fixai mes chaussures, devenus soudain très intéressantes. Même si je n'appréciait pas cette femme, ses mots me faisaient un mal de chien. Je n'avais jamais rien d'entendu de si blessant! Et alors, je fis une énorme erreur aux vues de mon état actuel, je releva la tête et la fixa droit dans les yeux, et l'étrange connexion se reproduisit.

Stéphanie Sobra.

1970 - 2049 (- 5 ans)

Morte d'un AVC, seule dans son bain.

I'm Not CrazyOnde histórias criam vida. Descubra agora