I. « /\_/\_/\_____. »

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L'aurore était le moment préféré du blondinet. Sa silhouette, plus grande que musclée, se dessinait négligemment sous le brouillard de ce mois de décembre. Le casque sur les oreilles, un vieux morceau de rock qui faisait vibrer ses tympans et un sourire qui tentait se s'extirper du dessin de ses lèvres, Newton, car c'est ainsi qu'il se nommait, avançait d'un pas calme.
Le bus était ce qui le contraignait à marcher dans ce froid sauvage, devant l'un des spectacles les plus beaux qu'offrait Dame Nature. Pourtant, il ne s'était pas arrêté pour le contemplait. Il marchait tête baissée comme toujours.
Aucune autre présence humaine n'était perceptible et c'était pour cela que Newton aimait cela. Être seul, littéralement, avoir la possibilité de mimer les paroles de la chanson qu'il écoutait et laisser son esprit divaguait dans un monde totalement irréel qu'il affectionnait tant cependant.
Il vint s'asseoir sur le banc en métal froid. Il était fatigué, courbaturé et sa lèvre inférieure meurtrie semblait le faire d'autant plus souffrir par le froid et se tordant difficilement,  elle trahissait une douleur vive.
À l'arrivée de la carlingue autrefois jaune, le jeune garçon fut contraint de se lever. Cet instant qu'il appréciait tant venait de prendre fin. Malgré la voix criarde d'un chanteur oublié, les voix ,qui s'entremêlaient, parvenaient à s'infiltrer dans les oreilles de Newton. Il s'assit devant, seul. Cette place était toujours inoccupée et c'était pour cela que le jeune garçon l'appréciait.
Cependant aujourd'hui le bus était plein et les voyageurs suivants furent contraints de s'asseoir non loin Newton pour ne pas rester debout. Certains préférèrent cette option tandis que d'autres se risquèrent à s'asseoir sur les genoux de leurs amis.
Enfin un autre adolescent s'assit à côté du blondinet encore seul. Pour le blond, cet acte était d'une nouveauté non négligeable mais pour l'autre garçon, il semblait être d'une banalité affligeante.
Ce dernier était brun, avec quelques reflets si on y prêtait une attention assidue. Il avait un regard ambré mis en valeur par un nez légèrement retroussé. Quelques grains de beauté parsemés le faciès doux de ce garçon et un sourire, qui semblait ineffaçable, venait illuminer ce visage, qui sans, aurait été d'une effroyable banalité, comme celui de Newton.

« Je te plais? » demanda soudain l'individu.

Sa voix était légèrement roque, peut être durcit par le froid et le souffle haletant d'une personne en retard.
Celui à qui était adressé cette pique, se crispa subitement. Comme si ces trois mots lui avait glacé le sang plus que le vent sibérien. Il glissa son casque sur l'arrière de sa nuque, et tête baissée, le regard cherchant désespérément à fuir, il répondit le plus fort qu'il le put.
Sa voix était presque inaudible.

« T'es juste le treizième individu à monter dans ce bus depuis qu'il est plein, et le premier à s'asseoir à côté de moi Thomas. »

Il aurait voulu monter au maximum le son de sa voix. Il n'était pas un timide maladif, dépressif qui ne souhaite que mourir mais qui n'a pas le cran pour donner rendez-vous à la faucheuse. Il n'avait pas parler depuis la vieille et sa voix était nouée de son absence d'exercice. Elle reprit quelque peu sa force à la fin de la phrase.
Son interlocuteur parut surprit. Non pas du détachement présent dans ces dires mais du fait que ce garçon le connaisse alors que lui pensait que le blondinet était nouveau ici.

« Attends t'es pas nouveau ? » s'empressa-t-il de demander à cet inconnu.

« Non. »

C'était une réponse brève, dénouée de toute envie de continuer cette discussion. Ce n'était pas la première fois qu'on lui faisait cette remarque, jamais elle ne l'avait blessée, et cette fois-ci n'échappa pas à la règle.
Il était tout de même ce que nous pouvons appeler "être sur le cul", parce que tout d'abord il était dans la classe de ce garçon et surtout, une chose qui aurait dû faire que cette question soit pas posée, c'est qu'ils allaient travailler ensemble pour un projet important pour la suite de leurs études respectives.

Chambre 212 bis. [Newtmas]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant