Effet de Vague

Chapitre 9

Chagall Windows

Chicago, au même moment

Alex

Le dernier message de Matthew me tombe dessus comme une gueule de bois.

[Je viens de prendre connaissance de la vidéo. Désolé, Alex.

Dis-moi ce que je peux faire. C'est sincère.

Profite-en pour être exigeante, ça n'arrive pas tous les jours.]

Tellement peur d'être blessée.

Tellement peur d'être déçue.

Que je refuse d'y croire tandis qu'il me semble entendre mon cœur battre dans ma poitrine. Honnêtement, dans mes rêves les plus fous, j'avais imaginé deux scénarios. Le premier, je n'entendrais plus jamais parlé de lui, ce qui a eu le don de me plonger dans un profond désespoir. Comment pourrais-je vivre sans lui ? Le second, il allait encore se débrouiller pour faire une de ces OPA dont il avait le secret et m'obliger à retravailler pour lui. D'une manière ou d'une autre. La fameuse Déferlante Matt Garrett.

Mais pour quelles raisons aurait-il choisi le second ? Cela relevait du mystère. Ou plutôt de mes élucubrations délirantes de femme amoureuse qui souffrait et ne pouvait renoncer à tout en même temps. J'essayais juste de renoncer par étapes.

Comme je suis trop hébétée pour répondre, un autre arrive dans la foulée :

[ Arrête de flirter avec moi par ton silence.

Ça ne prend pas, bébé.]

Je souris.

Un sourire niais, j'en suis sûre. J'ai dû toucher le fond car je ne peux m'empêcher de me sentir étrangement bien. Soulagée du poids énorme qui a quitté ma poitrine. Délivrée. Légère aussi de retrouver cette pointe de mordant et d'humour si caractéristique chez lui qui dit que rien n'est grave.

Soyons honnête, c'est bien la dernière chose à laquelle je m'attendais. Pourtant, quelque chose au fond de moi, aurait dû me prévenir qu'il n'était pas capable de faire une chose pareille, ni même qu'il en avait eu envie. Trop basse et bien trop misérable pour lui appartenir.

Matt Garrett est un guerrier. Noble, loyal et brave.

Un chevalier du champ de bataille.

Un redoutable capitaine d'industrie.

Pour beaucoup, Matt Garrett est un être impitoyable, froid et autoritaire. Il peut être dur bien sûr mais rien n'est vilain chez lui. Comme cette voix sensuellement autoritaire qu'il avait employée pour me séduire dans ces toilettes de notre bar préféré dès le premier jour, jusqu'à m'en retourner les orteils dans mes mocassins. Ses ordres étaient plus doux que du miel.

Je crois l'entendre.

Je crois encore le sentir.

Quand il m'embrassait, quand il s'enfonçait en moi, je me sentais à ma place, alors que je ne l'avais jamais été. Désirée, alors que je ne l'avais pas été par mes parents. Comme à chaque fois que je pense à lui, mon cœur gonfle d'un sentiment non identifié très perturbant. Ce n'est pas seulement de l'amour, du désir, de l'admiration, ni même de la reconnaissance. Non, c'est plus complexe que ça. Plus fort. Bien plus.