II. Fête des défaites (Réecrit, à relire !)

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Une belle matinée s'annonçait à vrai dire : un soleil étincelant, des oiseaux avec leur chant harmonieux... Toute la panoplie du matin cliché.  Cependant, lorsque mon téléphone sonne et m'enlève de force à ma tranquillité matinale, je comprends que la suite des événements ne va pas vraiment me plaire. Je connais la raison de cet appel et j'ai une idée assez claire de la personne qui l'a initié, je n'ai donc naturellement aucune envie de décrocher. Assise en tailleur sur mon lit, je laisse la sonnerie résonner. Au bout d'un temps qui m'a semblé interminable, elle s'arrête enfin, pour recommencer quelques secondes plus tard. Je lève les yeux au ciel et tape du poing mon matelas. Elle ne va pas me laisser tranquille, je le sais. Elle va insister jusqu'à ce que je daigne lui répondre.  À ce moment précis, j'ai une furieuse envie de jeter l'appareil par la fenêtre, puis de le récupérer pour le balancer par une autre fenêtre, et pourquoi pas recommencer si je ne suis pas satisfaite. Cela ne serait pas une décision intelligente, cela me ferait perdre du temps et de l'énergie, des ressources bien trop précieuses pour que je les gâche ainsi. Je pourrais aussi éteindre mon téléphone, mais elle serait capable de débarquer chez moi et de m'embarquer de force. Faute d'alternatives, j'attends que la troisième sonnerie retentisse et je finis par décrocher puis avec une voix rauque, je sors un petit :

"- Oui ?

- Elynah réveille-toi !

- Pourquoi si j'étais endormie, devrai-je obéir à une voix dans un téléphone. La décision la plus sage ne serait-elle pas de faire mes propres choix ? Ma conscience me hurle de rester dans ma couette et je pense que je devrais l'écouter donc...

- Tu vas arrêter ton cinéma et obéir à la voix de ta sœur Tallulah. Ta soit-disant sagesse va me pousser au meurtre si tu ne te lèves pas !

- Tout de suite les grands mots. Adieu alors. Dis à mon doudou que c'était le seul amour de ma vie. Aussi enterrez-moi avec des tablettes de chocolat. Surtout ne faites aucun discours pendant l'enterrement, sinon mon fantôme va vous hanter et il y prendra un malin plaisir. 

 - Tu as oublié ce qu'on fête aujourd'hui ? Le fait que tu aies encore attendu le troisième appel et que tu aies assez d'énergie pour faire ta drama queen professionnelle, me laisse penser que non.

- Hum, laisse-moi reprendre mes esprits... Une événement important à fêter ? Serait-ce la grande découverte de ton régime anti-régime ? Ta centième arnaque de petit-ami arnaqueur ? La sortie de ta ligne de cosmétique comme toute bonne célébrité-influenceuse se doit de sortir ? Oh attends, je crois que je sais !

- Fais attention à ce que tu vas sortir Elynah... Puis sérieusement, les cosmétiques dérivés c'est surfait. Je pensais plus à une ligne de vêtements en collaboration avec la marque d'Erikah. Pas des T-shirts imprimés avec un simple mot puis vendus à des prix exorbitants. 

- Meilleure idée, je te l'accorde. Donc je pensais à l'anniversaire du premier rendez-vous de ton chihuahua dans un salon de beauté canin !

- Sérieusement sœurette...? Tu sais très bien que Chilili n'est pas un chihuahua ! Il va sans dire que ce n'est pas le cas. C'est l'anniversaire de Marinah... Je sais que tu t'en souviens et que tu ne lui parles plus, mais ça reste ta sœur. Et quoiqu'il arrive, elle fait et fera toujours partie de la famille aux yeux de maman et aussi à ceux de ses fréquentations voire même du public. Si tu ne viens pas, des rumeurs éclateront et ta tranquillité chérie ne sera plus qu'un lointain souvenir...

- Tallulah... Je suis désolé mais une sœur est possède normalement un cœur, des sentiments et un minimum d'empathie envers ses sœurs. Mais Marinah n'a jamais éprouvé cela envers nous. Elle ne pense qu'à elle, son image, sa fortune... Tout les coups sont permis d'après elle et je crois qu'on l'a toutes subie. La seule chose qui nous est mutuelle est notre haine.   

Prince charmant en voie d'extinctionWhere stories live. Discover now