Entremêlée [Taegi]

Regarde-moi.

-Taehyung, j'ai vraiment pas le temps là. Insiste pas.

C'était le début d'année, et je venais d'arriver en fac, cela faisait maintenant quelques semaines que les cours avaient commencés, et j'avais au détour d'un couloir retrouver mon ami d'enfance Yoongi que j'avais perdu de vu. Cela faisait deux ans maintenant  depuis qu'il était entré dans cet établissement, et certains événements avaient faits que nous avions brusquement arrêté de prendre des nouvelles l'un de l'autre. Pourtant depuis le début de l'année scolaire j'avais essayé de reprendre contact avec lui, mais à chaque fois c'était la même ritournelle, il m'envoyait balader et je me retrouvais à regarder son dos et celui de ses amis s'éloigner de moi. Il n'était pas méchant mais très clair sur le fait qu'il était occupé et qu'il n'avait pas de temps à m'accorder. Il ne m'avait même pas demandé de nouvelles lorsque l'on c'était revu, il avait juste été surpris de me voir ici, rien de plus. Je pense que notre ancienne amitié était terminée, il avait de nouvelle fréquentation et c'est vrai que nous n'avions plus grand chose à nous dire, et au fond même moi j'ignorais comme agir désormais avec lui. Dans son regard je pouvais voir qu'il paraissait un peu moins joyeux que lorsque nous étions enfant, pourtant il était entouré d'une petite bande et je l'avais déjà vue plusieurs fois sourire, mais il me semblait assez détaché, je pouvais aussi clairement voir qu'il avait gardé cette attitude cool et distante qui lui allait si bien, mais pourtant je ne m'étais pas attendu à ce qu'il agisse un jours de la sorte avec moi.

Au si loin que je me souvienne j'ai toujours connu Yoongi, et même si nos maisons n'étaient pas toutes proches nous allions dans le même parc étant petits. Il avait deux ans de plus que moi et je me souviens que j'étais un vrai pleurnichard à cette époque. Yoongi était un peu mon héros, lorsque d'autres enfants m'embêtaient il venait toujours pour les engueuler et il finissait à chaque par me prendre dans ses bras pour que j'arrête de pleurer, car oui quand je me m'étais à sangloter ça n'en finissait jamais. Du haut de ses huit ans il m'avait raconté que ses câlins étaient magiques et qu'il était impossible d'être triste contre lui, alors c'était tout fier qu'a chaque fois qu'il me voyait malheureux ou que je boudais qu'il tendait ses deux grands bras pour que je vienne m'y blottir, ce que je faisais à chaque fois, et c'est vrai que cette étreinte était spéciale. Au fil des années nous avions grandi et cette complicité avait mûri avec nous. Nous étions inséparables chaque soir après les cours nous nous rejoignions sur un terrain de basket que plus personne ne fréquentait, pour que Yoongi qui adorait jouer aux ballons puis s'amuser pendant des heures et des heures à faire passer la balle dans ce cercle à plus de trois mètres de hauteur, et moi je l'admirais tout content qu'il me montre ce qu'il arrivait à faire sans efforts, puis lorsqu'il finissait par être essoufflé, il revenait avec un grand sourire et il se mettait assis sur moi avant de placer sa tête sur mon épaule pour que je lui caresse les cheveux jusqu'à ce qu'il reprenne son souffle. Ce terrain était un peu notre repaire nous y avions vraiment passé notre adolescence, on passait même nos nuits à dormir là-bas l'été quand nous ne voulions pas rentrer où quand il finissait par s'endormir sur moi et que je ne voulais pas le réveiller. Je me souviens encore de toutes les nuits que nous avons passé là-bas, dans les bras l'un de l'autre, et des matins accompagnés de nos grands sourires qui étaient à la fois timides et complices. La plupart du temps c'était lui qui se levait en premier et je le surprenais toujours à me regarder tout en me caressant les joues, j'avoue que je traînais à ouvrir les yeux pour qu'il continue et que je puisse en profiter. Yoongi et moi étions très tactiles entre nous, lorsque nous étions seuls nos mains étaient toujours liées et c'était des petits gestes dont nous nous étions habitués au fil du temps sans nous en rendre vraiment compte.

