Chapitre 2 : Comme deux gouttes d'eau

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  Les pointes de mes pieds cessèrent de tapoter sur le sol et je sortis de ma poche mon cellulaire que je triturai activement, tantôt l'allumant pour relire une énième fois le dernier message que j'avais reçu du batteur, tantôt pour l'éteindre et jouer avec, le passant de main en main. Ça faisait vingt-minutes que j'attendais sa venue en espérant vainement qu'il arrive dans la minute qui suive, mais c'était rêver de trop. C'était s'imaginer un fantastique cadeau que je ne recevrais jamais : de la ponctualité de la part du brun. Heureusement, une nature magnifique m'entourait. Je voyais des arbres, des fleurs, des plantes pigmentées de toutes les couleurs possibles et imaginables et par chance, j'étais la seule dans l'allée du parc si je mettais de côté un petit groupe d'enfants au loin, surveillé par leur père, qui jouait à chat. Ce fut une main sur mon épaule qui me raviva et m'empêcha de me perdre une fois de plus dans le paysage que je décrivais. Je souris à Ashton par pure politesse quand il s'assit sur le même banc que moi et qu'il retira sa main de mon épaule pour la poser sur son genou gauche. Un blanc s'installa, comme je l'avais pensé, un silence énorme et pesant qui pressa mon cœur en menaçant de le détruire. Je n'étais pas habituée à tant de froideur de sa part, car il fut un temps où nous étions tels les deux doigts de la main. Des inséparables, mais je m'étais trompée à son sujet. Je me mis à ignorer son regard qui avait vogué jusqu'à moi mais c'était impossible de rester muette plus longtemps. Je soupirai un bon coup et rangeai mon téléphone pour me concentrer sur lui.


— Pourquoi m'as-tu donné rendez-vous ici Irwin ?— Tu sais très bien pourquoi.


Je me retins de souffler une seconde fois d'agacement et lui lançai un regard menaçant, il n'avait pas intérêt à jouer l'idiot avec moi, surtout aujourd'hui.


— Je veux une vraie réponse.— Tu sais très bien pourquoi. répondit-il avec un sourire moqueur


Un effort... il fallait que je fasse un effort pour me montrer moins agressive que précédemment. Je n'arrêtais pas de porter la main sur lui ou de le provoquer, d'entrer dans son jeu débile du chat et de la souris, un jeu plus réel que des gamins qui se pourchassaient dans un parc.


— Aujourd'hui, ça fait deux ans qu'elle est partie... tu crois que c'est réconfortant pour moi que d'en parler avec toi, ici ? Ce jour précis, dans ce lieu précis, sur ce banc précis ? Tu cherches à me torturer ? Si c'est le cas, crache le morceau tout de suite ! Je l'ai deviné de toute manière !m'emportais-je en gardant un peu de retenue.


Je croisai mes bras sous ma poitrine et ma mâchoire se crispa en signe d'énervement. C'était une manie chez-moi qui me trahissait plus souvent que je ne le pensais. J'attendais une réponse de sa part qui me donnerait une raison de le châtrer pour de bon.


— Justement, si je t'ai donné rendez-vous ici, c'est pour qu'on reparte à zéro et qu'on parle de ta sœur comme des amis, pour ne pas l'oublier. Elle me l'avait demandé, qu'on n'oublie pas son nom. En te regardant j'ai l'impression que tu as tout oublié d'elle, Avery.— Kirsten... je me souviens au moins de son prénom. Un prénom qui n'avait pas figuré sur la lettre. Un simple « Mademoiselle K. Ellis » aurait largement suffis.


Je m'en voulais, j'avais tant de choses à me reprocher... mais hors de question que de donner l'opportunité à ce pauvre abruti de m'abaisser. Je l'entendis se racler doucement la gorge. Décidemment, s'en était de trop. Je n'aurais jamais dû venir ici pour avoir cette conversation.

Behind The Scene (Ash Romance)Where stories live. Discover now