Chapitre 3

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Chapitre 3

Le lendemain, ce fut mon réveil qui m'extirpa de mon sommeil. Cette sonnerie si agaçante vint brutaliser mes pauvres oreilles qui n'avaient rien demander. Je mis plusieurs secondes avant de réagir et éteindre cet appareil électronique. Je me levai, traînai des pieds jusqu'au couloir puis descendis les escaliers afin de rejoindre mon père qui devait déjà déjeuner. Nous séjournions dans un appartement de Paris, loué à la semaine. C'était assez cher, mais mon père me disait sans cesses que mon bonheur n'avait pas de prix, auquel que je répondais par un « ce n'est pas cet appartement qui me rend plus heureux ». A chaque fois, il soupirait comme pour repousser mes paroles qui lui importaient peu.


Arrivé dans la cuisine, j'aperçus mon père en train de faire le café. J'avais beau lui répéter que je ne buvais pas de café, il m'en faisant un chaque matin et c'était toujours lui qui venait à boire les deux tasses. Cette fois-ci, je n'eus même pas le peine de lui dire que je ne buvais pas ce liquide à l'odeur que j'adorais, qu'il le fit à ma place :

« Ah oui c'est vrai, tu ne bois pas de café. »


Après ses mots, il prit ma tasse pour boire quelques gorgées dedans. Je souris et me allai me préparer un chocolat, tel un enfant. A vrai dire, je n'avais pas tant grandis que ça dans ma tête. Pour moi, j'avais encore et toujours 18 ans, et je sortais juste du lycée. Or, j'avais l'âge de trouver un travail. Mais pour cela, il fallait avoir fait les études que je n'avais toujours pas faites. C'était décourageant.


« Papa, comment on va s'organiser pour mes études ?


- Je ne sais pas, on verra. Mais il faut que t'aille dans une université par très loin de la maison, d'accord ? Je veux au moins te voir les week-ends.


- Oui, ne t'inquiète pas, ris-je. »

Je ne comptais pas du tout migrer à l'autre côté de la France pour mes études. D'ailleurs, j'avais eu le temps de penser à mes études durant mes quelques années d'isolement avec le reste du monde. J'avais imaginé tous les métiers possibles et inimaginables, et j'en avais conclu que j'allais être professeur. Ce n'était pas étonnant, vu que j'adorais les cours. C'était un métier très demandé, puisqu'il y avait de moins en moins de personnes qui voulaient ce métier. C'était une belle occasion de retrouver une vie « normale » et paisible.


 


Après m'être habillé et avoir enfilé mes chaussures, j'avertis mon père que j'allais me promener dans la très grande ville qu'était Paris. Il accepta sans poser de questions et me laissa sortir.

Arrivé au bas du bâtiment, je vis le rue qui, à mon plus grand étonnement, était désert. Il devait certainement y avoir un évènement spécial loin de là pour monopoliser la présence de tout le monde. Je marchai le long d'une longue rue aux dalles rouges composant les trottoirs puis arrivai à une sorte de parc, rempli d'arbres de toutes sortes, généralement alignés, sauf pour certains. Je pris mon téléphone portable et envoyai un message à Tom. Nous avions discuté toute la soirée, j'étais très content de reprendre contact avec lui.


Je m'assis sur un banc, ayant marre de marcher, puis regardai autour de moi : quelques familles qui marchaient entre les arbres et des couples qui se tenaient la main, amoureux, étaient présents. Alors que je me pensais seul, j'entendis un « Bonjour » très timide derrière moi. Je tournai la tête et aperçus cette fameuse fille que j'avais croisé au musée du Louvre. Quel hasard !


« Bonjour, répondis-je en souriant.

- Que faites-vous seul ici ? me demanda-t-elle.

- A vrai dire... Je ne le sais pas moi-même, j'essaie de me vider l'esprit.

- Des problèmes ? Oh.. excusez-moi, je suis trop indiscrète, se rattrapa-t-elle.


- Non non, aucun. »


Je lui proposai de s'asseoir à mes côtés, ce qu'elle accepta de vive voix. Je crus même entendre une once de contentement dans sa voix. Elle replaça une de ses mèches blondes derrière son oreille avant de me regarder de ses yeux noisettes.


« Et vous, vous ne m'avez pas dit la raison de votre présence ici ? mis-je fin au blanc.

- Je m'ennuyais, j'avais besoin de bouger, commença-t-elle. Je n'aime pas rester seule chez moi, avec mon chat qui commence à se faire vieux. »


Elle lâcha un petit rire qui me fit fondre le cœur. Cette fille était terriblement attachante.


« Un chat ? Comment s'appelle-t-il ?

- Roméo. Je sais, ça fait penser à Roméo et Juliette. Vous devez penser que je suis une fille frustrée par l'amour, non ?


- Pas du tout ! ris-je. Je trouve ça mignon.


- Tant mieux alors. »


Nous nous sourîmes avant d'être interrompus par la sonnerie de mon téléphone portable : c'était Tom.


« Roh... c'est un ami.

- Répondez, de toute façon je dois y aller, répondit-elle en se levant du banc.

- Attendez, je peux au moins connaître votre nom ! »

J'eus peur à cet instant de me recevoir un vent phénoménal, de plus que la sonnerie de mon téléphone portable me stressait. Mais à mon plus grand étonnement, elle me répondit :


« Lia, mon prénom est Lia. »

Elle se retourna afin de partir aussi vite qu'elle était apparue, me laissant seul, le téléphone à la main. D'ailleurs, le sentant dans ma main vibrer, je m'empressai de répondre à l'appel de Tom qui devait se demander ce que j'étais en train de faire.


« Allô ? fis-je.

- Hey, c'est Tom !

- Merci... je le savais, ton nom apparait sur mon écran, souris-je.

- Hé, ho ! Tu ne commences pas à me taquiner, rit-il. Tu as mis du temps à me répondre, qu'est-ce que tu faisais ?

- Je me promène dans Paris... répondis-je.

- C'est sûr que ça prend un temps fou de sortir son téléphone de sa poche et décrocher... plaisanta-t-il. »


Je ris tout en commençant à marcher le long d'un chemin de terre, légèrement humide.


« Sinon, pourquoi tu m'appelles ?

- Je voulais te demander si ça t'intéressait de venir à la maison quelques temps, histoire qu'on se retrouve et qu'on se raconte tout ce qu'on a à se raconter.

- Ouai ! Ce serait super ! Ce serait pour quand ?

- Bah.. dès que tu peux, répondit-il, enjoué.


- En revenant de Paris alors. Dis-moi, tu habites toujours à la même maison qu'avant ?

- Tu plaisantes ? explosa-t-il de rire à l'autre bout du fil. Je tiens à t'annoncer que je ne vis plus chez ma mère, les temps ont changé.

- Ah oui.. c'est vrai... J'avais oublié. »

Nous continuâmes de parler plusieurs dizaines de minutes durant lesquelles nous nous racontâmes quelques histoires sur nos vies. Les vingt minutes de visites par mois n'avaient pas suffit à Tom pour me raconter sa vie, ses histoires d'amour et tout ce qui s'en suivait.


 


 


 


 




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⏰ Dernière mise à jour : Nov 14, 2015 ⏰

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Sath [tome 2, suite de "Emprisonné par l'amour"]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant