- Je t'ai déjà dis de ne pas me parler aussi familièrement.

- Tu me tutoies alors, j'ai le droit.

- Hm.


Matt soupira pour la énième fois de la journée puis, il entreprit de défaire les bandages de Mael, pour nettoyer ses plaies.


- J'ai eu six points de sutures cette fois ci et, aux deux poignets en plus. Ça m'en fait un de plus que la dernière fois.

- Mael, ce n'est pas quelque chose dont tu devrais être fier.


Oui vraiment, Matt ne comprenait pas Mael.

Comment pouvait-on être si heureux de se faire du mal ?

Il nettoya doucement les plaies, tapotant à peine les entailles avec la gaze imbibée d'alcool, pour ne pas faire trop mal à Mael.


- Tu peux y aller franchement. La douleur ne me dérange pas.


Matt continua, toujours aussi doucement, ne prêtant pas attention aux paroles de Mael.

Une fois qu'il eut terminé, il banda de nouveau ses poignets et se dirigea vers la porte.

Avant de refermer la porte, il se tourna vers la porte.


- Le repas est à-

- Dix-neuf heures, je n'ai pas oublié.

- A demain.

- Tu ne restes pas ce soir ?

- J'ai travaillé ce matin donc je ne travaille pas ce soir.

- Oh, je vois..


Mael était déçu, Matt le voyait bien mais, il ne pouvait pas se permettre de rester plus longtemps.

Officiellement, il n'avait pas le droit d'accorder plus d'importance à un patient qu'à un autre, même si dans ce cas là, compte tenu de la situation familiale du plus jeune, ça aurait été quelque chose de plutôt bénéfique, pour son rétablissement.


Il retourna au vestiaire des infirmiers et se changea, plus que pressé de quitter les lieux et de rejoindre son lit.

Son travail n'était pas spécialement épuisant, il avait connu pire, mais s'occuper de Mael, lui pompait complètement son énergie.

Non, après réflexion, ce n'était pas s'en occuper qui lui pompait son énergie, c'était s'inquiéter pour lui.

C'était une grosse faute professionnelle, mais il ne pouvait faire autrement.

S'occuper de lui sans vraiment faire attention à lui, était quelque chose qu'il était incapable de faire.

Il ne pouvait pas le traiter avec détachement, non, pas lui, pas lui, une personne quasiment abandonnée.


- Tu n'as qu'à l'adopter si tu t'inquiètes trop pour son avenir. Je suis sûr qu'il serait content.


Voilà ce que lui avait dit Dimitri, lors de la précédente hospitalisation de Mael.

L'adopter ?

Mais il n'avait que vingt-cinq ans, il ne pouvait pas adopter un adolescent de seize ans, c'était complètement malsain.


Il soupira encore, remontant la fermeture éclair de son manteau et enroulant son écharpe autant de son cou.

Etre avec Mael, l'épuisait plus que tout et le faisait devenir une autre personne qu'il n'aimait pas.

Il ne se reconnaissait pas lorsqu'il était en sa présence et il avait peur de cette autre facette de lui.


Il récupéra les clés de sa voiture et ferma son casier, appuya ensuite son front contre le métal froid.


- Il est revenu ?

- Comment tu le sais ?

- Tu soupires toujours beaucoup lorsqu'il est là.

- Vraiment ?

- Oui, vraiment. Combien de temps va-t-il rester ?

- J'en sais rien, mais je pense que cette fois-ci, il n'est pas prêt de sortir.

- Rentre bien, tu as l'air épuisé. Fais attention à ne pas tomber malade.


Matt décolla son front du casier, et salua Yohan d'un signe de tête, avant de sortir des vestiaires.

Yohan était le plus proche de ce qui pouvait s'apparenter à un ami et Matt savait qu'il pouvait compter sur lui en cas de problèmes.

Il s'engouffra rapidement dans sa voiture, allumant de suite le contact pour pouvoir allumer le chauffage.

Il avait besoin de remettre ses idées en place, mais le froid ne l'aidait pas.

Il conduisit rapidement mais prudemment jusqu'à chez lui et se hâta de rejoindre son appartement.

Il avait besoin d'une bonne nuit de sommeil, pelotonné dans sa couverture.

Il n'y avait rien de mieux pour remettre ses idées en place.


Il se déchaussa, se fit rapidement un sandwich avec du jambon et un bout de pain qui trainait et se dirigea vers sa chambre, terminant de manger son en-cas.

Il se déshabilla et se glissa sous sa couverture, puis éteignit de suite la lumière.


Il posa ensuite sa tête sur son oreiller, ne souhaitant qu'une chose.

Qu'il s'endorme rapidement et qu'à son réveil, il s'aperçoive que tout n'était qu'un rêve.

Il voulait revenir en arrière, à l'époque où il ne connaissait pas Mael.

Sa poitrine se serra doucement à cette pensée mais il sentait qu'il en avait besoin.

Il avait besoin que sa vie redevienne banale et routinière.



Borderline [BoyXBoy] ✔Où les histoires vivent. Découvrez maintenant