- Prologue -

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        Mes yeux refusaient de se détacher de ce corps si gracieux, si beau, que j'avais eu tant de fois l'occasion d'admirer sous bien des coutures. Ce corps qui m'avait captivé dès notre première rencontre. Celui sur lequel j'avais maintes fois fantasmé avant qu'il ne soit enfin à moi.

        Ses pieds flottaient à quelques centimètres du sol... Quelques centimètres qui auraient pu tout changer. La chaise était renversée à deux pas d'elle – comme souvent dans les films – très proche mais en même temps assez éloignée pour qu'elle ne puisse pas l'atteindre, de la pointe des pieds, au moment où elle désirait faire marche arrière.

        Je suivais du regard le parcours de la corde qui partait de la transversale de la balançoire du jardin pour aller s'enrouler autour de son cou gracieux. Ses longs cheveux de blé tombaient sur son visage et ses épaules, laissant faiblement apparaître son visage qui se voulait plutôt serein.

        Une envie étrange me traversa l'esprit. J'avais envie de la toucher, de sentir la rugueur de la corde sous mes doigts et de suivre les marques rouges qui apparaissaient sur sa peau, sous celle-ci. Une envie morbide qui me donnait froid dans le dos, tout autant que la flagrante indifférence que je ressentais devant cette scène.

        J'aurais dû pleurer à n'en plus pouvoir, hurler mon désespoir tout en maudissant le ciel de tout les mots dont regorgeait mon vocabulaire. C'est ce qu'aurait fait l'ancien moi. Le moi d'aujourd'hui en était tout bonnement incapable. Le moi de demain le pourrait-il peut-être à nouveau.

        Elle était morte, une fois de plus. Je n'avais même pas eu le temps de la rencontrer cette fois. Juste le temps de l'apercevoir, au détour d'une ruelle. Elle était toujours aussi belle. Elle avait toujours incarné l'élégance même à mes yeux. Et même la mort n'arrivait pas à lui arracher ça. Elle paraissait alors irradier de bonheur au bras d'un garçon qui m'était inconnu. Un membre de sa famille peut-être, ou alors un ami ? J'essayais de ne pas penser à la possibilité qu'il puisse s'agir de son petit-ami actuel. Je savais qu'il ne pourrait plus jamais profiter de sa compagnie à présent et, malgré tout, cette idée me rendait profondément jaloux.

        Une ordure. Voilà ce que cette histoire avait fait de moi.

        Je m'étais retrouvé ici par hasard, attiré par les cris des passants qui s'étaient attroupés autour d'une maison. J'avais remarqué qu'ici, elle n'habitait pas au même endroit. Je m'étais rendu au domicile que je connaissais et cela s'était révélé n'être qu'un simple terrain vague. J'avais maudit ma chance, pestant contre la difficulté que cela rajoutait à ma tâche. Finalement, je n'aurais pas à la chercher. Elle était déjà morte.

        Je fis un pas dans le jardin, indifférent aux voix qui s'élevaient de la foule alors incapable de se détacher de ce spectacle. J'aurais pu m'arrêter là, attendre que cela se produise à nouveau et oublier. Pourtant, la savoir si proche de moi à ce moment-là me fit perdre tout sens commun. Je m'approchai d'elle d'une démarche assurée, comme le simple fait de marcher dans la rue. Dans le but d'assouvir mon désir morbide, je laissai ma main caler une mèche de cheveux derrière son oreille, parcourir sa joue encore tiède du bout des doigts et descendre le long de son cou.

        – Je reviendrai pour toi, chuchotai-je avant d'embrasser tendrement ses lèvres inanimées.

        Ah... Depuis combien de temps m'avait-il été injustement interdit de la toucher ? Combien de jours voire de semaines, si ce n'est de mois, que je n'avais pu goûter à ses lèvres ?

        J'étais devenu une ordure doublée d'un pervers. Je n'aurais jamais pu croire cela par le passé. Mais qu'importe.

        De nouveaux hurlements se firent entendre mais ils ne me parvenaient que comme des bruits de fond de plus en plus éloignés. Cela commençait déjà. Le monde devant mes yeux se tordait, le sol sous mes pieds se dérobait, tous mes sens étaient annihilés. Seule cette phrase résonnait encore et toujours dans mon esprit :

        – Et si je venais à mourir ? Que ferais-tu ?

        Il ne resta alors plus que le noir et une sensation d'éternel vide.


***


Voici le prologue de ma nouvelle histoire : NeverEverLand. L'univers de NeverEverLand est né dans mes rêves d'enfant. Chaque nuit j'entrais dans ce monde créé par mon esprit et je redoutais ne plus jamais être capable d'en sortir.

Ce n'ai que très récemment que j'ai décidé d'en faire une histoire. J'espère avoir le temps de la continuer entre mon stage à la Maison des Savoirs d'Agde à la fin du mois, mon rapport et ma soutenance ainsi que les partiels qui se rapprochent à grand pas.

Qu'avez-vous pensé de ce prologue ? ^-^

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⏰ Last updated: Mar 06, 2016 ⏰

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