Chapitre 2 (corrigé)

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En entendant les sifflements de son mentor, Heilin ne put s'empêcher de sourire et jeta son sac dans un coin du salon. Elle se dirigea vers la cuisine,son invité sur les talons. Son tuteur se tenait devant les fourneaux, le corps courbé en deux au-dessus des casseroles fumantes. Il se releva en prenant soin de ne pas taper son crâne contre la hotte.

Ned Diho frôlait les deux mètres, charismatique et plutôt bien conservé pour un homme de quasi cinquante ans. Sa tignasse noire restait indomptable malgré la quantité de gel qu'il fourrait dedans mais c'était ce qui faisait son charme selon elle. Ses yeux en amande d'un noir intense se posèrent sur elle puis sur l'intrus. Il la salua chaleureusement, éteignit le gaz et ôta le tablier à fleurs qui ne lui allait absolument pas.

- Déjà rentré?
- Je dérange mademoiselle peut-être? La taquina-t-il.

Heilin leva les yeux au ciel, sans pouvoir effacer son sourire de son visage. Ned s'occupait d'elle depuis son plus jeune âge, elle le considérait plus comme un père qu'un mentor ou un tuteur. Il lui avait tout appris, avait tout supporté, la soutenait envers et contre tout.C'était agréable de le voir à la maison. Il lui manquait toujours un peu plus, même si elle ne parvenait jamais à le lui avouer. Elle lui rendit son étreinte, elle qui détestait les câlins. Un toussotement les fit se séparer. Vesper se tenait dans l'embrasure de la porte. Heilin haussa un sourcil quand elle sentit les bras de Ned se raidir autour de ses épaules. 

- Tu me fais mal, Ned, déclara-t-elle calmement.
- Désolé, rigola-t-il.

Sa gêne ne lui échappa pas. Elle le dévisagea puis se tourna vers le nouveau qui semblait aussi perplexe qu'elle face à la soudaine tension dans la pièce.

- Ned, voici Vesper. Coles me l'a foutu dans les pattes ce matin, expliqua-t-elle.

Heilin sourit innocemment en croisant son regard d'une neutralité effrayante.

- Je rigole, finit-elle par souffler.
- Allons dans le salon, décréta le plus âgé. Tu vérifies la sauce avant de nous rejoindre ?!

Ned emmena Vesper sous son regard perplexe. Elle se tourna, malgré tout, vers les casseroles recouvertes de leurs couvercles. Déjà, les mixtures fumaient donc les aliments dedans ne pouvaient plus être vivants.Était-ce mangeable pour autant? Son estomac se tordit de douleur aux souvenirs d'autres plats mijotés par Ned. Quand celui-ci préparait les repas, personne n'était certain d'en réchapper avec les intestins en bon état. Mais personne ne lui avait jamais dit, non plus, combien il cuisinait mal. Même elle, elle n'avait jamais osé parce qu'il prenait tellement de temps et mettait tout son coeur dans sa cuisine. Heilin n'osa pas vérifier les aliments. Elle préféra rejoindre le duo avec des bières en main. Étrangement l'atmosphère fut plus détendue quand elle les rejoignit.

- Tu peux lui montrer la chambre d'ami?

Elle acquiesça, après quelques secondes d'étonnement, puis poussa le jeune homme dans les escaliers près du divan. La maison, pas bien grande,ressemblait presque à un loft. L'entrée donnait sur la cuisine et le salon - salle à manger pouvant contenir une dizaine de personnes debout et collées les unes aux autres. L'escalier pareil à une échelle en bois vernis s'arrêtait à un pas de la première chambre toujours fermée à clé par ses bons soins. Non qu'elle possède quelques secrets inavouables, il s'agissait plus une habitude inculquée par son mentor. Au fond du couloir d'à peine trois mètres, elle ouvrit la seconde porte. Un lit et un bureau trônaient sous l'unique fenêtre. Une petite table de chevet séparait le lit de l'armoire en chêne vide.

- C'est... chaleureux, souffla Vesper ce qui lui arracha un sourire en coin.
- Non, c'est riquiqui! Mais bon, je vis toute seule ici, la majorité du temps, alors il me faut pas plus.
- Je comprends...

Helldown #1 - Ville de sangWhere stories live. Discover now