Je finissais souvent les cours avant Yoongi alors c'était bien souvent moi qui l'attendant au terrain, mais un jour il était arrivé abattu, la rage au ventre, je me souviens de ses mots "Taehyung, je veux rapper, putain c'est dégueulasse de me le reprocher" encore maintenant ils résonnaient de temps en temps à mes oreilles, c'était l'un de ses désirs les plus profonds et je savais toute la dévotion qu'il avait pour cette passion. Il m'avait amené à chaque fois dans les lieux où les artistes underground se réunissaient pour rapper et danser devant un public déchaîné, et peu importai que ce soit dans un sous sol, un parking ou des endroits désaffectés, c'était la même ambiance à chaque fois, il faisait sombre même les scènes n'était que très peu éclairée, la tension dans toute la salle était palpable, ça en devenait oppressant quelques fois, surtout du haut de mes 16 ans. Avant de monter sur l'estrade il restait toujours à mes côtés et quand on appelait son surnom "gloss" va savoir pourquoi, il enfilait sa capuche et son expression se fermaient, il paraissait menaçant comme sur le point de craquer, puis il montait sur scène en face d'un autre type tout aussi froid et confiant que lui pour la plupart. Yoongi savait comment faire le show, toutes ses attitudes, les gestes qu'il faisait, les regards provoquant qu'il lançait à son adversaire, faisait monter un peu plus l'excitation dans la foule, puis il attrapait le micro avant de passer sa langue sur ses lèvres et de commencer à déverser son rap puissant, qui pouvait être aussi triste que violent, ses rimes étaient toutes mieux sorties les unes que les autres, ses punchlines faisaient frémir l'audience et moi le premier. C'était un autre univers, un autre Yoongi, plus sombre plus mélancolique, que celui qui me donnait la main lorsque nous étions à côté. Depuis tout jeune il avait partagé ses rêves et ses passions avec moi, sans crainte que je ne le juge, ou le critique, j'avais la chance de lire pratiquement tous les textes qu'il écrivait et c'était vraiment magnifique, ses émotions étaient pures et profondes même pour un ado de dix-huit ans. Yoongi était quelqu'un de vraiment passionné et quand il faisait quelque chose c'était à 200% au ce n'était rien.

Pour revenir à cette soirée, il m'avait expliqué, qu'il avait enfin dit à ses parents qu'il voulait devenir rappeur, ce à quoi ils c'étaient opposés fermement, ce n'était même pas envisageable pour eux, c'était hors des questions que leurs fils deviennent un bon a rien, à vivre de la musique, c'était une futilité à leurs yeux et certainement pas un métier d'avenir qui pourrait lui apporter un statut social respectable. Il était allé s'asseoir contre le grillage qui clôturait le terrain de basket, et à chacun de ses pas j'avais entendu le tintement du verre dans le sac à dos qu'il portait, je l'avais suivis et j'étais allé me placer en face de lui agenouillé entre ses jambes qui étaient écartées et je le fixais calmement et innocemment, je me souviens qu'il avait sorti de son sac des bouteilles et que nous avions passé la soirée à boire, moi pour accompagner sa tristesse et lui pour la noyer. Je n'avais que 17 ans et lui 19 pourtant nous avions bu plus que de raison, surtout que je n'étais pas habitué et que Yoongi non plus. Malheureusement ça ne nous avait pas réussi, il avait fini la soirée en pleurs et c'était moi pour une fois qui était allé me mettre à califourchon sur lui pour le prendre dans mes bras. Rien n'y faisait, je me souviens que je n'avais pas arrêté de le complimenter et de lui dire à quel point je le trouvais cool et qu'il m'impressionnait, tout en lui caressant les cheveux, mais ça n'avait pas vraiment arrangé les choses. Ses sanglots déchiraient le silence de la nuit, ses yeux étaient tout rouges ainsi que ses joues du à l'alcool, et même si je ne les sentaient pas directement contre moi je pouvais m'imaginer ses mains froides agrippant désespérément mon pull dans mon dos. J'avais fini par me mettre à pleurer aussi silencieusement, je laissais seulement les larmes couler contre mon gré, mais devant Yoongi ça n'avait pas d'importance. 

Cette nuit-là nous étions allé un peu plus loin dans nos contacts, nous nous étions déjà embrasser les joues pour ce dire au revoir ou pour s'embêter, mais cette fois il était venu en déposer un dans mon cou en me soufflant de rester près de lui, cela m'avais fait frissonner et je ne savais pas trop pourquoi, du moins je ne m'étais même pas posé la question, c'était Yoongi et je savais que c'était la réponse. Après qu'il ait fait ça je m'étais reculé et je l'avais regardé dans les yeux, nous étions resté un long moment comme ça à nous fixer profondément. Tous nos gestes étaient lents, et quelque chose au fond de nous nous hurlais les mêmes pensées, nous y avions donc cédé, je ne me souviens plus duquel de nous deux avait amorcé les mouvements mais au final nos lèvres s'étaient rejointes. C'était une sensation bizarre pour moi et je ne savais pas trop quoi faire, je sentais que Yoongi tremblait, ses lèvres étaient fermes et fines, je me souviens aussi du gout salé qu'elles avaient. Le baiser avait duré toute la nuit pratiquement, et au fur et à mesure nos lèvres et nos mains prenaient un peu plus d'assurances, on les laissaient glisser là où elles le voulaient sans se poser de questions, venant jusqu'à les passer sous nos tees shirt pour explorer un peu plus. Sa peau était douce, je sentais qu'il frémissait à mon contact et je faisais de même, ses doigts étaient petits et légèrement froids, contrairement à sa langue qui elle était humide et bouillante. Ce soir-là nous nous sommes endormis fatigués émotionnellement à force d'avoir pleuré et d'avoir ressenti des sensations nouvelles.

À notre réveiller, tout était redevenu comme avant, nous étions toujours aussi complices et en plus de ça nos sourire était devenu un peu plus timide, c'était agréable comme sensation, celle qui me faisait ressentir des picotements dans les joues à force de sourire niaisement en le regardant. Nous ne nous étions pas posé de questions ni à l'autre ni à nous-mêmes c'était juste arrivé.