Chapitre 2

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Brusquement,

j'ouvris les yeux, laissant entendre ma respiration saccadée et mon cœur affolé. Encore ce stupide rêve, pensais-je en soulevant la couette. Chaque soir, avant de fermer les yeux, je redoutais le moment où je reverrai son visage et ses yeux jaunes m'envoyant des éclairs. Frottant les pieds sur le sol, je me dirigeais vers la salle de bain, qui était parfaitement rangée : aucune serviette traînant par terre, pas une goutte d'eau dans le lavabo, ni de buée sur les miroirs.

Mon père est très perfectionniste, ma mère ne l'était pas, c'était presque pour cette raison qu'elle était partie.. sans moi. Lentement, je déboutonnai ma chemise de nuit, la laissant glisser le long de mes jambes, puis entrai dans la baignoire éclatante de blancheur. En plus mon père, Paul, est économe, l'eau ne doit pas dépasser plus de 31°.

Les minutes passèrent et rapidement je sortis du bain tiède, recouvrant mon corps d'une serviette repassée avec grand soin, et je me dirigeai vers ma chambre. Évitant les piles de photos qui jonchaient le sol, j'ouvris la commode face à la fenêtre, sortis quelques vêtements puis enfilai un short en jean et un sweat blanc.

Bizarrement, aujourd'hui, j'étais heureuse de me rendre au lycée. J'avais préparé la veille mes cours, ma tenue de danse, un livre que je lisais pendant mes heures de creux et mon appareil photo enveloppé dans sa sacoche. C'était une habitude. Mais j'avais la sensation qu'aujourd'hui, quelque chose changerait, qu'il y aurait une chose nouvelle. Prenant mon sac sur l'épaule, je sortis direction le bahut. Sur le chemin, il y avait les grandes fleurs que j'avais pris tant de fois en photo. Les champs de blés, aussi, la où Barbara et Diane, mes deux meilleures amies, posaient souvent pour moi. Elles portaient de belles robes colorées avec de petits motifs fleuries.

Quand je vis le soleil se lever près du lac, un sourire se figea sur mes lèvres. Doucement je sortis mon appareil de mon sac puis avançai d'un pas déterminé vers l'étang. Devant moi, les rayons orangés se reflétaient sur l'eau , ceci formait un magnifique mélange de couleurs. Je me plaçais à droite, de façon qu'on puisse voir l'herbe desséchée, ça donnait un certain style à la photo, j'aimais ça. Quand je m'apprêtais à appuyer sur le bouton, un jeune homme passa devant l'objectif, à quelques mètres de moi. Il n'avait sûrement pas remarqué que j'avais un appareil photo en main. Il marchait le dos droit, menton relevé, il avait l'air fier, sûr de lui. C'est alors que je croisai son regard. Ces yeux.. Je n'avais jamais rien vu d'aussi beau; marron avec de petits filaments dorés, la pupille noire comme l'abîme, ressortant avec la pâleur de sa peau parfaite. Je baissais les yeux timidement - même si, il n'avait pas vu que je le transperçais - regardant l'écran de mon engin. Je devais immortaliser ce moment. Avant qu'il puisse quitter mon champ de vision, j'appuyai hâtivement sur l'interrupteur, essayant de dissimuler le bruit du déclencheur. Il prit de suite trois photographies parfaitement cadrées, on pouvait apercevoir le soleil éblouissant, l'herbe desséché par ce dernier, l'étang et l'inconnu au regard pénétrant.




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