Chapitre 5: Prélude

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Je me précipitai au dehors de ma chambre et me dirigeai d'un pas décidé vers son bureau.

" Si seulement il pouvait comprendre cela ... Envisager un refus " pensai-je, redoutant une mauvaise réaction de sa part.

Lorsque je le retrouvai devant son ordinateur, je maronnai d'une voix à peine audible :

- Andrew ... Le piano, c'est impossible.

Face à son air dubitatif, je sentis le rouge me monter aux joues et lui exposai prudemment ma situation.

Hélas, comme je l'avais craint, je me trouvai en face d'un Andrew récalcitrant.

La seule phrase que je pus ainsi tirer de lui fus " Je suis déçu que tu ne partages pas mon opinion. " qui me fis trembler de frustration.

Incapable de trouver les mots pour lui exposer mon désarroi, je demeurai silencieuse.

Il prit malheureusement ce silence pour un assentiment et, assuré du succès de son cadeau m'adressa un sourire qui se voulait sans aucun doute bienveillant.

- Andrew, je suis très touchée par ton cadeau. Mais ... C'est trop pour moi. Je n'ai pas besoin d'un tel cadeau pour réaliser la chance de vous avoir à mes côtés. Vous me gâtez suffisamment et ...

Me coupant dans mon élan et croyant me rasséréner mon oncle trancha qu'il n'avait pas à se justifier d'un tel cadeau, que mon bonheur faisait le sien, que c'était le plus important.

Je m'étais sentie prise au piège, face à cette décision qu'il avait visiblement prise sans me consulter et je m'étais maudis de ne pas savoir lui exposer clairement ce qui était.


Et soudainement empressé, Andrew me poussa à l'accompagner dès maintenant dans la boutique pianistique. Je ne pus que m'exécuter en traînant les pieds.

***

Nous arrivâmes au bout de dix minutes à peine et quelques nanosecondes plus tard, mon tuteur avait trouvé une place sur le parking, atteint la boutique, présenté la paperasse nécessaire au conseiller et rejoint la salle d'exposition.

J'avais jusque là masqué comme je le pouvais mon anxiété et fait profil bas. Cependant, lorsque j'atteins ladite salle où se trouvaient exposés une vingtaine de pianos de toute splendeur je me montrai incapable de soutenir le regard de mon oncle réjouit.

Il y avait de cela un an, j'aurais adoré me diriger vers ces pianos, m'extasier face à leur accordage impeccable, leur sonorité remarquable, la magnificence chaque modèle, cela ne faisant aucun doute ; seulement la donne avait bel et bien changée, et à présent, je ne pouvais plus.

Un blocage singulier faisait que le piano était pour moi synonyme de souffrance. Il était hors de question que j'y retouche. Il ne semblait m'avoir apporté que du malheur, durant tout ce temps.

Il ne faisait pas de doute que je reportais sur lui toute ma frustration des années passées, ma douleur dans le seul but de m'éviter une confrontation supplémentaire.

Le vendeur me désigna pendant ce temps, tout au fond de la salle, un magnifique piano à queue ébène signé Pleyel et manifestement pressé d'en finir me proposa de juger du modèle par moi-même - ce que je refusai catégoriquement.

A grand renfort de coups de coudes et de regards noirs, - le tout réalisé dans la plus grande subtilité -mon oncle me suggéra de faire un effort. Mais comme je refusais de nouveau de m'exécuter, il perdit expressément patience et renouvela sa demande d'une voix qui n'autorisait aucun refus de ma part.

Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]Where stories live. Discover now