Chapitre 1 : Origines

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Cité d'Antigonia, juin 2023 :


Un silence de plomb s'était installé dans la salle. Plus personne ne parlait et certaines retenaient leur souffle.

— Rebecca... Enfin, nous ne pouvons pas faire ça, lâcha une petite femme brune.

Le teint pâle, la mine éteinte, elle avait les mains jointes sur la table en verre trempé autour de laquelle neuf femmes étaient réunies.

— Et pourquoi ne pourrions-nous pas, Marion ? répliqua celle-ci. Cela fait des mois que nous préparons tout cela. Qu'est ce qui pourrait bien nous faire changer d'avis ? Quels événements récents ont montré que nous pourrions avoir tort ?

Le silence se fit à nouveau dans la pièce.

— Exactement. Aucun. Rien de ce qui est arrivé ces derniers mois ne laisse un quelconque espoir de voir les choses changer.

Rebecca jaugeait ses interlocutrices. Son regard passait de femme en femme. Toutes la regardaient, excepté Marion qui avait détourné les yeux vers la fenêtre immense du vingt-septième étage. La vue sur la ville était saisissante. Au loin, les parois vitrées des buildings renvoyaient les rayons du soleil et la surface du fleuve scintillait.

Rebecca se leva, déroulant son corps svelte et son mètre quatre-vingts, juchée sur des talons qui la faisait paraître plus grande encore. Elle alla se mettre devant la fenêtre et contempla l'extérieur, tournant le dos à ses collaboratrices. Elle jouait avec son collier de perles et dégagea la mèche de cheveux blonds qui s'y était enroulée.

— Nous n'avons plus le choix. Il faut aller jusqu'au bout. Mis à part notre chère Marion, y-a-t-il parmi nous quelqu'un qui doute du bien-fondé de notre projet ? Demanda-t-elle en se retournant.

Un « non » général s'éleva dans la salle.

— Bien. Alors dans une semaine, nous lancerons la première phase comme prévu. Vous avez toutes un rôle extrêmement important au sein de cette entreprise et je vous rappelle qu'on ne peut se permettre aucune erreur. Sophia, où en sommes-nous avec la mise en route des pôles d'enfermement ?

Une femme rousse, qui portait des lunettes démesurées, ouvrit un document qui se trouvait devant elle.

— Tout sera opérationnel demain soir, Madame Gale.

— Merci Sophia. Et appelez-moi Rebecca s'il vous plaît. Je ne fais que coordonner nos actions et non les diriger, je souhaite vous le rappeler à toutes.

Les huit autres femmes hochèrent la tête en signe d'assentiment.

— Quand l'information de la propagation du virus doit-elle être diffusée ?

C'était Margarett Reed, une femme approchant la soixantaine, qui avait posé cette question. Petite et replète, les cheveux châtain foncé coupés courts, elle avait une prestance quasi masculine.

— Nous ferons un communiqué mercredi prochain. Est-ce que cela convient à tout le monde ? Les choses sérieuses commenceront environ une semaine à dix jours plus tard et d'ici un mois, nous y verrons beaucoup plus clair dans les rues, ajouta Rebecca en souriant.

Margarett tapa sur la table du plat de la main.

— Parfait ! Alors allons-y. J'ai d'autres rendez-vous aujourd'hui et ça m'ennuierait que mon assistant se mette à fouiner pour savoir ce que je fais de ce « temps libre ».


 Elles se levèrent d'un même mouvement et quittèrent la pièce après de brefs au-revoir.  


Matriochkas (Sous contrat d'édition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant