Chapitre 1

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Comme chaque soir, je suis la dernière à partir. Je jette un dernier regard d'excuse au gardien et je quitte ce lieu que je chéris tant ces derniers temps. Cette immense bibliothèque est le seul endroit où je me sens réellement à mon aise. Le silence qui y règne, est mon havre de paix. Personne pour me juger, seulement moi et mes personnages de roman.

Une fois à l'extérieur, la magie des lieux disparaît et la réalité refait brutalement surface. Le froid glacial de l'hiver vient s'abattre sur mes joues et je ne peux réprimer un frisson des plus désagréables s'insinuer sous ma peau. La neige a envahi tous les trottoirs de la ville, et je regrette amèrement de ne pas être rentrée auparavant me changer.

Mes talons hors de prix ne vont certainement pas apprécier l'humidité de ce manteau blanc. Alors, j'essaye de marcher tant bien que mal dans celle-ci, ne prêtant pas attention aux regards réprobateurs des passants. A vrai dire, je me fous royalement de ce qu'ils peuvent bien penser.

Il me reste encore quelques mètres avant d'atteindre le palier de mon immeuble et mes pieds sont littéralement devenus bleus. J'ai d'ailleurs à peine franchi le seuil de la porte, que je déchausse ces talons qui me font souffrir le martyre. Le portier affiche un sourire moqueur et je ne perds pas une seconde pour lui faire rabaisser son mauvais rictus.

- Enlevez immédiatement ce sourire débile de votre visage, si vous ne voulez pas pointer au chomage d'ici demain.

Un éclair de colère passe dans ses yeux, mais il se reprend rapidement sachant pertinemment que j'en suis tout à fait capable.

- Excusez-moi mademoiselle Evans. Cela ne se reproduira plus.

Je le regarde d'un air suffisant et monte à mes appartements sans plus m'attarder sur cet idiot.

Comme à chaque fois que je pénètre à l'intérieur de celui-ci, une boule se forme automatiquement dans mon estomac. La sensation de ne pas être à ma place dans ce lieu si vaste et si froid. Pourtant, c'est moi qui l'ai choisi et c'est moi qui ai voulu créer cette ambiance stérile dépourvu de toute intimité. Aucune photo ou objet personnel ne trônent sur les différents meubles noirs laqués que je possède.

Mes gestes se répètent comme des automatismes que je me suis crée. Je jette tout d'abord mes clés sur le buffet de l'entrée, j'ôte mon manteau et je file ensuite sous la douche. Je ne reste que le temps nécessaire sous celle-ci, ne voulant pas perdre de mon précieux temps. Une fois vêtue d'une tenue plus décontractée, je me dirige vers mon bureau. Où, comme d'habitude, malgré une journée bien chargée, une tonne de boulot m'attend. Je pourrais me décharger d'un peu plus de taches, mais ma devise préférée reste que l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Je passe ainsi plusieurs heures à boucler une pile sans fin de dossiers, et pars ensuite enfin me coucher.

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Il est 6H du matin quand mon réveil se met à sonner. Il ne me faut pas plus d'une seconde pour me lever et enfiler ma tenue de sport. Depuis mon arrivée à New-York, il y a de cela huit ans, j'ai pris pour habitude de partir courir tous les matins. Désormais, si je ne pars pas faire un footing, vous pouvez être sûr que je serais encore plus désagréable que je ne le suis déjà naturellement. Après cela, je rentre boire mon café, ainsi qu'un smoothie multi fruit qui je l'espère me permettra de tenir le plus longtemps possible dans la journée. Je prends ensuite une douche rapide et file dans mon immense dressing afin d'enfiler un de mes nombreux tailleurs haute couture. Je relève mes cheveux blond en un parfait chignon et me maquille légèrement. L'élégance, je dois l'avouer, est primordial dans le milieu où je travaille, alors je ne dois rien laisser au hasard. Me voilà donc fin prête à affronter une journée de plus, dans ma petite vie des plus misérables.

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