Chapitre 5

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~LUCAS~

Je reste planté là, au milieu de ce hall, tandis que l'avertissement de Clémentine ne cesse de résonner dans ma tête : « Celle-là, tu ne l'auras pas. »

Après quelques secondes de réflexion, durant lesquelles je regagne ma place, je décide qu'ilest préférable que je m'éloigne d'Agathe, du moins pour le reste du module. Je rassemble mes affaires et rejoins un groupe d'étudiants assis un peu plus haut sur la gauche. Je viens à peine de m'installer lorsqu'elle entre à nouveau dans l'amphi. Tandis qu'Agathe s'avance vers la grande allée, ma respiration s'interrompt.

Ce matin, en me rendant à ce foutu module, je n'avais pas imaginé un seul instant la voir ici. Pris de court, lorsque Clémentine l'avait pratiquement obligée à s'asseoir sur le siège devant moi, je n'avais pas eu le temps de l'admirer. Mais de ma nouvelle place, je peux enfin jouir de ce magnifique spectacle.

Alors qu'elle remonte l’allée centrale d'une démarche peu assurée, ces longues boucles brunes, qui lui tombent sur ses épaules, se balancent au rythme de ses pas. Elle est vêtue d’unechemise blanche qui dépasse légèrement de sa veste en jean et met sa poitrine en valeur, mais elleporte surtout un putain de legging noir parfaitement ajusté. Son élégance et son allure élancée viennent parfaire ce magnifique tableau et je me surprends à esquisser un large sourire de satisfaction. Au moment où je me dis que mes yeux ne peuvent rêver mieux, elle pivote afin de s'engager dans la minuscule rangée pour regagner sa place. Mon regard suit instinctivement la courbe de ses fesses, je succombe.

Quand je recouvre mes esprits, je me sens étrangement mal, le corps de cette fille m'attire tant que je ne me suis même pas préoccupé de sa réaction face à mon siège désert, ce que je guettais pourtant. Mes vieux démons semblent vouloir refaire surface.

Durant tout le reste du module, auquel je ne regrette finalement pas d'assister, je ne peux m'empêcher de la regarder.Non, de l'épier serait plus juste. Lorsque débute le travail de groupe, je suis si obnubilé par la charmante Agathe, qu'il m'est impossible de faire semblant de prendre part aux discussions des étudiants avec lesquels je devrais pourtant échanger. Cette UE est l'une des plus importantes que je me dois de rattraper, si je veux valider mon année bêtement gâchée par de mauvaises fréquentations.
L'enjeu est important, néanmoins ma raison est vite balayée par cette pointe d'énervement qui me gagne. Mon poing se serre en voyant la jeune femme rire aux éclats sous l'amusement de ce type trop bien sapé et qui commence à lui effleurer la main. Je sens soudain qu'elle m'échappe alors même qu'elle ne m'a jamais appartenu. Il faut absolument que je lui parle, seul à seul. Clémentine est sympa mais qu'est-ce qu'elle peut être casse-pieds parfois. En plus, elle ne la lâche pas d'une semelle ce qui n'arrange pas mes affaires et je me méfie de ce qu'elle pourrait bien raconter à mon sujet. Nos premiers échanges ne se sont pas toujours déroulés de manière civilisée.

Immédiatement, j'envoie un texto à Max, lui intimant l'ordre de distraire Clémentine pendant que je parlerai à Agathe. Après tout, il me doit bien ça. J'aurais dû me douter qu'après l'avoir appelé hier soir, pour lui raconter le désastre que je venais de vivre dans la laverie, il irait tout balancer à sa copine.

Jusqu'à la fin du cours, je me livre à une bataille intérieure entre ma raison, qui me pousse à ne plus approcher cette fille, et l'indéniable passion qui me submerge en sa présence.

À la sortie, comme convenu, Maxime retient Clémentine. Malheureusement pour moi, un peu plus loin, Agathe est déjà occupée à discuter avec un autre gars. Bordel, qu'est-ce qu'ils ont à tous lui tourner autour ! Je m'approche d'un pas rapide et, en apercevant le logo en bas de l'invitation que le type lui tend, je m'empresse de la lui arracher des mains.

— Dégage, lui lancé-je d'un ton peu amical.

Surpris, le gars obéit et part distribuer ses invitations un peu plus loin dans le hall. Au même moment, de sa petite main parfaite, Agathe retient la mienne.Elle m'arrache le papier des mains et commence à le lire. Le symbole en forme de scorpion au bas de la page, semble l'intriguer. Je tente alors de récupérer ce fichu tract, mais l’étudiante est plus rapide que moi. Me surprenant encore une fois, elle le compresse dans sa main avant de le fourrer dans son décolleté.

Sans vraiment me contrôler, je m'approche d'elle avec lenteur tandis qu’Agathe recule au même rythme, jusqu'à se retrouver dos au mur. Si près d'elle, je remarque qu'à mon plus grand bonheur, elle n'est pas maquillée et qu'ainsi sa peau semble si douce, si parfaiteque l’envie de l'embrasser fougueusement me submerge. Tandis que mes yeux se dirigent vers sa bouche, les images de son rire et de ce mec lui effleurant la main viennent me hanter. Je veux que ce soit à mes mots qu’elle rigole,  que ce soit mes doigts qui se promènent sur sa peau.

Alors que l'ancien Lucassemble remporter la bataille, à l'instant où mes yeux croisent les siens, je me surprends à repousser ses cheveux du bout de mes doigts, les glissant derrière son épaule droite, d'une tendresse qu’il m’est rare de donner. Puis, mes lèvres s’avancent dangereusement de son visage et déposent un chaste baiser sur la joue.

— Non mais tu fais quoi là ! hurle-t-elle en me repoussant violemment. Va te faire soigner ! poursuit Agathe en me bousculantde plus belle, tentant de s'enfuir.

Je l'attrape par le poignet, elle se retourne et durant le cours instant où je croise son regard plein de fureur, elle me gifle. Interdit, je lâche prise et la laisse partir.

La Violette (Fr.) - Sous contrat d'édition.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant