XXV - De quoi elle ne t'a pas parlé ?

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« Toi. » je souffle finalement.

Encore une fois, j'ai peur de sa réaction, peur qu'elle le prenne mal. Mais elle ne fait que secouer la tête.

« Grosse erreur. Je suis tout sauf une personne de confiance. » répond-elle.

Je hausse les épaules.

« Je suis prêt à prendre le risque. »

Elle sourit simplement et détourne la tête.
Je pense à une question qu'il m'est déjà arrivé de me poser plusieurs fois, et honnêtement j'aimerais bien en avoir la réponse.

« Bryan, c'est qui exactement pour toi ? » j'interroge.

Je vois tout son corps se tendre. Mais elle ne me répond pas. Elle jette un œil à son téléphone, mais reste comme bloquée devant pendant une bonne minute, les yeux écarquillés.
J'éclate de rire devant sa tête.

« Sérieusement arrête, Ava, tu verrais ta tronche, tu ressembles à un poisson ! » je m'esclaffe.

Mais elle rassemble ses affaires et se lève se dirigeant hors du parc. Surpris, je fais de même et la rattrape en quelques secondes, même si elle marche plutôt vite.

« Hé, détend-toi, je déconnais hein, t'es belle, pas comme un poisson...» je commence, effrayé à l'idée qu'elle l'ait mal pris, mais vu la tête qu'elle me tire, ça n'a pas l'air d'être le cas.

« Thomas, est-ce que t'as vu l'heure qu'il est ? » questionne-t-elle, exaspérée.

Je sors vite fait mon portable pour vérifier l'heure.

« Bah... 14h08...» je constate. « Merde, 14h08 ! »

Voyez-vous, le souci, c'est qu'on reprend un petit peu les cours à 13h45. Alors dans la précipitation, je l'attrape par la main et j'accélère.
En moins de cinq minutes, temps record, on se retrouve à frapper à la porte de notre salle de maths, tout les deux totalement essoufflés.

La prof nous ouvre la porte et nous accueille avec un regard désapprobateur.
« On peut savoir où vous étiez ? » questionne-t-elle de sa voix la plus sévère possible.

Je suis prêt à lui répondre qu'on a pas vu l'heure passer, ce qui n'est même pas un mensonge, mais je suis coupé par Ava.

« Qu'est ce que ça peut bien vous foutre ? » demande-t-elle, beaucoup trop calmement.

La prof se contente de lever les yeux au ciel.

« Lloyd, dehors. » soupire-t-elle.

« Avec plaisir. » répond Ava, avant de libérer sa main de mon emprise et de s'en aller, toujours aussi calme.

« Sangster, dépêchez vous de vous assoir, ou c'est la porte pour vous aussi. » continue la vieille.

J'acquiesce, et vais m'asseoir à ma place, dans le fond dans la salle, juste derrière deux pétasses, des potes à Lucy, ou "la blonde", comme dit Ava.
Et dès que j'arrive derrière elle, le calvaire commence. La prof débute son cours pourri de deux longues heures, et les deux pouffes se mettent à glousser comme les deux pauvres dindes qu'elles sont.
Et malheureusement pour moi, j'entends distinctement tout ce qu'elles disent.

« Non mais t'as vu comment elle s'est fait virer ?
- É-NORME. J'aurais pas aimé.
- Comment il fait pour traîner avec une pute pareille ?
- Je sais pas, il doit avoir pitié d'elle...
- Et comment ils sont arrivés ! Je te le dis, elle faisait pas que parler avec lui...
- Ça m'étonne pas...»

Et pas besoin de s'appeler Newton pour comprendre qu'elles parlent d'Ava et moi. Je serre les poings. J'essaye de me dire que c'est que des connes, quelles valent pas la peine que je m'énerve, mais c'est plus fort que moi, je me sens obligé de donner un coup de pied dans la chaise d'une d'entre elles. Ce qui provoque l'effet escompté : elles se retournent.

ShadowsWhere stories live. Discover now