3. Guillaume

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Le moment nostalgique de cette journée s'est légèrement apaisé en moi. Je vis de la sorte, plongé, hanté, possédé par certains souvenirs de ma vie amoureuse depuis presque bientôt trois ans.

Je sors de la douche après m'être enfoui sous son jet d'eau tiède, réparateur et me prépare en mettant avec peu d'originalité un ensemble trois pièces plutôt classique, tout noir, avec pour seule touche claire, une chemise grise. Je recoiffe mes cheveux afin de les discipliner, car je n'aime pas les voir s'onduler. J'applique une touche de mon parfum préféré et me voilà prêt à partir.

Toujours accompagné de mon bijou, je m'élance avec une vitesse entraînante dans les ruelles assombries par le coucher de soleil menaçant, je ne me lasserais jamais de cette sensation de liberté que me procure la conduite en moto. Je me gare sur l'emplacement destiné aux deux roues dans une des ruelles et m'avance vers l'entrée du bar.

Accolé à d'autres bâtiments tout autant citadins, le Mango est un bar plutôt select, je trouve ce nom bien stupide car il manque de prestance, en parfaite contraste avec son intérieur magnifiquement décoré. Un style des années 60 domine l'ensemble des deux pièces qu'il contient. C'est moi, qui en temps qu'agent immobilier a dégoté cette perle rare pour ce jeune patron trentenaire, un détail que nous avons en commun. J'ai donc en échange un droit illimité de venue, ce qui m'arrange fortement car la gente féminine est en général renversante. Une petite sélection est faite en amont à l'entrée par un vigile, je m'approche de lui, un grand chauve avec deux têtes de plus de moi, il pourrait en intimider plus d'un, mais il semble beaucoup m'apprécier, détendant ainsi l'atmosphère entre nous.

-Monsieur Durand... Me dit-il en ouvrant la porte noire entourée d'un mur rougeâtre.

-Merci Gontran, il y a du monde ce soir ? Lui demandais-je cordialement.

-En effet...vous avez l'embarras du choix. Il m'adresse un sourire plein de sous-entendus.

L'inconvénient lorsque l'on devient un habitué de la maison, c'est que les petits travers, les allées et venues ainsi que les habitudes sont facilement remarquables. Je ne fais pas exception. En tentant de passer le seuil de la porte afin d'entrer, une jeune fille, que je ne vois pas du tout arriver me percute violemment. Son corps accolé au mien avec vitesse nous fait reculer, je me rattrape afin de ne pas tomber et sur le feu de l'action, je l'entoure de mes bras par réflexe mais les retires presque aussitôt. Je ne vois qu'une chevelure brune et ondulée face à moi, une vague agréable d'air frais mêlée à un parfum très subtil et sucré m'arrive en plein visage. Lorsque cette dernière relève ses yeux gris-marron vers moi, son téléphone se décolle d'un geste brusque de ses oreilles pour se confondre en excuses.

-Pardon, je ne vous avais pas vu, me dit-elle évasive et distraite.

Son regard clairsemé de plusieurs teintes entre en collision avec le mien, une seule fraction de seconde nous sépare. Elle se dirige ensuite vers la sortie sans aucune autre considération envers moi afin de continuer de téléphoner. Elle traverse la petite route afin d'être plus au calme sur le trottoir d'en face. Je l'observe quelques secondes car son visage me semble familier mais je n'arrive pas à mettre un nom sur ce visage, je décide de rentrer finalement à l'intérieur tout en réfléchissant.

La décoration ambiante est raffinée, empreinte d'une légère touche d'érotisme avec ses couleurs rouges et noires.

Des appliques murales sur chaque mur occultent en partie la luminosité cherchant à se frayer un chemin à travers ces dernières, deux gros lustres en diamants prennent possession de la pièce, offrant une allure très glamour et conviviale, sûrement due à cette ambiance tamisée, propice à la séduction.

Je m'approche de Dorian qui sirote près du bar, avec un petit parasol accompagnant la décoration du verre jaune et orange qu'il tient fièrement , je soupire encore rien qu'en l'observant. Comment se fait-il qu'une fille aussi charismatique que Lili ait un frère aussi neuneu que le petit brun maigrichon avachi sur cette chaise ?

-Tu as deux heures de retard ! J'ai dû picoler au moins... quatre sex on the Beach qui en passant sont très goûteux ! Me dit-il enjoué.

-Tu aurais dû attaquer quelque chose de plus lourd ! Un whisky, une vodka, ou même une bière. Mais s'il-te plaît ôte de ma vue ce verre pour fillette !

-Tu es toujours aussi grincheux dis donc ! Tu le seras moins quand tu verras ce qu'il y a autour de cette table... regarde moi ces déesses !

Il m'indique du regard une table en coin, vers l'entrée du bar. S'y trouvent effectivement deux filles, plutôt pas mal en effet mais le blond platine en mini jupe n'est aucunement mon genre, elles paraissent beaucoup trop vulgaires et faciles. Ce qui m'intéresse bel et bien lors de ces soirées est de trouver la perle rare parmis cette foule, La fille dont la grâce et le sex appeal émaneraient d'elle avec simplicité. Ce challenge de taille m'offre une victoire méritée pour laquelle la récompense sera à la hauteur de mes efforts!

Stupéfaction ! La petite brune qui m'a tamponné tout à l'heure réapparaît et prend place autour de cette fameuse table, rejoignant ses deux amies qui semblent en grande discussion. En la voyant écarquiller les yeux tout en écoutant son amie à droite, déblatérer un discours interminable, je me rappelle soudainement le lieu et l'endroit où j'ai aperçu cette jeune fille.

Ce n'est pas une ancienne ou récente conquête comme je l'ai pensé tout à l'heure, j'ai croisé cette petite brune ce matin même lorsque j'ai manqué de la percuter avec ma moto alors qu'elle traversait la rue.

De mon point de vue, c'est un magnifique coup du sort dont je souhaite bien évidemment tirer partie...

Passion Prohibée ( En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant