Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]

Chapitre 5: Prélude

Je ne supportais pas que l'on me donne des ordres et encore moins de me sentir pieds et mains liés, mais désireuse de m'éviter un futur sermon finis par m'accomplir.

C'est nerveusement que je pris place devant l'instrument et acceptai d'en jouer quelques notes sans avoir réellement le loisir d'y réfléchir. Si extérieurement je paraissais détachée, intérieurement il n'en était rien. J'étais dans un inexplicable état de transe, accaparée par un règlement de comptes qui ne connaissait plus de limites avec de vieux démons, affaiblie par tous les souvenirs qui dans un fouillis indescriptible refaisaient surface.

Finalement, des raclements de gorge répétés me rappelèrent à l'ordre et, me sentant partir laissais mes doigts me guider. S'ils étaient au départ incertains et exécutaient des mouvements lents, ils retrouvèrent néanmoins avec une facilité déconcertante leurs marques et entamèrent un morceau que j'identifiais bien trop vite. La Lettre à Elise, de Bethoven.

Dès lors, mon corps ne m'obéissait plus - mes mains ne m'appartenaient plus. Je ne voulais pas jouer. Je ne pouvais pas. Je n'étais pas encore prête à franchir le pas. Mon esprit, lui, jouait doucement cette douce mélodie qui me faisait tant tressaillir, comme s'il n'avait attendu que ce moment . J'avais joué de mémoire, comme si ce morceau, je l'avais joué encore la veille.

Déconcertée, j'avais juste su murmurer " Maman, pourquoi ? " avant de me laisser emporter.

"- Happy Birthday to you Charly ! Happy Birthday to you Charly ! ....

Je souriais, j'avais hâte d'ouvrir mes cadeaux. Quand j'avais fouillé auparavant dans le placard où ma mère cachait ses cadeaux, j'avais découvert qu'elle m'avait achetée un nouveau piano électrique avec de nouvelles partitions. J'avais hâte de l'essayer et d'apprendre les morceaux avec ma mère. Jouer du piano m'offrait des moments privilégiés avec ma mère qui m'y initiait. Elle m'avait transmit sa passion et je croyais bien ne pas être trop mauvaise ! Je soufflai donc mes sept bougies avec entrain.

Ma mère me caressa tendrement les cheveux avant de me tendre mes paquets. Je lui collai une bise sonore sur la joue et en fis de même avec mon père. Puis, avec ma précipitation habituelle, je déchirai comme je le pouvais le papier cadeau. Je poussai un petit cri de joie quand j'aperçus le piano et simulai un mouvement de surprise. Mes parents m'aidèrent à installer le piano et je me donnai à cœur joie de jouer sur mon nouveau petit piano flambant neuf.

" La musique se joue en famille ! " répétait souvent ma mère. J'étais de son avis. Seul, la musique perdait quelque peu son charme.

Le piano était ma grande passion depuis mes cinq ans. Ma mère disait que j'avais un don. Je voulais lui plaire et qu'elle soit fière de moi. Alors je cherchais toujours à m'améliorer au piano afin d'épater et de satisfaire ma mère. Quand je ne parvenais pas à jouer correctement un morceau, je me mettais dans une colère noire. Je ne supportais pas les échecs. Je ne voulais pas me considérer comme un échec. Mon père, quant à lui ne jouait d'aucun instrument. Je me demandais s'il lui arrivait de le regretter lorsque ma mère et moi passions de longues heures face au piano. Aujourd'hui, j'avais décidé de composer un petit morceau à mes parents, plus particulièrement pour ma mère qui affectionnait tant la musique. Je voulais voir la satisfaction dans son regard et un sourire tendre se dessiner sur ses lèvres.

N'ayant malheureusement pas d'idées, je renonçais et lui avais joué à la place, un nouveau morceau que j'avais appris toute seule: La lettre à Élise, une composition en la mineure de Beethoven.

La veille, j'avais eu pas mal de difficulté à déchiffrer la partition du Beau Danube Bleu et en avais tant irritée que je m'étais résolue à l'étonner plus encore.