Chapitre unique

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Ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de faire. Loin de là même. Mais je n'ai pas vraiment le choix. Cela fait des semaines que je remets ça au lendemain.

Aujourd'hui je déménage. Je quitte cet appartement dans lequel j'ai vécu pendant deux ans. Deux ans de bonheur avec mon amour, Kyungsoo.

Kyungsoo qui m'a quitté il y a trois mois.
Kyungsoo qui m'a abandonné.
Kyungsoo qui m'a laissé sans même me dire au revoir.
Kyungsoo qui est mort.

Et moi, je suis seul. Je me laisse dépérir. Il n'y a rien d'autre à faire de toute manière. Maintenant que Soo est parti, je réalise qu'il est tout mon monde. Je le déteste. Si je ne l'avais pas laissé prendre autant de place dans ma vie, je n'en serais pas là aujourd'hui. Je le hais. Et je l'aime à en crever. Bordel Soo, qu'est-ce que t'as foutu ?

D'un pas las, je traîne mon corps épuisé jusqu'à la penderie de Soo. Enfin, son ancienne penderie. Je m'observe un moment dans le miroir. Mes cheveux décoiffés, mes cernes, mon tee-shirt trop grand pour moi, mon bas de jogging que je passe mes journées à remonter. Depuis que Soo est parti, j'ai du mal à me nourrir, et j'ai donc beaucoup maigri. Ce n'est même pas que je ne veux pas manger, c'est juste que j'oublie. Chaque jour se ressemble. Je passe mes journées à errer dans mon appartement, et à éviter soigneusement les affaires de Soo. Je n'ai plus aucune notion du temps qui passe. Je dors et je mange - lorsque j'y pense - à n'importe quelle heure. Je ne sais même plus quel jour on est. Un soupire traverse mes lèvres alors que je pose ma main sur mon visage. Je ne supporte plus mon reflet. Je suis pitoyable. Et tout ça c'est de ta faute Soo. A cause de toi, je ne suis plus qu'une loque ambulante, un corps sans âme qui traine sa carcasse de pièce en pièce, attendant patiemment que la mort vienne à ma rencontre pour abréger mes souffrances.

Cela fait trois mois que je ne vais plus à la fac. Depuis que t'es parti en fait. Le seul qui me donne la force de ne pas sombrer défénitivement c'est Sehun, mon ami de toujours. C'est à cause de lui que je déménage. J'ai passé une audition pour une école de danse quand tu étais encore là, et j'ai appris récemment que j'avais été accepté. Je ne voulais plus y aller, mais Sehun m'a convaincu. Il m'a dit que ça serait bien de partir, de rencontrer de nouvelles personnes. Je ne suis pas vraiment du même avis. Partir loin de notre cocon, ça signifie tirer un trait définitif sur toi, accepter que tu t'en ailles pour toujours. Partir c'est faire comme tu n'avais jamais été là. Pourtant je sais que d'une certaine façon, tu sauras toujours avec moi. Tu me hantes Kyungsoo. Pourquoi ne peux-tu pas me laisser en paix ?

Je dois être complètement taré. En vérité, je sais très bien que c'est moi qui m'accroche à toi désespéremment.

Avant, je disais que la danse c'était toute ma vie, mais en vérité si tu n'es pas là, je ne peux pas danser. Je n'arrive plus à exprimer la moindre émotion. Je t'aime Soo. Je te déteste. Pourquoi suis-je si dépendant ?

J'ouvre la porte de la penderie avec le peu de force qu'il me reste. Le regard vide, j'observe un moment tes vêtements. Je me souviens de toi les portant. Je te vois marchant dans l'appartement, et m'enlaçant la taille avec tes bras fins. Après de longues minutes, je touche tes vêtements que tu ne porteras plus. Ils sentent encore ton odeur. Je ressens ta châleur. Je me rappelle de tout Soo. Autrefois, notre quotidien me semblait banal, mais à présent, je comprends combien il était précieux. Chaque moment paraissait se répéter. Notre doux baiser matinal, nos mains entrelaçées, nous traçant notre chemin sur la chaussée jusqu'à notre fac. C'était tous les jours la même chose. Et pourtant, à cet instant, chaque minute, chaque seconde passée à tes côtés Soo me semble si unique.

Je nous revois, toi me disant que tu étais prêt à fonder une famille, moi te répétant que nous avions tout le temps. Tu étais si pressé Soo. Pressé de finir la fac, pressé d'acheter une maison, pressé de travailler pour nourrir notre famille, pressé de vivre. Moi, j'ai toujours vécu au jour le jour. Chaque journée passée à tes côtés était belle, et je n'en demandais pas plus..... Si j'avais su, j'aurais été plus exigeant. Si j'avais su, je t'aurais écouté Soo.

Journal intimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant